25 août 2007
6
25
/08
/août
/2007
15:12
Entendu récemment un commentateur dire à propos des opposants aux OGM : « C’est curieux comme en France on refuse le progrès. » Quel progrès ? En quoi les OGM sont-il un progrès, en quoi améliorent-ils la vie des gens, alors qu’ils suscitent bien des réserves :
Les inconnues sur leur impact environnemental, l’absence de contrôle de la contamination par les OGM des cultures bio ou traditionnelles, les risques éventuels pour la santé, le coût de cette technologie, le risque d’augmenter la pollution par les pesticides : quand un OGM est résistant à un herbicide, cela signifie que le paysan peut traiter larga manu ses mauvaises herbes sans crainte d’abîmer son maïs ou son soja. Vous pensez bien qu’il va être heureux de gagner du temps en vaporisant à tout va !
Autre raison de refuser les OGM : il existe des espèces naturellement résistantes aux parasites ou à la sécheresse, qu’on devrait utiliser pour préserver la biodiversité au lieu de l’appauvrir. Enfin, argument majeur : les OGM sont une appropriation du vivant. Les sociétés qui possèdent les brevets ont seules le droit de vendre des semences (il est interdit aux agriculteurs de se fournir en-dehors de leurs catalogues, et ce monopole concerne les semences hybrides comme les OGM ) Elles peuvent fixer les prix, organiser la pénurie et donc affamer ou ruiner qui elles veulent, quand elles veulent. La faim est une arme de guerre, d’autant plus préoccupante quand on connaît les liens étroits entre notamment le président Bush et Monsanto.
Il y a dix ans, j’avais écrit un papier dans AVANTAGES intitulé « Dix raisons de dire non aux OGM » où je détaillais ces arguments. . Mon papier n’avait pas plu. La chargée de com’ de Monsanto m’avait conviée à déjeuner pour me demander d’écrire un autre article en faveur des OGM . Je l’avais écoutée gentiment, lui avais expliqué mes raisons, puis proposé : « Trouvez-moi un argument, un seul, prouvant que les OGM sont bénéfiques pour les consommateurs, et je vous promets de le diffuser dans le magazine sans états d’âme. Je ne suis mariée ni à Monsanto, ni aux anti- OGM , je suis journaliste. »
La jeune femme avait réfléchi puis soupiré : « Je ne trouve pas. Vous avez raison, c’est intéressant pour les semenciers, pour les financiers, mais aucunement pour les consommateurs. » Elle m’avait demandé de ne pas ébruiter cette phrase : « Je ne voudrais pas perdre mon boulot ». Mais aujourd’hui, elle travaille ailleurs.
Published by Françoise Simpère
-
dans
CHANGER