Dans les dîners de quadra/quinqua, on croise souvent plus de divorcés ou de couples seconde main que de couple première main, de célibataires ou de pluriamoureux. Point positif : on ne stigmatise plus les divorcés ni leurs enfants. Point négatif : La séparation intervient parfois très tôt, comme un remède de première intention et non un recours ultime. Liberté recouvrée, seconde vie en vue, yeah !!! Pourtant, est-ce si banal? La loi a simplifié le divorce dans les textes, pas forcément dans les têtes. Car il y a...
Celle qui n'a plus de vie privée : son ex habite loin et ne garde les enfants qu'un week-end sur deux. Entre le travail la semaine et les enfants le week-end, elle n'a plus un instant pour elle et n'ose pas sortir ne serait-ce qu'un soir par semaine parce qu'elle culpabilise déjà du peu de temps qu'elle consacre à ses enfants.
Celle qui commence toutes ses phrases par « A cause de mon connard d'ex... »
Celui/ Celle qui a choisi la garde alternée et s'aperçoit qu'il/elle devient schizophrène entre sa semaine de parent attentif et sa semaine de fêtard(e) qui rattrape le temps perdu.
Celui/ celle qui raconte à tout le monde que l'ex est hystérique, paranoïaque, égoïste, pervers narcissique, obsédé sexuel ou frigide, bref totalement givré(e) et se demande comment il/elle a pu la/le supporter.
Celui/celle qui prétend qu'il/elle n'a jamais aimé l'ex et que son mariage a été une erreur de vingt ans.
Celui/ celle qui a choisi de divorcer mais ne supporte pas l'annonce par les enfants que l'ex a un nouvel amour.
Celui/celle qui n'admet pas que les enfants disent que la nouvelle copine (le nouveau copain) de papa/maman est trop cool.
Celle qui annonce les yeux brillants « j'ai rencontré l'homme de ma vie » après trois séparations et se désespère trois mois plus tard de constater que pas un homme ne lui offre tout ce qu'elle attend, bref qu'ils sont tous nuls.
Celui qui surfe sur les sites de rencontre, chope une nouvelle copine par semaine et s'étonne avec quelque mépris que les femmes baisent aussi facilement...
… mais aussi le nouveau copain/la nouvelle copine qui s'incrustent dès la première nuit, ne supportent pas les ex et voudraient gommer le passé de leur nouvel amour.
Celui/ celle qui ne parle plus à ses ami(e)s que des enfants, des problèmes de pension alimentaire ou des derniers coups que lui a fait l'ex.
Celle/celui qui ne veut plus parler à l'ex et fait passer les messages par les enfants...
Et puis il y a l'enfant qui ronchonne parce qu'habiter entre deux maisons, c'est pas si facile, le cahier, pull, stylo... dont il a besoin se trouve toujours dans l'autre maison.
… L'ado à qui on demande s'il veut vivre chez sa mère ou son père et qui murmure « Je ne veux pas choisir entre mes parents, que le juge décide ».
…L'enfant qui se demande pendant des années si c'est à cause de lui que ses parents ne s'aiment plus.
…Celui qui s'aperçoit qu'il est monnaie d'échange : « si tu continues à être si con (si conne), tu ne verras plus ton fils. »
…Celui qui découvre, au décès de ses parents, que ce qu'on lui avait raconté sur le divorce était totalement faux.
…Celui qui a compris le parti à tirer de la situation et devient un tyran domestique
…L'enfant à qui sa mère dit du mal du père, à qui le père dit du mal de la mère.
…Le jeune adulte qui évoque avec nostalgie sa courte incarcération, parce que ses deux parents venaient alors le voir au parloir. Ensemble pour la première fois depuis quinze ans.
(exemples tous réels)
Et puis il y a le regard heureux du jeune homme à qui une amie de jeunesse de ses parents lui assure que ceux-ci se sont aimés, ont été amoureux, et tellement amoureux d'ailleurs qu'ils l'ont fait, lui, avec désir et plaisir.
Heureusement pour les enfants qui ont tant besoin de savoir qu'ils ne sont pas sur terre par hasard ni le fruit d'une erreur de jeunesse, il existe des couples qui se séparent parce qu'ils ne veulent plus vivre ensemble mais ne renient pas leur amour passé et deviennent les meilleurs amis du monde. J'en connais, ils se reconnaîtront et je les remercie de pouvoir les rencontrer ensemble, ou séparément, sans avoir besoin de choisir ni de prendre parti.