Elle est gratinée la gueule de l’emploi, surtout quand elle a celle de Frédéric Lefebvre, le roi des énormités. http://www.dailymotion.com/video/x91i4c_le-best-of-de-frederic-lefebvre_news . Dernière en date : « Et pourquoi les gens en congé de maladie ou de maternité ne continuerait pas à travailler, hein ? C’est pas parce qu’on a la jambe cassée qu’on peut pas faire marcher son cerveau ! » C’est sûr, même que la majorité des gens qui ont une jambe cassée doivent avoir plus de comprenette que le Lefebvre qui, lâchement, prétend vouloir favoriser le télétravail sur la base du volontariat! Non mais, tu te fous de notre gueule ? Commence à favoriser le télétravail pour les bienportants qui ont tant de mal à le faire admettre à leur employeur, persuadé qu’un salarié qu’on ne surveille pas est forcément un fainéant qui va se la couler douce. Donc, Lefebvre pas utile, arrête de nous prendre pour des crétins !
Par ailleurs, je ne sais pas si tu as déjà accouché, mais je peux t’assurer que c’est fatigant, et qu’après la naissance la mère, surtout si elle allaite et ne peut déléguer, dort très peu et passe sa journée à s’occuper du bébé : changer six fois les couches, câliner, promener, aller chez le médecin… C’est même le but du congé de maternité : favoriser la création du lien mère/enfant et un début de croissance harmonieux, deux conditions essentielles pour l’équilibre futur du gamin. Tu crois pas que c’est important, à l’heure où on constate que des enfants de plus en plus jeunes sont déboussolés ? On fustige la violence à la TV (qui a sûrement un rôle) le laxisme des enseignants (à qui, depuis des lustres on interdit de punir les élèves et, s’il le font, les parents portent plainte, génial pour l’autorité du prof !) et la démission des parents. Mais c’est quoi, la démission des parents, si ce n’est leur addiction au travail, soit involontaire lorsqu’ils pointent à 6h du mat’ et rentrent à 20h après deux heures de transports, stressés, humiliés et peu disposés à écouter leur môme, soit volontaire quand ils sont tellement accros à leur merveilleux petit pouvoir de faire chier les autres au nom de « l’entreprise » (ce qui ne les empêchera pas de se faire virer comme les autres le jour venu mais en attendant ils bichent de leur statut social) Comme m’a dit l’un d’eux d’un air dédaigneux un jour où je parlais en réunion de parents d’élèves du temps nécessaire à l’éducation d’un enfant : « Vous avez bien du temps à perdre ! Moi quand je pars le matin mes enfants dorment encore, quand je rentre le soir ils sont déjà couchés. » Ca vaut le coup de faire des gosses dans ces conditions. C’est pour quoi au juste ? Un élément de standing : ma voiture, ma maison, ma rolex, ma femme, ma maîtresse et mes gosses ? Mon cul, oui ! Donc voilà, Lefebvre : le congé de maternité, c’est indispensable, et le congé de maladie, ça sert à se soigner. La santé n’a pas de prix dit-on, mais toi tu trouves évidemment qu’elle coûte trop cher et que ces feignants de salariés doivent la financer eux-mêmes en travaillant pendant leur congé. Quand je pense qu’on s’est indignés que les chinois fassent payer à la famille les balles qu exécutent un condamné à mort… Ca n’a pas de rapport ? Si, ça en a un : l’arrogance et le mépris des gens de pouvoir.
Car le vrai problème c’est cela. L’idée qu’ils ont que les citoyens sont dans l’ensemble une charge. D’ailleurs, on ne parle plus de cotisations sociales avec l’idée de partage que ça impliquait, mais de charges pour l’entreprise, en oubliant au passage que les salariés en paient aussi. On ne parle plus de salariés mais de « masse salariale » qu’il faut réduire. Nous devenons des variables d’ajustement d’une société qui creuse les inégalités et méprise ceux qui n’ont pas de rolex à 50 ans. On vous parle de « partenaires sociaux » en oubliant qu’un partenariat suppose l’égalité des parties alors que la base du contrat de travail est le « lien de subordination du salarié à l’employeur ». Conclusion : toute « réforme » qui prétend se faire sur la base du volontariat des salariés est une escroquerie. On l’a vu avec le « Travailler plus pour gagner plus » : des heures sup’ ont été imposées à des gens qui n’en voulaient pas, puis, avec la crise, des salariés qui souhaitaient en faire se sont vus répondre que c’était impossible. CQFD.
L’amendement Lefebvre a été rejeté en commission, mais ce pittbull législatif ne lâche pas le morceau, il a dit qu’il y reviendrait. Plus grave : il est porte-parole de l’UMP, ami de NS depuis plus de 25 ans. Ce qui signifie qu’il est la voix de son maître. Et que son maître l’envoie au front tester la capacité de réaction du citoyen. NS, d’après le Canard Enchaîné, a terriblement peur de la révolution : « Les français ont coupé la tête à Louis XVI et sa femme était aussi une étrangère » aurait-il dit. Délicat pour Carla, cet homme est irrésistible. Il teste donc et jubile quand nul ne réagit ou quand « les manifestations ne se voient pas ». Il veut voir jusqu’où il peut aller, jusqu’où la soumission va supporter l’inacceptable. Frédéric Lefebvre n’est qu’un missile, la mise à feu est ailleurs.
Conclusion idéale à ce billet, puisqu’il est libéré aujourd’hui, cet extrait de l’ITV de Julien Coupat recueillie par Isabelle Mandraud et Caroline Monnot, le monde, 24/05/09)
Il n'y a pas d'"affaire de Tarnac" pas plus que d'"affaire Coupat", ou d'"affaire Hazan" [éditeur de L'insurrection qui vient]. ..Ce qu'il y a, c'est, devant nous, une bifurcation, à la fois historique et métaphysique: soit nous passons d'un paradigme de gouvernement à un paradigme de l'habiter au prix d'une révolte cruelle mais bouleversante, soit nous laissons s'instaurer, à l'échelle planétaire, ce désastre climatisé où coexistent, sous la férule d'une gestion "décomplexée", une élite impériale de citoyens et des masses plébéiennes tenues en marge de tout. Il y a donc, bel et bien, une guerre, une guerre entre les bénéficiaires de la catastrophe et ceux qui se font de la vie une idée moins squelettique… La servitude est l'intolérable qui peut être infiniment tolérée. Parce que c'est une affaire de sensibilité et que cette sensibilité là est immédiatement politique (non en ce qu'elle se demande "pour qui vais-je voter ?", mais "mon existence est-elle compatible avec cela ?"),