Pour mincir, au lieu de faire un régime, allez voir « We feed the world », ça vous coupera l’appétit pour un moment. Ce documentaire un peu scolaire n’est pas un chef d’œuvre artistique. Cependant, on y découvre plein de choses édifiantes sur l’industrie agro-alimentaire. Comment le Brésil, très gros producteur de céréales, les exporte quasiment toutes pour nourrir le bétail des pays riches, tandis que les pay sans brésiliens du Nord-Est crèvent de faim. On apprend aussi comment reconnaître un bon poisson et un poisson de pêche industrielle tout mou à l’intérieur, et la différence entre les semences hybrides et les semences naturelles sur le goût des légumes.
La séquence volaillère, quant à elle, crée un vrai malaise. Bien sûr, je sais qu’il faut tuer les animaux avant de les manger ! Ce qui est glaçant, ce sont ces poussins entassés par milliers dans des cageots de fer, ces milliers de poulets déversés sur la chaîne d’abattage qu’ils tentent en vain de fuir, avant de réapparaître morts, suspendus à un crochet, puis morts plumés et les pattes coupées, puis encore plus loin sous forme de morceaux sous cellophane. Le malaise vient de cette industrialisation de la mise à mort, envisageable uniquement parce qu’on traite le poulet comme un objet et non un être vivant. Remplaçons les animaux par des êtres humains, on obtient la traite des noirs convoyés comme des marchandises dans des cales de navires, ou la déportation des juifs entassés dans des wagons à bestiaux. A partir du moment où on tue massivement, la rationalisation indispensable de la mise à mort gomme l’ humanité.
On entend alors le PDG de Nestlé, bronzé et propre sur lui, expliquer sans aucun état d’âme que « les ONG ont une position extrême en pensant que l’accès à l’eau doit être un droit pour chaque être humain. » Pour ce PDG, l’eau est une marchandise qui a un coût et qu’il convient donc de PRIVATISER. La privatisation, explique t-il doctement, permettrait de faire de gros profits, de créer des emplois et même, une fois payés les actionnaires, de financer des actions humanitaires envers les plus pauvres qui manquent d’eau. La fin du film est froide comme une armoire de congélation industrielle. Le PDG sourit : « Tout de même, nous n’avons jamais été aussi heureux ni aussi riches, nous vivons très longtemps, nous sommes en bonne santé… et nous aurions des états d’âme ! » Après les images de famine au Brésil, de pauvreté en Roumanie, ce « nous » pluriel semble bien singulier… Le PDG montre un film d’entreprise : « Regardez nos usines comme elles sont belles, entièrement automatisées… avec presque pas de personnel. » Un monde rien que pour lui, en somme. Comme me disait un ami : « Pourquoi voudrais-tu que les riches et les hommes de pouvoir aient envie de changer un monde qui leur a si
bien réussi?


Deux milliards d’ hommes vivent avec moins de un dollar par jour, tandis que les européens dépensent 2,5 € par jour et par vache !