Les deux dernières fois, j’ai fait de bonnes ventes : 20 livres à l’une, 25 à l’autre. D’autres fois, j’ai passé cinq heures sur un stand pour vendre 7 livres ! 5,70 € TTC le poche soit 5, 47 HT. 8% de droits d’auteur sur le prix HT, à partager 50/50 avec l’éditeur originel. Reste 4% de 5,47 € soit 0,22 € par livre, 5,50 € pour les 25 dédicacés, somme que je toucherai… en juillet 2009, il y a un an de décalage entre la compta éditeur et le paiementà l’auteur.
Encore suis-je un auteur heureux, qui vend au moins 4000 originaux et 10 000 poches par titre. La moyenne de vente d’un roman, aujourd’hui- je parle de moyenne- tourne autour de 2000 exemplaires. Si on pense qu’Anna Gavalda vend plus de 50 000 ex de chacun de ses livres, cela veut dire que ceux de certains auteurs ne sortent même pas des cartons, bien des libraires le disent. De plus, impossible de connaître ses ventes avec certitude. Comment faire le tour de tous les points de diffusion ? Vérifier le stock de livres restant chez l’éditeur? Les « sortis » ne sont pas forcément vendus, les libraires peuvent les renvoyer plus tard à l’éditeur, ce qui fait que celui-ci diminue systématiquement les droits qu’il verse à l’auteur d’une « provision pour retour » qui, selon la maison d’édition varie de 15 à 35%.
De plus en plus d’auteurs ne reçoivent d’ailleurs pas de relevés de compte d’auteur, ni à fortiori de paiement parce que leur contrat prévoit que « le relevé des droits et leur paiement seront envoyés à partir de telle date, à la demande de l’auteur ». Comme plein d’auteurs ne lisent quasiment pas leur contrat avant de le signer, ils ne voient pas cette clause et pensent que s’ils n’ont pas de relevé, c’est que leurs ventes ne couvrent pas l’à-valoir (l’à-valoir est la somme versée à l’auteur pour son travail d’écriture, somme qui sera déduite des droits d’auteur sur les ventes dus par l’éditeur, mais conservée par l’auteur pour rémunération de son travail si les ventes ne couvrent pas l’à-valoir).
« On ne vit pas de sa plume », leitmotiv bien connu. En fait on en vit, mais différemment. J’écris d’affriolants articles du genre « Vieux et cancéreux, quelle prise en charge ? » « L’humanité peut-elle disparaître ? », des brochures d’entreprises : « L’éclairage des zones industrielles, paramètres et conséquences » ou « La réhabilitation de l’habitat ancien en zone rurale » (l’urbanisme est une de mes passions), prête ma plume à des personnes qui ont des choses à dire mais du mal à les écrire ou des ingénieurs devant rendre un rapport en urgence. Ces travaux ont l’avantage de me faire vivre tout en m’obligeant à varier les sujets et les styles, excellent exercice. Mais l’inconvénient de réduire considérablement le temps consacré aux livres que j’ai vraiment envie d’écrire, d’autant plus qu’après sept heures passées à rédiger une interview, l’indigestion d’écran guette ! Ceci dit, je ne changerais de métier pour rien au monde et me trouve extrêmement favorisée de conjuguer travail et passion. Ce billet a deux objectifs :
- éclairer ceux et celles qui en rêvent sur la réalité du métier d’écrivain ; Les media ne montrant que les best-sellers, beaucoup pensent devenir riches et célèbres s’ils sont édités. Les statistiques sont cruelles : 1% des manuscrits envoyés à un éditeur sont publiés, 2% des livres publiés sont remarqués.
- Reposer la question à laquelle je n’ai jamais eu de réponse sur ce blog :
QUI VEUT ETRE MON MECENE ???