« Et pour le sexe, demande Lola, vous faites comment ? » Il ne fait rien, ou pas grand chose. L’hôtelier interdit qu’on amène une femme dans la chambre, trop peur de tomber pour proxénétisme. Aucune femme ne lui propose de l’emmener chez elle, trop peur de se faire violer ou dévaliser, d’ailleurs aucune femme ne l’aborde comme Lola l’a fait, les gens ont peur des pauvres, ils doivent croire que c’est contagieux, alors ils préfèrent les éviter,
(Lola n’a) pas supporté l’injustice qui a mis cet homme au chômage et l’a privé de ses revenus, mais aussi de sa maison, de sa femme et surtout de la liberté d’aimer et de désirer comme il en a envie, de sa dignité d’homme réduite à l’autorisation d’aller se vider les couilles moyennant finances. C’est une double, une triple, une quadruple peine, tandis que ceux qui la lui ont infligée rentrent paisiblement chez eux le soir et se payent une fille quand ils le souhaitent, parfois même en note de frais… » (« Ce qui trouble Lola » éd. Blanche/ Pocket)
Une enquête ( Emmaüs/ BVA) sur les préoccupations des SDF cite dans l’ordre : 1) manger 2) trouver un lieu où dormir 3) rester propre 4) se soigner 5) avoir une vie affective et sexuelle. Enquête ainsi commentée par un journaliste dans un quotidien : « La vie affective et sexuelle n’est pas une préoccupation première des SDF ». N’est-ce pas plutôt que la nécessité de survie gomme toute autre préoccupation humaine ? Et que tolérer que des gens vivent dans de telles situations est tout simplement inhumain ? Un proverbe chinois dit: « Si tu veux oublier ton chagrin d’amour, mets des chaussures trop petites ». Je vous dis pas ce que ça doit être quand on n’a pas du tout de chaussures à se mettre et qu’on vit dehors en hiver !