« Passée boire un verre chez Nicolas, avant même de m’embrasser il m’a demandé des nouvelles de Matteo, je suis sûre qu’il en a eu envie, moins sûre que ça aurait marché, encore que… Nicolas prétend que c’est une expérience indispensable pour enrichir notre sexualité limitée d’hétéros, il a des théories intéressantes sur les hétéros et les homos, qu’il appelle d’ailleurs systématiquement pédés en me priant de faire de même, il trouve qu’homo et surtout gay, c’est comme dire malvoyant pour aveugle ou senior pour vieux, un avatar du politiquement correct. Pour Nicolas, donc, le couple pédé est fondamentalement égalitaire alors que le couple hétéro repose sur l’inégalité : « Question de force physique. Même si l’homme civilisé viole moins, il continue à raisonner en termes de pouvoir, il conquiert les femmes, il ne les séduit pas. Entre pédés, la force physique est équivalente, on fonctionne donc sur la séduction. Les femmes se plaignent que les plus beaux mecs sont pédés, c’est l’inverse, c’est parce qu’ils sont pédés et savent prendre soin d’eux qu’ils restent beaux. » ( Ce qui trouble Lola »)
Pour écrire ce livre, j’avais écumé les bars du Marais en compagnie d’un pote pd qui me servait, si j’ose dire, d’introduction. Très vite, je me suis sentie à l’aise même quand j’étais la seule fille. A l’aise et fascinée. Dans tous les bars du monde il peut y avoir des rencontres, mais ce n’est que dans les bars de garçons que j’ai senti à ce point circuler l’énergie du désir. Sans un geste obscène, sans un mot, rien que par des regards et des corps qui savent exprimer tout à la fois le désir et l’envie d’être désiré, la soumission et la dominance, la force et la douceur. Selon Aristophane (« le Banquet » de Platon) à l’origine, les humains étaient doubles - mâle/femelle ou mâle/mâle- puis Zeus les punit de leur orgueil en les coupant en deux. Depuis, nous ne serions que la moitié d'un être humain, cherchant sans cesse notre complément, de l'autre sexe ou du même sexe que nous. De ce mythe est né celui de l’homme ou de la femme de notre vie, censés apporter la complétude, la plénitude.
Et si l’être parfait était celui qui arrivait à trouver cette moitié en lui, en sachant exprimer simultanément sa part masculine et sa part féminine ? Dans ce cas, je dirais que d’une certaine façon les pd ont vaincu la malédiction de Zeus et sont des êtres complets. (ça ne va pas plaire à tout le monde... J ) C’est peut-être pour cela qu’alors que les magazines féminins m’ennuient avec leurs éternels « conseils pratiques» et « 101 trucs malins pour être belle et sexy… » et que les magazines pour hommes me hérissent avec leur portfolio de nanas à quatre pattes, vulve rasée, et leurs pubs de montres faites pour attraper les femmes plus que pour donner l’heure, je lis périodiquement PREF dont j’ai déjà parlé ici http://fsimpere.over-blog.com/article-4073653.html
où on parle aussi bien de la réforme de l’audiovisuel, de la sexualité des prêtres, de design, de cuisine, de la chanteuse Camille, d’un autodidacte des films porno, de la place des célibataires dans la société, de ce qui se passe dans les capitales européennes ou de la beauté des hommes avec des photos d'hommes entiers et non réduits à leur seule génitalité, comme celle du photographe Lars Stephan www.larsstephan.com dont les autoportraits qu’il m’a autorisée à publier ici illustrent parfaitement ce que j’appelle « le regard du pd », dualité masculine/féminine où les deux genres ne s’opposent ni ne se confondent, mais sont doublement et totalement présents. Dualité troublante… L'androgynie, chez les Grecs, était la perfection.
Photos Lars Stephan, avec son aimable autorisation: www.larsstephan.com
AUJOURD’HUI 9 FEVRIER, JULIEN COUPAT EN EST A SON 87è JOUR DE DETENTION SANS PREUVE. ENVOYONS LUI DES CENTAINES DE CARTES POSTALES A LA PRISON DE LA SANTE. |