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9 avril 2008 3 09 /04 /avril /2008 21:07

Conversation avec O…, ami de longue date, toujours amoureux, puis en désamour, toujours en recherche. Il se demande pourquoi, lorsqu’il s’entend si bien avec une femme qu’il a envie de vivre avec elle « C’est moyen au lit » et pourquoi celles avec qui c’est sexuellement magique ne tiennent pas la distance au quotidien.

« Symptôme très fréquent, mon cher, d’où l’intérêt des amours plurielles qui savent faire la différence entre les différentes alchimies  amoureuses et ne les mettent pas en rivalité. » « J’aimerais pourtant tout trouver chez la même femme » insiste-t-il.C’est cela, oui, et que tu lui apportes tout aussi ? Un peu présomptueux, non ? Et à mon sens  presque impossible. » « A cause de la routine conjugale ? « Non, je ne crois pas à la routine. Les habitudes, quand elles sont des rituels, restent délicieuses, on ne les appelle routine que si on s’ennuie. Mais c’est parce qu’on s’ennuie qu’on les appelle « routine », pas parce qu’elles sont de la routine qu’on s’ennuie, tu comprends ? » « Tout à fait, depuis des années, je savoure mon café du matin et ça ne m’ennuie jamais ». « Exactement. Pour ta difficulté à conjuguer conjugo et Dunlopillo torride, j’ai deux théories. La première esquissée dans « Le jeune homme au téléphone », quand David, le jeune homme, confie à la femme du téléphone :

« Je joue avec de belles inconnues, je suis amoureux de Caroline avec qui je n’arrive ni à jouer ni à me livrer vraiment et je me livre à vous dont je ne suis ni amant ni amoureux. Parfois je me trouve un peu bizarre, comme si je cherchais à me protéger en ne m’abandonnant jamais complètement à une seule et même personne. » Ne pas te laisser aller sexuellement quand tu t’abandonnes affectivement et intellectuellement, c’est en quelque sorte te protéger, car l’amour rend vulnérable… A l’inverse, tu t’abandonnes sexuellement avec une femme dont tu ne partages pas la vie, car l’un et l’autre gardez alors suffisamment de mystère pour vous désirer. Le mystère est nécessaire au désir. »

L’autre théorie est que la nature, dans sa grande sagesse, rend le désir moins impérieux dans le couple, qui est projet trop important pour ne dépendre que du sexe, comme l’explique son ami cancérologue à Lola dans « Ce qui trouble Lola » :

 « Il n’y a qu’à toi que je peux raconter cela, murmure Luc à Lola… Tu imagines la tête de mes collègues s’ils apprenaient que l’éminent professeur de biologie moléculaire se fait fesser après avoir rendu visite à une amie qui se meurt, ils me prendraient pour un malade …» Luc touille lentement  le sucre dans son café … tout en tournant la cuillère, il  murmure qu’après une telle séance, il se sent si bien qu’il peut retourner dans la vraie vie, rentrer chez lui et écouter Christine lui raconter une journée difficile, mais il dit « la vraie vie » et se demande parfois pourquoi ces moments intenses avec Victoire ne seraient pas aussi la vraie vie… (et) quelques autres aussi, comme avec Lola, l’été dernier : « Tu sentais le caramel au lait, c’était ton parfum vanille je crois, je sortais de la cuisine avec la cafetière, tu me l’as ôtée des mains, posée  par terre en t’agenouillant … c’était une gâterie délicieuse, inattendue… « Et avec Christine,  tu ne joues pas comme avec Victoire ou avec moi ? »  « Non.  Tu ne peux pas jouer quand il y a un enjeu trop fort, et le couple, c’est cinquante millions d’enjeux trop forts,  un projet de vie, des enfants, de l’argent,  du pouvoir…..  «Et si tu vivais avec Victoire ? » Luc éclate de rire : « Surtout pas !  Ce que je dis n’a rien à voir avec Christine, il a à voir avec les enjeux du couple. Si je formais un couple avec Victoire, mêmes enjeux, mêmes effets, adieu nos délires ! Victoire adore son mari mais ne joue pas non plus avec lui comme avec moi. Si on habitait ensemble comme des colocs, en poursuivant nos délires, ce serait d’abord délicieux puis très vite invivable, je ne ferais plus que ça, je n’irais plus au labo, je ne verrai plus mes amis et un jour je lui en voudrais de m’avoir dévoré comme une mante religieuse. » Luc baisse la voix : « Parfois, quand on se quitte, on est pressé de rentrer chacun chez soi, tellement sidérés de ce qu’on arrive à faire ensemble qu’on a besoin de laisser décanter.  La vie est un subtil équilibre, tu ne peux pas vivre en permanence dans la pulsion, ce serait épuisant, mais je pense que c’est tout aussi destructeur de la réprimer sans cesse.  C’est générateur de violence envers les autres ou contre soi, parfois je me demande si les cancers ne sont pas la maladie des sociétés frustrées, les cellules malignes sont dites « anarchiques »,  ce n’est pas un hasard … » 

« Intéressant, murmure O. Mais va faire comprendre cela à une femme ! »

 

Erreur, mon cher !  Au festival Sciences Frontières, tandis que mon voisin dédicaçait son traité d’économie positive, je signais à tour de bras « Aimer plusieurs hommes » en justifiant la présence de ce livre sur le stand : « La monogamie est le reflet d’une société capitaliste basée sur la possession, le pouvoir et les solutions « mono » : tout-nucléaire, tout génétique, monogamie. Dès lors qu’on prône la biodiversité et la non appropriation du vivant (refus de breveter les gènes) la diversité amoureuse qui refuse de s’approprier un être, est curieuse des autres et ne jette pas un amour existant sous prétexte qu’un nouveau apparaît  est une solution écologique. Ajoutons que si la monogamie vous oblige à n’avoir qu’un seul amour, la biodiversité amoureuse ne vous oblige pas à en avoir plusieurs mais vous laisse le choix. Elle respecte donc les variations du désir comme l’écologiste respecte le cycle des saisons. »

A ce discours un tantinet provocateur, j’avoue, j’ai eu le plaisir de voir nombre de femmes chuchoter « 100% d’accord avec vous » et un certain nombre  me confier qu’elles vivent déjà cette diversité amoureuse tout en aimant leur compagnon, et s’en trouvent très bien, beaucoup plus épanouies. Une jeune fille de 21 ans m’a avoué : « En vous écoutant, ça me donne envie d’aimer, alors que jusqu’ici, l’amour me faisait peur, m’apparaissait comme une prison. »

Là encore, c’est une question de changement de mental. Ce qui semble iconoclaste aujourd’hui – et je ne vous dis pas il y a 30 ans !- semblera tout à fait naturel dans quelques années sans doute, et j’espère que les heureux pluriamoureux, se souvenant de moi, m’allumeront un cierge bio parfumé aux huiles essentielles d’Ylang-Ylang J

 

 

 

 

 

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commentaires

É
Tout bien d'accord !Sinon je ne serais pas d'accord avec ce que j'ai écrit aussi...3 textes sur la fidélité.Mais pour trouver l'adéquation entre ce qu'on pense soi et ce qu'on en pense chez nous... Sans tomber dans des extrèmes sans relationnel, avec un homme qui se retient en pensant à sa mère et se lâche en voulant dominer, en mettant un collier autour du cou, ou en disant "tu feras tout ce que je veux"...
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S
J'aimerais plus d'informations sur la "façon" de mettre en place dans sa vie amoureuse la biodiversité ou les fidélités plurielles... je suis en couple et nous nous sommes promis fidélité mais j'ai évolué, découvert vos livres et je pense maintenant que la fidélité à un seul homme est pour moi une restriction de mes possibles et de mon épanouissement et je n'en suis plus heureuse... Pourtant j'aime mon conjoint : comment puis-je passer à cet autre mode de vie amoureuse ? Je crois avoir compris que vous êtes honnête envers votre mari et les autres amours de votre vie... mais vous êtiez à peu près d'accord dès le début non ? ce n'est pas le cas dans mon couple... comment faire ?
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F
à Elise: je prends le temps, parce que selon la devise qui m'est chère "le temps ne s'achète pas, il se prend" et j'ajouterai "il se donne". Donner du temps à quelqu'un, c'est sans doute le plus beau cadeau qu'on puisse lui faire. Et cela me fait plaisir, en plus!à Sam: l'expérience aide à se défaire des idées reçues, les fantasmes... c'est carrément un sujey de thèse que vous me demandez là, pas la place ici, désolée.à e-lover: bravo d'avoir écouté, alors que je m'étais trompée et avait annoncé l'émission sur France-Culture au lieu de France-Inter. Et heureuse que ça vous ait plu.
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E
OK pour le cierge, tu peux compter sur moi et quelques ami(e)s, chère Françoise. J'ai adoré t'entendre hier sur la Radio nationale. Merci de ce grand moment de jubilation amoureuse et visionnaire.Bises 
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S
Hier, 22 mai, c'était la journée de la biodiversité. Sinon, je me contenterai de <br /> βίος, ου (ὁ) [ῐ] [bios]<br /> <br /> La vie en soi, l'existence. <br /> Le temps, la durée de la vie. <br /> La condition, le genre de la vie. <br /> le souffle de vie. <br /> Le moyen, la ressource de vivre. <br /> Le monde où l'on vit. <br /> Le lieu où l'on vit <br /> Récit d'une vie, la biographie.<br /> Remarquez la proximité du point 8 avec la biodiversité dont vous parlez... et je vous propose d'adopter "relation durable".Sinon, ce serait aimable de m'indiquer ce que l'expérience ou le fantasme à avoir ici ?
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