COSTUMIÈRE: DE FIL EN AIGUILLE, DONNER VIE AU PERSONNAGE
Costumière ou costumier… on imagine aussitôt des personnages historiques, perruques poudrées et courtepointes. En réalité, concevoir des costumes pour un spectacle ou un film, c’est avant tout faire coïncider une tenue avec un personnage, et un personnage avec la personne qui va l’interpréter. Faire sens avec le personnage. Cela demande des connaissances historiques, psychologiques, logiques, des compétences en couture… et une bonne dose d’imagination doublée d’un vrai sens pratique.

CHARLOTTE RICHARD: UNE BOULE D’ÉNERGIE EN MOUVEMENT!
Elle ne savait pas quoi faire, s’est égarée un court temps dans la comptabilité qui lui allait comme une paire de bottes à un escargot, quand une copine lui a parlé du métier de costumière. Charlotte n’avait jamais fait de couture mais s’est lancée:
“Après un bac technique “Métiers d’art et du spectacle”, j’ai suivi le cursus “Métiers d’art option costumes” qui comporte une grosse partie pratique où l’on réalise à partir de consignes précises, plus une petite partie création.Après cette formation, j’ai tout de suite commencé à travailler, avec l’avantage qu’étant très mobile je me déplace là où il y a du boulot. J’ai même pendant un temps aménagé un camion en atelier de couture qui me permettait de créer sur site! Le fait de beaucoup bouger et d’être plutôt sociable m’a permis de me créer rapidement un réseau, des personnes qui savent que je suis disponible pour de multiples expériences: créer des costumes, mais aussi faire de la scénographie pour une exposition ou créer avec des matériaux improbables: Plastazote, corde à piano, toile gommée… J’ai également une formation de modiste et je réalise des chapeaux à la demande, pas seulement pour des spectacles d’ailleurs, mais aussi pour des amis qui se marient ou vont à un bal costumé.
Lorsque je reçois un scénario, je recense le nombre de personnages, leur style, leur personnalité, le décor dans lequel ils vivent et le ton de l’histoire: drame, tragédie, comédie, thriller… Cela me permet d’imaginer une série de costumes, le dressing du personnage, et de vérifier s’il en faudra en plusieurs exemplaires: si un personnage tombe à l’eau ou reçoit des coups de feu, ses vêtements en portent forcément les traces et comme on peut être amené à faire plusieurs prises d’une même scène, il faut prévoir assez de costumes.
Dès que j’ai connaissance du casting, je me demande comment faire passer des comédien.nes aux personnages. Partir de personnes réelles, avec leur physique et leur personnalités pour les transformer en personnages fictifs qui doivent sonner vrai. Les costumes jouent un rôle essentiel dans cette transformation. Comme on dit: “l’habit fait le moine.”
Cette recherche se passe aussi bien au niveau des tissus et des couleurs que des formes. Du coup, je chine pas mal en friperie et sur Internet ainsi que chez des marchands de tissus spécialisés. Quand j’ai finalisé plusieurs idées, je rédige un rapport avec des propositions qui tiennent compte de l’analyse des personnages, mais aussi du budget dont dispose le film et du temps que j’aurai pour réaliser les costumes.
J’ai la chance de travailler beaucoup et régulièrement, ce qui me permet de valider sans problème le nombre de cachets exigés des intermittents du spectacle. Je refuse tout net les contrats qui me demandent d’être auto-entrepreneuse. Le statut d’intermittent correspond à la nature des métiers d’art, il est indispensable de le préserver si on veut protéger la qualité artistique des spectacles et de la culture vivante.

Quelques extraits sonores encore:
Extrait des "Itinéraires de polys":
https://soundcloud.com/user-611862450/swann
Extraits du recueil "Belles rencontres" lu par Frédéric Kneip: