Je vous avais parlé en son temps du documentaire "Zambie: à qui profite le cuivre?" racontant comment la société Suisse Glencore, soutenue à l'époque par la Banque Européenne d'Investissement, exploitait le cuivre de Zambie sans reverser un centime au gouvernement zambien et a fortiori à son peuple, puis le revendait au prix du marché sans payer d'impôt, vu que la filiale le commercialisant se trouvait dans un paradis fiscal. Le documentaire décortiquait cette fraude fiscale ô combien répandue- rappelant au passage que Glencore avait déjà été lourdement condamnée aux Etats-Unis sur ce motif- et montrait les conditions environnementales et sociales lamentables dans lesquelles se déroulait l'extraction du cuivre: sols pollués par des toxiques, enfants contaminés, etc.
Ce film réalisée par deux jeunes femmes talentueuses, Alice Audiot et Audrey Gallet, vient de recevoir le PRIX ALBERT LONDRES, la plus haute récompense journalistique. Il le mérite à double titre. Il est passionnant à regarder:
vimeo.com/25000940
et a contribué à la justice: quelques jours après la diffusion sur France 5, la BEI a annoncé qu'elle allait cesser de financer Glencore et le gouvernement Zambien a réclamé à la firme les sommes qui lui étaient dues. (j'ignore s'il les a reçues).
Il était temps! L'association "Les Amis de la Terre" travaillait sur ce dossier depuis deux ans, et avait moult fois alerté les instances européennes et internationales sur ce scandale, recueillant l'approbation morale des intéressés... mais aucune décision. Comme quoi, il arrive que la télévision et la médiatisation donnent un coup de pouce efficace à l'action militante, comme cela a été le cas pour "le monde selon Monsato", "le cauchemar de Darwin" ou "we feed the world."
La jeune femme qui pilote les documentaristes à travers l'épineux dossier Glencore et explique les enjeux de ce scandale s'appelle Anne-Sophie Simpère. C'est ma fille aînée, elle a travaillé cinq ans aux Amis de la Terre avec une persévérance et une combativité efficaces, elle s'est également investie bénévolement au service d'une ONG en Inde, et donc, je le dis sans aucune modestie, je suis très fière d'elle, et émue que nous soyons sur ce point idéologique en parfaite harmonie.