Le 15 mars 1968, Pierre Viansson-Ponte écrivait dans « le Monde » : La France s’ennuie, Les Français s'ennuient. Ils ne participent ni de près ni de loin aux grandes convulsions qui secouent le monde »
Six semaines plus tard éclatait mai 68 dont l’influence imprègne encore les mémoires aujourd’hui.
En novembre 1989, un éminent politologue déclarait à ses élèves de Sciences-Po : « un jour ou l’autre le bloc communiste disparaitra, mais ce n’est pas demain la veille ! » Le lendemain, pendant son cours, un appariteur vint lui chuchoter à l’oreille que le mur de Berlin venait de tomber. « Tout le monde peut se tromper » répondit le professeur en quittant aussitôt son cours.
En décembre 2010, ils ont à peu près tout prédit pour 2011: séismes, attaques terroristes aux Etats-Unis, détournements d’avion, un bébé à l’Elysée, des tensions avec Israël, des attentats au Pakistan… mais pas un astrologue, voyant ou numérologue n’a prédit les révolutions qui se déroulent actuellement dans les pays arabes. (photo du site "arrêt sur images")
http://www.besoindesavoir.com/articles/voyance/esoterisme/parent/297
Pas un expert politologue non plus…
Conclusion 1 : les grands événements sont souvent imprévisibles et viennent de la population et non des décideurs.
En Tunisie, Egypte et Libye, les manifestations sont quotidiennes, ininterrompues, de plus en plus massives. En quelque sorte, la révolution est comme une mayonnaise : pour qu’elle monte, il faut remuer, remuer sans s’arrêter, faute de quoi elle tourne court.
Conclusion 2 : plutôt que 8 manifestations espacées (avec jusqu’à 3 millions de manifestants tout de même) contre la politique du gouvernement français, 8 manifs à raison d’une chaque jour auraient peut-être été plus efficaces. (certes il n’y a pas commune mesure entre les dictatures arabes et le régime français, mais de tous les pays d’Europe, nous sommes le seul où le président a tous les pouvoirs sans responsabilité de ses actes pour contrebalancer cette « monarchie républicaine ».
Mai 68, comme la chute du mur de Berlin avaient donné l’espoir d’un monde plus libre, plus chaleureux, plus fraternel, plus égalitaire On en est aujourd’hui, à l’Ouest comme à l’Est, à des oligarchies arrogantes, politiques, financières, voire maffieuses, qui creusent les inégalités, sapent le lien social et exacerbent les frustrations le racisme et la violence.
Conclusion 3 : la révolution ne suffit pas à créer la démocratie, lorsqu’à un régime autoritaire ou une dictature succède la dictature de l’argent d’autant plus pernicieuse que son pouvoir dépasse les frontières et que l’argent est le seul dictateur qui fait croire à ses esclaves que son culte les rend puissants.