Ca usine dur, dans les différents partis, pour concocter des programmes séduisants, soit en promettant « avec nous, vous serez plus heureux qu’aujourd’hui » (au minimum, sinon à quoi bon ?) ou « vous allez en chier, mais ça prouve qu’on est sérieux et crédibles ». Ca, c’est l’argumentaire UMP : pour les UMPistes, être sérieux et crédible, c’est faire suer les peuples et leur faire payer les égarements (pour ne pas dire connivences) entre Phynance et Politique qui aboutissent au paradoxe que sur une planète qui déborde de richesses, pour certains indécentes, on ne propose aux générations futures que du sang, des larmes et de la pollution. Et on s’étonne que quelques-uns en deviennent violents !
Seule façon de se faire une opinion précise : examiner dans le détail si ce que les candidats proposent permettrait de, réellement, sortir du bourbier dans lequel on se trouve et de la logique de croissance/accumulation/spéculation à l’origine de la crise. Pour l’instant, aucun des deux candidats présumés être au second tour ne propose sérieusement de sortir du système capitaliste, ni de mettre l’écologie au cœur de la vie publique. Pourquoi serait-on obligé de voter pour eux ? Qu'est-ce que c'est que le "vote utile" sinon un piège antidémocratique qui zappe le premier tour au profit du second. Pas envie de panser un monde pourri, plutôt de penser un monde nouveau.
J’ai donc lu le programme du Front de Gauche publié chez Librio (2 €). Il y faut du courage, car le style, loin des envolées lyriques de Mélenchon, a le rythme lancinant d’un discours du parti communiste. Certes, les propositions sont séduisantes: qui refuserait d’augmenter les bas salaires, mettre la culture au cœur de la politique, ou donner la priorité à l’éducation, restaurer la démocratie ? Mais ce catalogue de résolutions vertueuses oublie de préciser, en face de chaque mesure, comment elle serait financée et quel type de société, de rapports humains, elle dessine. Ca en parle un peu en conclusion, mais de façon vague et pas enthousiasmante. Dommage… J’ai ensuite lu le discours d’Eva Joly présentant son budget écologique 2012, puis le budget proprement dit. Je ne le détaillerai pas ici bien qu’il ne soit pas interminable et se lise facilement, mais vous le trouverez sur son site :
De toutes les déclarations d’intention lues ou entendues, ce document est le premier vraiment sérieux et crédible, clair, lucide et capable d’ouvrir la voie à une société plus juste et équilibrée. Un seul exemple, pour le reste, vous lirez vous-mêmes. Alors que l’UMP table dans son projet de budget sur une croissance de 1,75% tout en avouant d’emblée que c’est sans doute optimiste, tandis que le projet socialiste se base sur 1,7 (2,5% dans sa première mouture), Eva Joly, rappelant que les prévisions les plus pessimistes annoncent 1% de croissance, a bâti son budget sur une croissance de 0,8%
de façon à avoir plutôt une marge de manœuvre qu’un déficit inattendu.
Certains la trouvent austère, pas drôle, pas glamour, pas charismatique. C’est vrai qu’à force de dire que pour être Président(e) il faut y penser chaque jour depuis 25 ans et que seul(e)s ceux qui ont cette obsession réussissent, on en viendrait à élire les plus perturbés au lieu des plus compétents. En payant durant des années la psychothérapie que leur offre le pouvoir.
Mais il n’est pas trop tard pour changer…