Une fois n’est pas coutume, voici quasi in extenso le texte d’une chronique que j’ai écrite dans le dernier numéro du Nouveau Consommateur actuellement en kiosque. Il comporte aussi des interviews de Benoîte Groult, Jeanne Cherhal, Alain Passard… et bien d’autres qui montrent que 2008 et 68 ont bien plus qu’un anniversaire en commun.
En 68, j’étais lycéenne. Je garde de ce mois de mai le souvenir ébloui d’une effervescence créative et joyeuse où tout semblait possible pour inventer un monde plus juste et plus gai. Avant 68, c’était la société gaullienne : lycéennes en jupe sous le genou, interdiction du pantalon « en dehors de la période d’hiver » qui variait suivant les établissements, classes de filles et de garçons séparées. Se balader avec un garçon dans la rue, même très platoniquement, valait un passage en conseil de discipline pour « atteinte à la réputation du lycée. » Interdiction de lire des journaux, même en Terminale, toute opinion politique était bannie alors que des cours d’instruction religieuse avaient lieu dans des lycées publics laïques, interdiction du travail en groupe, et même, parfois, interdiction du stylo à bille ! La télé (ORTF) dépendait du Ministère de l’information, les chansonniers l'appelaient "la Voix de son maître".
En 68, j’étais lycéenne. Je garde de ce mois de mai le souvenir ébloui d’une effervescence créative et joyeuse où tout semblait possible pour inventer un monde plus juste et plus gai. Avant 68, c’était la société gaullienne : lycéennes en jupe sous le genou, interdiction du pantalon « en dehors de la période d’hiver » qui variait suivant les établissements, classes de filles et de garçons séparées. Se balader avec un garçon dans la rue, même très platoniquement, valait un passage en conseil de discipline pour « atteinte à la réputation du lycée. » Interdiction de lire des journaux, même en Terminale, toute opinion politique était bannie alors que des cours d’instruction religieuse avaient lieu dans des lycées publics laïques, interdiction du travail en groupe, et même, parfois, interdiction du stylo à bille ! La télé (ORTF) dépendait du Ministère de l’information, les chansonniers l'appelaient "la Voix de son maître".
Mai 68 a débridé ce carcan. « Du bonheur à l’état pur, de la joie à revendre, une fête de l’intelligence et de l’émotion, un régal permanent, une euphorie et une volupté inconnues jusque là, écrivait le dessinateur Siné en 1998 (pour les 30 ans !).» La légende veut que la fête se soit arrêtée le 30 juin, après le discours de reprise en mains du général de Gaulle, la manif’ UDR aux Champs Elysées et surtout la réouverture des pompes à essence : le pétrole est décidément réactionnaire. En réalité, mai 68 a duré bien plus longtemps : « Quelque chose a bougé dans les têtes, une sorte de déclic. Nous avons compris confusément que notre bonheur dépendait plus de notre sagesse que de celle des dirigeants et qu’il ne fallait pas avoir peur d’être lucide. » (Wolinski). Ce déclic a profondément modifié les relations
Le mouvement écologiste est aussi né de mai 68 : La Gueule Ouverte et le Sauvage, journaux
NON. Car sur le Net[1], dans des colloques et des journaux comme celui-ci et quelques autres[2] se fait jour une aspiration à un autre idéal. Quand les gens veulent «
Revenir à l’âge de la bougie ? Pourquoi pas si c’est pour souffler les 40 bougies d’un rêve qui, loin de devoir être liquidé, apparaît d’une étonnante modernité.