Marseille, ce n'est pas que l'OM et les règlements de comptes, ni même que le très beau musée MUCEM ou les rues en pente du quartier du Panier. Marseille est avant tout une ville sans banlieue, puisque sa banlieue, c'est la Méditerranée. Et les calanques. Qui ne sont pas seulement la promenade du dimanche des Marseillais et la randonnée d'été des estivants, pas seulement les points de vue sur Sormiou et Morgiou, pas seulement le point d'entrée vers les plongées des Impériaux dont le commandant Cousteau, après avoir exploré tous les spots de la planète disait qu'elles comptaient parmi les trois plus belles plongées du monde.
En ces temps de froidure et grisaille tant météorologique que sociale, une plongée dans un beau livre est une respiration. Noël est la saison des "beaux livres", comme s'il existait de "laids livres", mais celui que je viens de refermer est vraiment beau, à cent lieux des nombreux ouvrages touristiques consacrés à Marseille et son rivage. Les deux garçons qui l'ont écrit et illustré sont deux amoureux des Calanques qu'ils arpentent depuis l'enfance sans jamais se lasser. Ils en connaissent l'histoire, les secrets et surtout les humeurs changeantes qui font qu'un même buisson apparaît couleur feu page 43 et bleu page 52. Question d'angle et de lumière, uniquement.
Philippe Richaud, le photographe, a utilisé une chambre photographique, un pied et des pellicules. Argentique à l'ancienne. Sans aucun filtre ni retouche.Le bleu époustouflant de la Mer sur certains clichés ne doit rien au matériel, tout au savoir-faire du photographe et à son infinie patience qui l'ont fait attendre autant qu'il le fallait la lumière naturelle qu'il souhaitait. Florent Favier, auteur du texte, officie d'ordinaire au Parc national du Mercantour. Expert de terrain, connaissant aussi bien l'histoire des roches et des plantes que celle des hommes qui ont modelé- pas toujours au mieux- les paysages, il s'est départi du discours officiel et scientifique au profit d'un texte poétique et sensuel, celui-là même qu'appelaient les photos.
Devant un beau paysage, même en photo, on se sent physiquement mieux. Mentalement apaisé. Ce sentiment de bien-être profond, quasi mystique, s'appelle "le sentiment océanique", même s'il se produit face à la Méditerranée...
Que les auteurs me pardonnent si ces photos extraites du livre ne rendent qu'imparfaitement sur écran.
Si vous êtes à Marseille ce week-end, n'hésitez pas à aller les rencontrer samedi à partir de 16h, à la Librairie Maupetit, 142 La Canebière)