Cher cardiologue,
Il y a presque deux ans, lors d'un bilan effectué très sérieusement, vous avez conclu que mon HTA (hypertension artérielle) me conduirait droit à une mort rapide si je refusais vos traitements. Les examens subis me trouvant un cœur en pleine forme, des artères larges et aucunement obstruées, aucune atteinte rénale et pas de surpoids, je venais de vous dire qu'ayant de surcroît une alimentation équilibrée et une pratique sportive régulière, cette HTA n'était qu'un facteur de risque qu'il ne fallait pas dramatiser. Vous l'aviez pris fort mal, surtout quand je me permis de m'enquérir de leurs effets secondaires à chacune de vos propositions de traitement, échaudée par les affaires du Mediator, de certaines statines et autres médicaments au long cours. (mes années de journalisme médical m'ont appris des choses...) .
Cependant, j'acceptai votre prescription d'un médicament dont je tairai ici le nom, en m'étonnant tout de même que vous doubliez la dose habituellement prescrite, ce à quoi vous répondîtes : « Vu votre état, il faudrait vous donner deux médicaments différents, mais comme votre attitude me donne à penser que vous ne les prendriez pas, je vous en prescris un seul en doublant la dose. » Ce raisonnement pifométrique- pourquoi prendrais-je plus volontiers une double dose, et sur quel raisonnement scientifique reposait cette prescription ?- ne m'empêcha pas, car je suis bonne fille, de suivre rigoureusement votre prescription pendant deux mois... sans aucun résultat ! L'HTA ne baissa pas d'un dixième ni d'un centième. J'arrêtai donc tout et allai voir mon généraliste homéopathe, acupuncteur et surtout médecin de la famille depuis 25 ans. Cet homme soigne des personnes et non des maladies. C'est le genre de médecin qui vous ausculte avec les mains, et vérifie tout, y compris votre état énergétique vu sa formation, même si vous venez pour une simple rhume. Nous passâmes en revue les différentes options thérapeutiques, les vôtres comme les traitements de phyto et aromathérapie que j'avais testés sans grand succès, pour finir par le traitement le plus simple et comportant le moins d'effets indésirables.
J'ai le plaisir de vous informer que j'ai depuis ce jour une tension de jeune fille, au point que nous allons réduire la dose de moitié et évaluer ensemble le résultat. »
Ce même généraliste m'a appris une nouvelle qui n'a bizarrement fait aucun bruit dans le landernau médical: en avril 2013, le calendrier vaccinal a été profondément remanié. Ainsi, des vaccins obligatoires DTP Diphtérie-tétanos-polio (trois injections, suivies d'un rappel un an plus tard, puis de rappel tous les 5 ans jusqu'à 21 ans, et enfin tous les dix ans à l'âge adulte) . Aujourd'hui, il a été décidé que des rappels adultes tous les vingt ans – 25, 45, 65 ans- puis de nouveau tous les dix ans- 75,85,95... pour tenir compte de l'affaiblissement su système immunitaire avec l'âge, sont suffisants. La mise en place de ce nouveau calendrier donne d'ailleurs lieu à des consignes assez ubuesques :
En étudiant ce dossier, on s'aperçoit que le changement de calendrier a surtout pour objectif une « meilleure observance de l'obligation vaccinale ». En somme, on espace les rappels et on les fait à âge fixe pour qu'ils soient mieux acceptés et plus faciles à mémoriser. Pour décider ce changement, les experts de la Santé publique ont examiné ce qui se fait dans d'autres pays et constaté que tous ont des calendriers différents, ce qui montre à quel point les remontrances des toubibs du style : « vous avez trois mois de retard pour votre rappel, il va falloir recommencer la vaccination à zéro » n'avaient aucun fondement scientifique. On s'est pris une injection tous les dix ans et où on nous dit aujourd'hui que tous les 20 ans suffisent à protéger! C'est ce que font les Suisses. Les experts français ont suivi cet exemple, vu que les Suisses ne semblent pas souffrir davantage de D-T-P que nous. Cela relève de l'empirisme et non de la recherche scientifique, et ce n'est pas le seul domaine.
Lors d'une enquête que j'avais faite sur « vieillissement et cancer », des chercheurs m'avaient expliqué qu'il est très difficile de déterminer les doses optimales de chimiothérapie chez les sujets âgés, d'une part parce que déontologiquement on ne pratique pas d'essais thérapeutiques sur eux avant commercialisation du produit, d'autre part parce que leur organisme souvent affaibli (diabète, immunité moindre, cœur et reins moins performants) ne permet pas de savoir avec certitude comment ils vont réagir aux molécules. D'où des tâtonnements parfois inefficaces, parfois toxiques dont les médecins ne sont nullement responsables, mais qui devraient les inciter à ne pas se poser en mandarins pleins de certitudes comme certains... et à répondre aux questions de leurs patients sans impatience. La médecine est un art relationnel au moins autant qu'une science ou une technique.
Au magazine où je travaillais, j'avais collé au-dessus de mon bureau un dessin de Sempé montrant un petit homme priant dans une Église : « Mon Dieu, j'ai tellement confiance en vous qu'il m'arrive de vous appeler Docteur ».
A l'inverse, on souhaiterait que que les médecins ne se prennent pas pour Dieu.
BONNES VACANCES! Dépêchez-vous de commander le CDI de Dieu- ou tout autre livre des éditions Autres Mondes avant le 20 juillet. Du 21 juillet au 4 août, les expéditions ne seront pas assurées (vacances, enfin!) excepté l'envoi de livres numériques. Pour ceux-ci précisez bien sur le bon de commande le format souhaité: epub, mobi ou PDF.