Vous me demanderiez ce qu’il reste des hommes lorsqu’ils s’éloignent, je vous parlerais d’images très précises : la lumière sur un corps à fleur de peau, rayon doré qui le transforme en statue de bronze, le mouvement de vos hanches expliquant comment marchent les Brésiliens dont chaque pas est une danse, un regard enfiévré, vos yeux comme cernés, les joues creusées par le désir, votre humour
décalé qui vous permet d’écrire à la plume d’hilarantes et délirantes missives, l’odeur de leur corps mêlée à celle de peinture ou de néoprène selon leur métier et leurs passions, des lèvres à donner envie d’y passer des vacances, une voix aux intonations graves, un air rêveur et concentré, des boucles de pâtre grec où fourragent mes doigts, des hanches étroites, des
traits fugitivement féminins puis à nouveau virils, beau brin de garçon/fille comme je les aime, mon trouble devant une intelligence hors-normes, vos pieds enlisés dans la boue un jour d’orage, votre main sur la mienne qui enserre la barre franche d’un voilier, la cambrure de vos reins entraperçue dans la pénombre d’un cinéma tandis que vous enlevez votre pull, la confiance et l’intimité peu à peu naissantes, nos fou-rires en courant sous la pluie main dans la main, votre bienveillance paisible et vos gestes harmonieux, une façon cow-boy de
déboucler sa ceinture, bien campé sur les deux jambes, des récits d’horizons lointains, votre goût pour la musique, les mots, le beau… leurs voix de lendemain, qui
remercient de la veille…
Fragments de désir avant, d’intimité après, comme les mille pièces étincelantes d’un puzzle amoureux. Mais pas de souvenir d’orgasme, consumé sitôt que goûté, pas non plus d’images de sexes, que vous soyez TBM (très bien monté) TBA (très bon amant) ou TTS (très très sensuel) comme certains tiennent à le préciser en indiquant des mensurations aussi Roccosiffrédiennes que fantasmatiques.
Rassurez-vous, si elles participent évidemment au plaisir, ni la taille, ni la fermeté, ni la dextérité de votre engin ne font le désir, si essentiel au plaisir. Quoique à la réflexion, je me demande si vous voilà rassuré... ou déconfit.
(le nu sur le drap est une photo de lars stephan http://www.larsstephan.com/ )