Sur le site www.polyamour.info, un homme raconte la polyandrie de sa femme :
http://polyamour.info/discussion/-dB-/ET-lapolyandrie-et-aussi-la-polygamie/
Pour résumer : celle-ci a une forte libido, que son mari comblait au début de leur union, mais après onze ans de mariage, il ne se sent plus de faire l’amour avec elle plus de 3 fois par semaine (score clssique à cette étape de la vie conjugale). La dame a donc eu un amant avec l’accord de son époux, puis un second, un troisième et un quatrième… au fur et à mesure que s’apaisait l’ardeur des nouveaux venus. Aujourd’hui, le mari et les 4 amants vivent dans le même immeuble, le premier bénéficiant cependant de privilèges de Prince Consort. (cf son témoignage). L’époux est aux anges de voir sa femme heureuse. La dame comblée d’être la Reine de tant de courtisans, dixit l’époux, est amoureuse de tous « ses » hommes qui eux-mêmes sont devenus amis. Comme le dit le mari : « Croyez le ou non, ces relations physiques sont devenues des relations sentimentales amoureuses. »
Témoignage intéressant, même si sa conception très organique de la sexualité- rapport complet avec pénétration, trois coups par semaine, dose de plaisir, etc- n'est pas franchement ma tasse de thé, j'ai peine à imaginer qu'on résume l'intimité sexuelle à un nombre d'orgasmes nécessaires, d'autant qu'ils ne sont jamais nécesaires. On peut mourir d'indigestion ou de faim, on ne meurt pas de faire trop l'amour ou de ne pas le faire. Le côté: "Très bien chère madame, vous désirez quinze orgasmes par semaine, on n'a pas l'étalon pour ça, mais on peut vous en fournir plusieurs pour assurer les prestations" a un aspect comptable et organisé quelque peu tue-désir, mais c'est un avis purement personnel et par ailleurs, je pense que cette description si matérielle ne reflète que très partiellement ce que vivent nos cinq protagonistes.
En revanche, combien révélatrices sont les réactions que cette histoire a suscitées quand j’en ai parlé à des hommes autour de moi. Incrédulité parfois, réactions basiques souvent : « Putain, l’est chaude cette meuf ! » Désarroi de mâle : « C’est pas un homme, c’est une lavette pour accepter ça ». Généralisation : « Y a plus de mecs, c’est pour cela que les femmes ne sont pas satisfaites au lit » ou encore "mais où va la civilisation avec des gens pareils?" Médical : « Besoin de sexe 15 fois par semaine ? Elle n’aurait pas un problème hormonal ? » Sans parler de la qualification de « nymphomane » donnée à ladite Dame par des hommes affirmant avoir « eu » plusieurs centaines de femmes dans leur lit.
Finalement, l'intérêt réel de ce témoignage est qu'il va à l'encontre des idées reçues. Il parle d'une femme à la libido dévorante alors qu’il est convenu de dire, d’ordinaire, que les hommes ont plus de besoins sexuels que les femmes. Il montre un homme absolument pas jaloux, et absolument pas obsédé par la performance : « Je n’arrive pas à assurer pour la satisfaire, alors je me fais seconder. » Spécimen rare, mais qui existe, et existera sans doute davantage quand beaucoup d’hommes cesseront de confondre virilité et performance, sexualité et possession. Enfin il met l’accent sur l’intimité sentimentale que crée immanquablement la relation sexuelle, même quand elle semble une simple pulsion biologique : « Croyez le ou non, ces relations physiques sont devenues des relations sentimentales amoureuses. » Ce témoignage met le sexe à sa juste place, comme un plaisir partagé qui peu à peu crée une intimité, ou, pour paraphraser Benoîte Groult : « Un plaisir commencé sur la peau, dont les racines plongent petit à petit jusqu’au cœur. »
Je ne sais pas comment va évoluer ce groupe d’amants, si la libido de la dame va perdurer, si les hommes se lasseront d’elles ou pas. Je ne sais pas comment elle réagira le jour où son mari ou ses amants lui demanderont de faire de la place dans le lit pour d’autres femmes, parce que eux aussi auront envie de variété. Je ne sais pas si la dame est dans une représentation narcissique : « Je suis la Reine que tous honorent » ou simplement gourmande. Je ne sais pas si leur vie professionnelle pâtit ou est stimulée par une telle activité sexuelle. Je ne sais pas s’il y a des enfants à élever dans l’affaire, et s’il n’y en a pas, comment cela se passera s’il y en a un jour.
Ce que je sais en revanche, c’est qu’il est intéressant que les schémas et les idées reçues sur le couple et la sexualité bougent pour que les possibles se multiplient dans une logique d’amour et non de possession ou de pouvoir. Un ami à qui j’expliquais mon point de vue- qui n’approuve pas forcément tout dans ce témoignage, je le répète- m’a regardée pensivement : « Toi, tu veux toujours voir le côté positif des choses. » Pas forcément positif, j'ai tant d'indignations par ailleurs... mais le côté vivant, stimulant, oui.
A propos d'hommes et de femmes l'émission "Un homme, une femme, un café, l'addition" que j'ai enregistrée avec Patric Jean est programmée ce dimanche 16 août de 10h à 11h du matin sur France Inter.