Outre les « indignés » qui gagnent même les Etats-Unis- 10 000 américains défilant en disant « Non à Wall Street », ( photo AFP-E. Dunant) c’est nouveau- le score d’Arnaud Montebourg à la primaire socialiste montre que l’exaspération et le désir d’un changement qui ne soit pas qu’un ravalement montent. Ce à quoi les têtes d’œufs formatées par un seul modèle économique hurlent à l’archaïsme ou « l’abracadabrantesque » des solutions autres que leur éternels plans d’austérité qui partout où ils ont sévi ont causé d’immenses dégâts.
Et si on regardait ailleurs ? En Amérique Latine, par exemple, dont on se soucie peu en Occident, excepté pour en raconter les faits-divers tragiques et les règlements de comptes entre cartels de la drogue. Pourtant, il s’y passe plein de choses. La crise économique, ils l’ont eu dans les années 80, très dure. Evidemment Zorro/FMI est arrivé et leur a prescrit les mêmes plans d’austérité qu’à l’Europe aujourd’hui… avec les mêmes conséquences. Tout ceci est bien expliqué ICI sivous avez un peu de temps pour lire. Jusqu’au jour où l’Argentine, le Brésil et d’autres ont refusé la potion du Dr FMI et cherché d’autres solutions, racontées par TAOA, blog et
association fondés par trois jeunes français – à qui j’emprunte ces deux photos- qui ont quitté leur emploi pour parcourir l’Amérique Latine pendant 12 mois et y découvrir d’autres solutions que celles du FMI autour de l’échange et la monnaie. Coopératives financières en Equateur, monnaies solidaires non spéculatives au Brésil (monnaie garantie par l’Etat), au Salvador, au Honduras, clubs de troc au Venezuela… J’avais déjà raconté ICI comment le maire de Bogota, en Colombie, avait préféré la culture à la police pour lutter contre la délinquance… avec succès. Bref, ça bouge, ça fonctionne, ça améliore le niveau de vie des plus déshérités et surtout cela remet les populations au centre des initiatives, même s’il reste bien des problèmes à résoudre, évidemment. On ne crée pas un autre monde en six mois, mais toutes ces initiatives prouvent qu’on peut raisonner différemment et que ça marche. En Europe, d’ailleurs, diverses monnaies solidaires fonctionnent déjà.
Tout à fait autre chose mais tout aussi innovant : en Australie, pays/continent dont on ne parle guère chez nous, il est possible depuis septembre dernier de se déclarer « de sexe indéterminé » sur son passeport en cochant une case X au lieu des M (male) ou F (female)
Mine de rien, cette case en plus a des retombées majeures. Plus de problèmes pour un transsexuel qui, se sentant homme dans sa tête malgré un corps de femme (ou l’inverse) ne souhaite cependant pas supporter les traitements et opérations destinés à uniformiser sexe physique et sexe mental : il se déclarera de sexe indéterminé. Plus de tracasseries pour retirer un courrier au nom de Monsieur lorsqu’on a une allure très féminine, on sera X sur sa pièce d’identité.
Au-delà des questions administratives et médicales, admettre que la séparation binaire de l’humanité en hommes/femmes ne rend compte que de l’aspect sexué biologique mais aucunement de la part de féminité que porte tout homme ni de la part de masculinité que porte toute femme à des degrés divers et variés, bref du genre psychologique et social, ce fait là, donc, remet en cause un fondement essentiel des guerres et des religions : l’opposition hommes/femmes, avec la domination masculine d’ un côté, source d’abominations diverses, et de l’autre la femme soumise mais cependant présentée comme mère de tous les péchés et éternelle tentatrice. On sort du manichéisme pour entrer dans la nuance et la complexité, bases de la tolérance.
Pourquoi un ornithorynque ici? Parce qu'un mammifère qui pond des oeufs, a un bec de canard, des griffes à l'avant, des palmes à l'arrière, ça n'existe pas, ça n'existe pas... Ben si, ça existe! Alors, si l'ornithorynque existe, d'autres mondes sont évidemment possibles!