Samedi avant mon départ, je suis tombée par hasard sur le documentaire « Mitterrand et la psychanalyse » diffusé par la chaîne LCP/ Public Sénat (dernière diffusion dimanche 12 à 9h55, puis sans doute podcast sur le site de la chaîne) : une série d’entretiens entre François Mitterrand, le psychanalyste Ali Bagoudi et le journaliste Pierre Jouve. Ce qui frappe, outre la sérénité et l’élégance de ces entretiens qui se poursuivirent presque jusqu’à la fin de la vie du président, c’est l’intelligence et la culture d’icelui. On peut en penser du mal sur le plan politique ou ne pas aimer l’homme, on ne peut nier qu’il avait une stature de chef d’Etat, une vraie réflexion sur le monde, le pouvoir et la vie, et même une modestie intellectuelle. Quand Ali Bagoudi lui demande ce qu’il pense de la psychanalyse, Mitterrand évoque Freud, Lacan (« un peu de mal avec Lacan »), Young… et conclut « je ne suis pas assez compétent pour en parler. »
Très étonnante aussi, la distance qu’il a eu, dès l’enfance, avec le monde, le pouvoir, les choses. Comme si seul lui importait de garder le pouvoir sur lui-même. Ce qu’il a fait. Résistant quinze ans à un cancer qui en tue d’autres en cinq ans. Au journaliste qui lui demande s’il pense à la mort, il répond cette phrase formidable : « Je sais que je vais mourir, mais je n’y crois pas…. Comme vous d’ailleurs, je pense. » Cette phrase m’a rappelé celle de Jean-Marie Pelt, un jour où nous parlions tous les deux de l’urgence écologique : « Tout le monde sait que nous allons à la catastrophe, mais personne n’y croit, c’est là le problème. » Joli sujet de philosophie : « Savoir est-il suffisant pour agir ? » Et à l’inverse, certains croient en Dieu sans savoir s’il existe ou non. L’homme est un être irrationnel qui se croit rationnel.
A la demande de Mitterrand paraît-il, Ali Bagoudi a tiré de ses entretiens, un livre qui ne devait paraître que dix ans après sa mort. Ce livre, "Rendez-vous" est effectivement paru en 2005, je l’ai manqué mais vais me le procurer. Bagoudi a aussi commis un ouvrage sur les phrases de Nicolas Sarkozy. En en lisant quelques-unes, on tombe de haut, c’est vertigineux, après la hauteur de vues de « Mitterrand et la psychanalyse », ce contentement de soi vulgairement exprimé. Là où je suis en vacances, j’ai emporté « ces fous qui nous gouvernent » où sont brossés les portraits psychologiques de NS et de Ségolène royal par des psychologues américains spécialisés en psycho politique. Politique française vue de l’intérieur par des gens extérieurs…
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