ANAÏS DUBUET: DE LA MÉTHODE SANS DISCOURS
Construire un site Internet, concevoir un clip, créer des avatars, travailler sur des dessins fixes ou animés… Anaïs est un véritable couteau suisse de l’image, avec les qualités desdits couteaux: précision et multiservices. Si multiples qu’elle a également été script sur plusieurs tournages et se prépare à être accessoiriste sur un prochain court-métrage, éclectisme qu’elle résume en une phrase: “Tout m’intéresse!”
AVOIR UN OEIL SUR TOUT
Après un DUT “Services et Réseaux de Communication” qui l’a formée aux métiers du multimédia, et une licence audiovisuelle où elle a appris à maîtriser image, son et montage, Anaïs a peaufiné ses compétences en graphisme et illustration.
La rencontre à Bordeaux avec l’association “Douze films” pour laquelle elle dessine des vignettes sur les différents métiers du spectacle lui en donne l’occasion.
“Le travail de script m’a attirée car il demande précision et minutie, et un souci du détail qui est ma marque de fabrique quand je dessine. Ainsi, quand je reçois le scénario, au-delà de l’histoire dont je m’imprègne, je regarde toujours s’il y a des incohérences ou des détails de mise en scène ingérables dans la réalité. Je transmets mes remarques à la réalisatrice et cela peut aboutir, parfois, à la réécriture de fragments du scénario.
Pendant le tournage, je note plan par plan ce qui est tourné dans la journée, ce qui ne l’a pas été et ce qui a été éventuellement tourné en plus du planning prévu, les incidents éventuels... bref je consigne chaque détail pour que le tournage de la journée suivante soit cohérent. Ainsi, je photographie le décor et le ou les comédien.nes avant le tournage de la scène puis après, de façon à être raccord si on doit tourner à nouveau certains plans le lendemain: par exemple, un verre laissé à moitié plein sur une table devra être à moitié plein pour la suite du tournage, et c’est le genre de détail à noter pour ne pas l’oublier, tout comme j’écris la façon dont une robe est boutonnée, un chapeau posé sur la tête… Même sur des tournages avec une équipe comprenant maquilleur, costumière, éclairagiste censés s’occuper chacun.e des détails de leur domaine d’intervention, je vérifie tout!
Chaque soir, je fais un point avec la réalisatrice et son équipe sur ce qui a été tourné, ce qu'il reste à faire et si on tient le budget prévu. En cas de retard sur le planning et/ou dépassement de budget, nous essayons de voir s'il est possible de rattraper les choses lors des prochains jours de tournage, quitte à devoir parfois supprimer ou raccourcir des scènes. Mais bien sûr la décision appartient à la réalisatrice et à son équipe.
Pour un prochain tournage, Douze Films m’a demandé un travail préparatoire d’accessoiriste. J’ai passé plusieurs heures avec la réalisatrice pour lister tous les objets nécessaires à chaque scène. Une phrase aussi simple dans le scénario que “Clara se lève, va vers la cuisine et revient dans le séjour avec une tasse de café quand tout-à-coup le téléphone sonne” implique de prévoir la tasse, le café, mais aussi le mobilier dans le séjour, d’éventuels magazines sur la table basse, le téléphone, l’éclairage du séjour (central ou avec un lampadaire), le canapé (avec ou sans coussins?) et moult autres détails. Une fois listé ce dont on aura besoin, je vais aider à trouver les objets pour que le jour du tournage on ne s’écrie pas: “Zut, on a oublié le café!” En revanche, je ne me vois pas faire la script et l’accessoiriste sur un même tournage, il faut une personne différente pour chaque tâche.
Ce que j’ai aimé lors des tournages? Le travail d’équipe avec des gens passionnés qui veulent créer à tout prix, même avec peu de moyens. C’est une atmosphère à la fois très professionnelle et très chaleureuse. En revanche, je ne pense pas travailler toujours dans l’audiovisuel. Je suis plus attirée par le dessin et j’ai très envie d’illustrer des albums jeunesse et des livres pour enfants.” Avis aux éditeurs!