"Faire d'un rêve une réalité": Humeur, humour, coups de gueule et coups de soleil.
Par Françoise Simpère
Extrait d’un roman commencé, jamais achevé. Du désir
« En ce temps là, l'été avait de luxuriantes libéralités. Je veux dire par là qu'il ne livrait pas chichement quelques rayons de soleil, sitôt payés d'un orage ou d'un incendie de forêt. Il savait s'épanouir dans des chaleurs lourdes qui nous baignaient de torpeur la journée durant. Mais à la nuit montante, à l'heure où les cigales se font moins lancinantes et la lumière plus douce, la chaleur emmagasinée sur la peau nous rendait sensuelles. C'était l'heure où, jeunes filles, nous étions prêtes à tous les abandons. Blottie à l'avant de la voiture, entre Jean et Benoît, je sentais leurs corps se crisper à l'entrée des virages et j'aimais le mouvement de leurs muscles à travers le fin coton des chemisettes. Les crissements des pneus, qui me faisaient à chaque fois redouter un dérapage fatal dans le ravin, m'incitaient à serrer mes cuisses très fort l'une contre l'autre. Je me sentais partagée entre l'appréhension de l'accident et l'excitation de mon corps,
Je fus cependant soulagée lorsque Jean ralentit et emprunta un chemin en pente qui descendait sur la plage. La nuit était claire et douce, la lune aux deux tiers. Je regrettai un peu qu'elle ne fût pas pleine, pour la perfection de l'image. Nous fîmes quelques pas. Nos pieds s'enfonçaient dans la fraîcheur du sable. La mer était très calme, à peine frangée d'une écume silencieuse. Les deux garçons m'avaient gardée entre eux deux et nous marchions, bras dessus, bras dessous,
A lire aussi, « Les Vaisseaux du cœur » de Benoîte Groult, un des romans les plus vrais et les plus libres sur le désir féminin, désir joyeux, impérieux et subtil.
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