En l'an 2000, Maryse Vaillant, psychologue et directrice de collection aux Editions la Martinière me demanda d'écrire un petit opus sur le thème: « Petits arrangements... avec la fidélité ». Devant le plan que je lui adressai quelques jours plus tard, elle s'écria que ce que je proposais et vivais ne relevait nullement de « petits arrangements », mais d'une conception tout à fait nouvelle de l'amour et du couple.
En 27 ans d'expérimentation- nous avions sérieusement commencé en 1973- de tâtonnements, de réflexions, de doutes et de purs moments de bonheur, j'avais eu le temps, c'est vrai, de constater qu'il ne s'agit ni d'adultère autorisé, ni de compromis(sions), ni d'une mode qui serait, sur un si long temps tout sauf passagère, ni de libertinage, ni d'un relent de mai 68, vue l'eau coulée sous les ponts depuis. Bac + 27, c'est au-delà du Master 3 de pluriamour ! Aujourd'hui Bac + 40, on me dira que je suis longue à la détente, ce qui est vrai. Pour tout apprentissage il faut du temps, puis on peaufine et il faut une vie...
Vaillante, Maryse me lança : « Ecrivez ce livre comme vous le sentez, on va simplement le changer de collection. » Lorsqu'en 2002, dans la collection « Il n'est jamais trop tard... » parut « Il n'est jamais trop tard... pour Aimer plusieurs hommes » plusieurs fois réédité tant chez La Martinière qu'en collection de poche (Pocket), j'étais loin de me douter que ce livre m'identifierait pour des années durant comme « papesse du polyamour », ce qui devient aussi agaçant que pour Bertrand Delanoë quand on ne le définit que par son homosexualité.
J'étais loin de me douter à quel point ce livre toucherait ceux et celles qui le liraient, que je recevrais des centaines de lettres d'hommes et de femmes heureux de voir écrit ce qu'ils et elles pensaient sans oser le dire, même s'ils le vivaient parfois. Ni qu'en 2004 Martine Asselin, réalisatrice québécoise, me contacterait et que de nos dialogues successifs naîtrait en 2007 le documentaire « La grande amoureuse » (Vidéo Femmes)
http://www.youtube.com/watch?v=tjJkHgNBipw
J'étais loin surtout de me douter à quel point ce choix de vie m'aiderait à contruire des rapports harmonieux avec les autres, et pas seulement les amoureux, parce qu'il est basé sur l'amour, le respect et le désir de bonheur mutuel. Dans les dîners entre "polys", je suis toujours frappée par la chaleur humaine et la gaieté qui se dégagent des conversations, qui ne tournent heureusement pas que sur ce sujet. Les polyamoureux sont avant tout des amateurs de vie conviviale,
Ca ne se fait pas en un jour, comme tout changement de logique de pensée, ni sans douleur ou du moins sans effort, mais l'effort et l'énergie déployés font partie de la dynamique de ces relations. Les phases de "rafting conjugal" où nous n'avons pas coulé même par gros temps m'ont énormément appris sur la façon de vivre un conflit sans qu'il vous démolisse, et cela sert aussi bien dans la vie professionnelle que politique ou sociale! En gros, j'en suis sortie plus forte et confiante. Plus aimante aussi... Les moments de pur bonheur avec l'un ou l'autre de mes amours m'ont énormément appris sur moi... et sur eux.
En 2010 nous avons réédité « Aimer plusieurs hommes» dans une version revue et augmentée. (Autres Mondes)
Plus de dix ans après la première édition, j'imaginais que cette idée toute simple : un seul Amour pour toute la vie est une conception respectable mais elle ne convient pas à tout le monde et ne correspond guère à la réalité. En conséquence, « ouvrir les possibles » en acceptant que des personnes choisissent d'aimer au pluriel serait à la fois juste et logique.
J'imaginais que cette idée serait devenue aussi banale que les familles « recomposées » après divorce et que le droit aurait suivi cette évolution avec des textes permettant de préserver l'avenir et les intérêts des partenaires et enfants engagés dans cette nouvelle constellation familiale. Je l'imaginais d'autant plus que nul, depuis 10 ans, n'avait été capable de donner une réponse satisfaisante à ma question : « Pourquoi serait-il mieux d'aimer une seule personne que plusieurs ? »
Que nenni, demoiselles et damoiseaux ! « Polyamoureux », lutins, pluriamoureux, amoureux pluriels... appelez les comme vous voulez, suscitent les mêmes questions qu'il y a dix ans et les couples qui souhaitent vivre ainsi commencent quasiment toujours par traverser une période de doutes et de culpabilité.
Pour célébrer à ma façon la Saint Valentin, fête DES amoureux, j'ai donc sollicité Douze films Productions pour réaliser une vidéo illustrant les affres de la découverte du polyamour. A ma demande, cette vidéo rend hommage à un film que j'adore. La séquence dont elle s'inspire est sur Internet. Si vous l'identifiez, inscrivez la réponse sur votre bon de commande dans la partie « message » , les 7 premières bonnes réponses recevront en cadeau une lecture amoureuse.
Griotte sur le clafoutis, un bonheur n'arrivant jamais seul, je suis l'invitée d'Alex Taylor dimanche 17 février à 22h sur France-Musique dans l'émission « Voyage en moi majeur » pour parler de voyages, de pays et de villes emplis d'émotions, de l'enfance, du goût de la solitude, de la plénitude face à la mer, du monde avec ses injustices accablantes et ses beautés infinies... et pour une fois pas d'amours plurielles ! Merci Alex!