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16 novembre 2023 4 16 /11 /novembre /2023 10:28

Il fut un temps où on ne parlait plus de la mort ni des morts, sauf à la famille et aux proches du disparu. Ce qui aboutissait à des situations parfois cocasses, comme lorsqu'un voisin demanda à notre mère des nouvelles de son mari, mort plus de deux ans auparavant. La question la surprit tellement- elle pensait que tous les habitants de la ville lisaient les avis de décès dans le journal local-qu'elle eut un fou-rire qui déconcerta terriblement son interlocuteur lorsqu'elle lui apprit le décès.

Puis, il y a une vingtaine d'années, la Faucheuse a réapparu avec l'expression consacrée: "Untel" "Unetelle" nous a quittés. C'était déjà assez flou, surtout dans des décennies où divorces et séparations étaient  nombreuses, il pouvait y avoir confusion...

Mais la confusion est massive aujourd'hui où sur les réseaux sociaux sont annoncées les morts de personnalités diverses, de ses parents, grands-parents, cousins et cousines, ami.es, de son chien, son chat et parfois même de poissons rouges en ces termes: " Untel, Unetelle, Rex ou Câline" est partie.

Si une amie me dit en sanglotant: "C'est terrible, Alexandre mon amoureux est parti", je ne sais s'il faut lui répondre "Ah le salaud, mais ne t'en fais pas un de perdu, dix de retrouvés!", ou "Sincères condoléances, je suis tellement désolée."

Il n'y a que pour les guerres et les cataclysmes qu'on parle encore de morts, en les comptant par dizaines, centaines ou milliers. Morts anonymes, donc, qui seront gommés au prochain chiffrage, au prochain naufrage. Car si l'on disait "trente migrants sont partis aujourd'hui en Méditerranée" certains hurleraient  à l'invasion migratoire, et si l'on parlait de départ pour les morts en Israël et Palestine, cela prêterait carrément à confusion.

Bref, osons dire ou écrire "mort" comme on commence à oser dire "cancer" au lieu de "longue maladie". Ne pas nommer les choses ne les rend pas moins difficiles, les nommer pas plus difficiles.

(joli crobard d'Andiamo)

 

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4 novembre 2023 6 04 /11 /novembre /2023 18:27

Mon cher Reiser,

Aujourd'hui il pleut des cordes, les tempêtes se succèdent, on se bat toujours en Ukraine et les bombes pleuvent sur la bande de Gaza, ajoutant chaque jour des dizaines de morts aux milliers déjà recensés. Ce dont nous parlions jadis- le dérèglement climatique, les pesticides poisons, la raréfaction de l'eau, les accidents et incidents nucléaires-  s'est produit vu que personne n'a prêté attention aux cris d'alarme lancés par moult scientifiques et auteurs depuis 50 ans et plus.

Bref, comme tu aurais dit, "On vit une époque formidable".

Je me souviens du déjeuner que tu m'avais concocté dans ton petit appartement du 14ème, beau, bon et bio, et de la fierté enfantine que tu avais eue en me montrant les panneaux solaires alimentant ton éclairage et ton frigo: tu étais carrément précurseur!

Je n'oublie pas ton rire tonitruant lors des soirées de bouclage à Charlie-Hebdo et ton goût immodéré pour les blagues pipi-caca-zizi, sans aucun machisme. Tu pensais les femmes bien plus intelligentes- bien plus malignes disais-tu- que les hommes, croqués par toi en "Gros dégueulasse" avec slip trop grand et couilles pendantes.

Au fait, sais-tu que tous tes copains de l'époque, sauf Delfeil de Ton, sont morts aujourd'hui? Cavanna et Gébé de maladie, Bernier d'usure, et les autres assassinés. T'imagines ça: le gentil, le doux Cabu tué à la kalachnikov!

Tu es mort à 42 ans, le 5 novembre 1983, d'un cancer des os, précédant mon père de cinq semaines. Autant te dire que l'hiver 83 me fut bien triste, tout comme cette année 2023 me paraît assez pourrie à titre personnel et général. 

Mais je garde à l'esprit la chance que j'ai d'avoir vécu avec toi et les autres ces moments joyeux d'il y a 40 ans et bien d'autres jubilatoires ensuite, et pour conclure sur une facétie d'humour noir que tu ne renierais pas, je t'informe, toi qui t'appelles Jean-Marc, qu'aujourd'hui Jean-Marc Reiser est le patronyme d'un tueur en série!  

 

 

 

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18 septembre 2023 1 18 /09 /septembre /2023 15:29

Il faisait un temps superbe, ensoleillé mais pas trop chaud, avant l'orage qui n'éclata que le soir. Ce 17 septembre, entre "l'Etonnant festin" qui mêlait nourritures du terroir comme nourritures internationales, avec des causeries sur l'agriculture, l'élevage à dimension humaine ou la question de l'eau, je me suis régalée à tous les sens du terme car ce qu'on y servait était vraiment délicieux. Il y avait un monde fou, tout comme un peu plus tard à l'expo photo du centre photographique Fontfreyde,  installé dans un superbe hôtel particulier du 16ème siècle. La chorale universitaire nous y gratifia d'un concert de musique de multiples époques et styles, malicieusement présenté par le chef d'orchestre qui est, dans la vie,  professeur de lycée.  

J'ai terminé par une exposition "Le temps de la Méridienne" au musée Bargoin, qui présente jusqu’en mai 2024 les vestiges archéologiques découverts lors de la construction de l'autoroute A75 dite "la Méridienne".  Collection riche, très documentée, qui permet de mieux connaître la vie des humains de la région il y a environ 5000 ans. 

Bien sûr, impossible de voir tout ce qui est proposé lors des Journées du patrimoine, et c'est le cas partout en France: on y croise énormément de monde, des gens de tous les âges, des enfants, des jeunes, des touristes comme des locaux, souriants et paisibles pour la majorité, preuve que la culture est un puissant facteur de cohésion sociale, un besoin vital, et qu'il est donc absurde et contre-productif d'en réduire massivement les subventions, n'est-ce pas Laurent Wauquier (président de la région Auvergne-Rhône-Alpes) ou les décideurs de la région Grand Est...

En revanche, pensée émue et pleine de gratitude pour Jack Lang, ministre de la Culture de François Mitterrand, qui initia en 1981 la Fête de la musique sur une idée du musicien Joël Cohen et en 1984 les "Journées ouvertes des monuments historiques" à l'origine des actuelles Journées du Patrimoine. Un ministre de la culture, homme de théâtre, réellement cultivé, c'est devenu rare et c'est une des choses qui m'attachent à la gauche, la vraie, comme la retraite à 60 ans votée en 1982 (devenue 62 ans en 2012 sous Sarkozy, puis 64 ans sous Macron), l'abolition de la peine de mort, les radios libres et cette idée qu'il est possible de rendre le monde plus vivable et joyeux pour toustes et non pour seulement quelques privilégiés.

 

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10 septembre 2023 7 10 /09 /septembre /2023 20:39

Le dimanche 9 septembre 1973 à la Fête de l'Humanité à Paris, alors que couraient des rumeurs inquiétantes sur la situation au Chili, Georges Marchais affirma que tout allait bien là-bas, et que Salvador Allende gardait le contrôle. Deux jours plus tard, le 11 septembre au matin, des chars blindés attaquait le Palais présidentiel de la Moneda, la junte militaire armée jusqu'aux dents l'envahissait et le président Allende, démocratiquement élu trois ans plus tôt, adressa plusieurs messages au peuple chilien puis se suicida plutôt que de fuir à l'étranger comme cela lui était proposé ou de tomber aux mains du général Augusto Pinochet qu'il avait nommé commandant en chef de l'armée chilienne et qui le trahissait sans la moindre hésitation.

S’ensuivit une dictature sanglante qui fit officiellement 3000 morts et sans doute bien plus, sans compter les disparus, les torturés marqués à vie et plus de 200 000 exilés. A cette époque, je m'en souviens, on accueillit en France beaucoup de réfugiés Chiliens ainsi que des Argentins, Boliviens, Uruguayens, Brésiliens, les dictatures latino-américaines, mises en place et/ou soutenues par les Etats-Unis faisant de ce continent un territoire dangereux pour toute personne soupçonné de sympathie à gauche.

Sous la dictature Pinochet qui dura jusqu'en 1990, les Chicago's boys dépêchés par les États-Unis firent du Chili un laboratoire de l'ultra libéralisme, avec les résultats que l'on sait: une croissance économique importante profitant à une poignée de riches tandis que se creusèrent les inégalités et qu'augmentait la grande pauvreté. 

Comment se fait-il que malgré le courage du peuple Chilien et l’héroïsme des militants du MIR (extrême-gauche) qui soutenaient Allende, celui-ci fut aussi facilement renversé? Le documentaire d'Armand Mattelart "la spirale" réalisé en 1976 montre le plan ourdi dès l'élection d'Allende pour le renverser: fuite des capitaux et de riches Chiliens, élimination de militants du MIR, organisation de grèves et de boycott, manifestations de "ménagères" et enfin coup d'Etat du 11 septembre. Le tout avec le soutien d'ITT, compagnie américaine de télécommunications, et en raison de la faiblesse de la gauche Chilienne, divisée dès l'élection d'Allende. Terrible habitude des gauches plurielles de préférer se diviser plutôt que de s'unir pour gagner.

LA SPIRALE FILM D'ARMAND MATTELART

 

 

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31 août 2023 4 31 /08 /août /2023 11:55

Et un de plus! Philippe Garrel, talentueux cinéaste de la nouvelle Vague,  aurait demandé des faveurs sexuelles à des comédiennes en échange d’un rôle, ou les aurait harcelées. L’intéressé ne nie pas certains faits et s’en excuse même tout en disant qu’il n’a pas l’impression d’avoir commis des agressions sexuelles. Il a tenté sa chance, c’est tout, il a usé de son pouvoir de réalisateur face à des jeunes filles rêvant de faire du cinéma, il a fait ce que font nombre d’hommes de sa génération, les autres fermant les yeux sur ces agissements car tout le monde sait, évidemment, mais ne s’en offusque pas plus que ça.
Les gens s’étonnent que les plaignantes attendent longtemps avant de dire ou de porter plainte. Certaines évoquent la honte qu’elles ressentaient, d’autres n’osaient rien dire parce qu’on ne les aurait pas crues ou pire, elles auraient suscité un éclat de rire qui les aurait rangé illico dans la catégorie des filles coincetouilles.

Au cours de ma vie, j’ai eu affaire à des hommes persuadés que j’étais “open bar” et cela d’autant plus que j’écrivais des textes érotiques. Plusieurs fois je leur ai expliqué que pour écrire un polar point n’est besoin de braquer une banque et que, de la même façon, point n’est besoin de sauter sur tout ce qui bouge pour écrire des nouvelles érotiques. Ma chance est que voir une bite en pleine forme érectile ne m’effraie nullement, j’ai plutôt tendance à penser que le propriétaire de ladite bite est un grand malade: incroyable comme un écrivain, un scientifique de renom, un médecin dévoué peuvent être dépendants de ce bout de chair dressé lorsqu’ils gémissent: “ Tu ne peux pas me laisser comme ça!” Je l’ai déjà écrit: je déteste que leur excitaion amène ces éminents personnages à me tutoyer, et je les ré-informe qu’ils ne risquent aucun éclatement de testicules à réfréner leurs envies.

Ce qui me stupéfie en revanche, au vu de toutes les affaires qui émergent, est la complaisance qui a permis que ces agissements bénéficient de l’indulgence amusée de leurs congénères: “Depardieu est peut-être un adepte de la main aux fesses, mais pour moi il n’a pas violé” vient de dire Dominique Besnehard, agent producteur réputé, et le réalisateur Fabien Onteniente a lui aussi reconnu que Depardieu mettait volontiers la main aux fesses des jeunes comédiennes.
Il y a quelques jours, je parlais avec des amis des manifestations en Espagne à propos du baiser volé à une footballeuse par Luis Rubiales, président de la Fédération de football espagnole, et m’étonnait que les multiples affaires en France ne donnent pas lieu à de telles réactions populaires:
Mais un baiser volé, est-ce une agression sexuelle? interrogea un des garçons présents. Je veux dire: “la bouche est-elle un organe sexuel?”

Vaste question! Je commençai par répondre que tout organe pouvant être pénétré est un organe sexuel, ce qui est le cas de la bouche, puis, réalisant que les seins et autres lieux du corps seraient dans ce cas non sexuels, j’ai ajouté:
Pour simplifier, le corps d’une personne, femme ou homme, lui appartient et nul n’a le droit d’y toucher sans consentement de la personne. Avec cette définition, vous cesserez de hiérarchiser les agressions et de penser que juste un baiser ou une main aux fesses ne comptent pas. Ce qui compte, c’est que vous vous octroyez le droit de toucher sans permission, c’est la relation de pouvoir que vous prenez pour du désir.

Le baiser

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17 août 2023 4 17 /08 /août /2023 11:50

"Strange way of life", présenté hors compétition au dernier festival de Cannes- est un court-métrage de 31 minutes réalisé par Pedro Almodovar. Certains y verront juste un film avec - encore!- une histoire d'homosexuels, thème cher au réalisateur et manqueront ce qui fait la magnificence de ce court-métrage, le talent de son auteur. Que ça fait du bien un cinéaste qui soigne aussi bien le scénario que le casting, la lumière, les décors, la musique, le cadrage et j'en passe! 

"Strange way of life" est un western avec les codes du genre, les paysages grandioses, les chevauchées, la bagarre dans la poussière, les colts qui sortent comme un réflexe... et des cow-boys ( Pedro Pascal et Ethan Hawke)  d'une beauté intense, d'autant plus élégants qu'ils portent des vêtements griffés Saint Laurent, excusez du peu, mais parfaitement adaptés au sujet.

C'est aussi un film bourré d'émotion et de sensualité, qui parle de l'amour entre hommes comme peu savent le faire (excepté peut-être Ang Lee dans le mythique Brokeback Mountain dont Almodovar dit qu'il y a pensé en faisant "Strange way of life) et aussi de l'amour inconditionnel d'un père pour son fils.

A la fin de "Brokeback Mountain", l'un des personnages demande ce que peuvent faire deux hommes qui vivent ensemble dans un ranch. Pedro Almodovar apporte à cette question qui pourrait susciter des émois grivois une réponse merveilleuse, tendre et profonde que je me garderai de révéler, allez plutôt voir le film.

Et c'est pourquoi je pense l'homo et la bissexualité me troublent mille fois plus que les relations hétéros qui laissent aux hommes si peu de place pour exprimer à la fois leur virilité et leurs émotions.

 

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26 juillet 2023 3 26 /07 /juillet /2023 09:27
Il faisait chaud, très chaud à Maradi, où j'ai fait ma 6ème par correspondance car le plus proche collège était à Niamey, à 600km de là. Je travaillais de 6 à 9h du matin, quand l'air était encore respirable, et recommençais de 18h à 20h environ.
Entre les deux, il faisait chaud, très chaud: 38° dans les chambres, du coup on dormait dehors, sous les moustiquaires. Dès que nous éteignions nos lampes de poche, un frrrtttt.... frtttt... se faisait entendre: la ruée des criquets, moustiques et cantharides se posant sur les moustiquaires, et gare à nous si nous en avions laissé un fragment mal bordé, c'était l'assurance de piqûres et cloques sur la peau.
Un jour, sous l'aile d'un avion stationné sur le terrain d'aviation comme on disait là-bas, il avait été enregistré... 90°!
C'était aussi la période de méningite cérébro-spinale, qui tuait en 24h nombre de jeunes nigériens, ou de moins jeunes. En tant que "blancs" nous avions les moyens de prendre un traitement préventif qui nous assurait sinon de ne pas tomber malades, au moins de n'en pas mourir. Nous bénéficions aussi d'un ventilateur au plafond qui brassait l'air chaud et le rendait moins lourd.
Les villageois, eux, n'avaient pour s'abriter que l'ombre de quelques arbres, rendus malingres par la sécheresse. Et bien sûr ni ventilateurs et encore moins climatiseurs, sauf pour quelques fonctionnaires et notables.
Cette période de fortes chaleurs durait un peu plus de deux mois sans discontinuer: avril/mai et début juin, avant la saison des pluies et ses inondations qui rendaient parfois les pistes impraticables et faisaient s'écrouler les cases en briques de banco (argile séchée)
Pluies aujourd'hui raréfiées- changement climatique oblige- et désertification amplifiée...
Alors, quand je vois comment quelques jours de canicule pénibles mais atténuées par le confort dont nous disposons font la Une des infos, j'espère que tant de gens persuadés que les migrants viennent chez nous "pour les allocations" réaliseront que tout simplement la vie peut devenir invivable dans certains pays dont les habitants n'ont rien pour se protéger contre le réchauffement qui s'accentue. Et que les gouvernants occidentaux comprendront que déforester, c'est voler l'ombre salvatrice qui permet aux habitants des pays tropicaux d'y survivre.
MARADI, ZINDER, DAKORO... DE 38° À 90° (texte écrit il y a 4 ans sur Facebook)
MARADI, ZINDER, DAKORO... DE 38° À 90° (texte écrit il y a 4 ans sur Facebook)
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23 juillet 2023 7 23 /07 /juillet /2023 15:26

Il y a plusieurs années, Franck Lepage expliquait comment les mots créent la pensée et non l’inverse :

« Lorsqu’une personne mal payée ou travaillant dans des conditions lamentables s’appelait un « exploité », on pouvait envisager de lutter contre l’exploiteur et l'exploitation en général. Dès lors que ces personnes furent qualifiées de « défavorisés », plus de lutte possible : le terme « défavoriseur » n’existe pas et donc c’est juste que la personne n’a pas eu de bol. "

En quelques années, cette déformation du langage s’est généralisée, permettant à des idées jadis impensables de devenir réalité.

– Quand on qualifie LFI ou la NUPES « d’ultra-gauche » alors que ces organisations sont d’une modération presque coupable, et les militants écologistes « d’éco-terroristes » sur qui il serait légitime d’envoyer des projectiles létaux (ou létals ? Bref, pouvant tuer) on délégitime leur parole et leurs propositions. 

– Quand on renvoie dos à dos le RN et les mouvements précités sous l’appellation « les extrêmes » alors que leurs programmes n’ont rien à voir, excepté sur des évidences du style « il faut augmenter les salaires en raison de l’inflation. » on sème l’idée que seule est digne de gouverner la droite Macroniste, Wauquiériste, voire Ciottiste.

– Quand des journalistes envisagent sans grande émotion l’éventuelle coalition entre droite classique et extrême droite pour avoir une majorité de gouvernement en Espagne ou en France, qu'il semble loin le temps où Jacques Chirac, leader de la droite RPR, proclamait: "Ne composez jamais avec l'extrémisme, le racisme, l'antisémitisme ou le rejet de l'autre." Aux législatives de 2022, dans les triangulaires, la droite a préféré voter RN ou s'abstenir que voter Nupes, tandis que la Nupes, naïve, votait à droite pour "faire barrage" au RN. 

– Quand, une journaliste de France-info, radio de service public, évoque le rapport très documenté du site Basta sur les violences policières en concluant : « ces chiffres sont à prendre avec des pincettes car ce média est clairement classé à gauche, donc pas neutre. » C'est elle qui n'est pas neutre et on comprend pourquoi, peu à peu, la France glisse à droite.

A cause de ce dénigrement permanent de la gauche versus une acceptation indulgente de l‘extrême-droite, auquel s’ajoutent les rivalités absurdes au sein même des mouvements se réclamant de la gauche. Alors celle-ci devient transparente, même si elle agit là où il y a des luttes sociales, des grèves, des menaces de fermetures d’entreprise… mais de cela on ne parle guère. L'insécurité, les faits-divers sordides, la peur des immigrés, les images spectaculaires, ça vend mieux!

Pourtant, quand on explique calmement les choses, ça change tout. Récemment, une femme m’a abordée en pleine rue pour me dire qu’il y en avait trop, vraiment trop…

Trop de quoi ?

De noirs, d’Africains. Je ne suis pas raciste mais y en a trop…

J’ai admis qu’ils sont effectivement nombreux, puis apprenant qu’elle n’avait eu aucun problème avec eux, sinon la peur diffuse qu’ils lui inspirent, je lui ai dit :

Imaginez que vous vivez dans un pays où il fait plus de 40° plusieurs mois dans l’année, où la sécheresse a ruiné les récoltes et rendu la nourriture rare et chère, où vos enfants ne peuvent être scolarisés parce que vous manquez d’argent pour payer leurs frais d’études, est-ce que vous n’auriez pas envie d’aller dans un pays où les conditions de vie sont moins dures, pour y trouver un travail et assurer un avenir à vos enfants ? Parce que s’il n’y a pas urgence, vous savez, personne n’a envie de quitter son pays et ses amis.

Elle l’a admis d’un songeur : « Je ne voyais pas les choses comme ça, merci. »

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14 juillet 2023 5 14 /07 /juillet /2023 12:23

Vous êtes un homme rare. Stupidement rare lorsque vos longues absences me donnent à penser que vous devenez un être virtuel, une illusion ou pire : un souvenir. Voluptueusement rare lorsque des traces de vous sur moi réveillent mon désir en des lieux incongrus. 

Plaisir délicieux, en épluchant un fruit, de revoir les gestes de vos mains occupées à en disséquer un autre. Je me souviens avoir été émue du soin que vous y mettiez, ce soin tout aussi minutieux dont vous faites preuve lorsque vous posez les doigts sur mon ventre. Quelques secondes qui me semblent des siècles, durant lesquelles j'anticipe la caresse à venir tandis que vous enregistrez la tiédeur de ma peau, l'amorce d'un frémissement. 

De ces secondes où vous savez patienter et me faire patienter dépend la violence de mon envol…

Je vous tairai mes démesures si vous ne pouvez les comprendre, mais ne comptez pas sur moi pour y renoncer. J'aime trop le risque de vous aimer et la façon dont je dompte cet élan comme on mate un pur sang, en souhaitant tour à tour le rendre docile ou bien qu'il m'échappe et m'entraîne au-delà des limites admises. 

J'aime m'aventurer sur cette frontière ténue entre le jeu et le vertige

Je me souviens avoir été émue par votre main posée sur le dossier d'une chaise. Et de la voir ainsi, à plusieurs mètres de moi, je l'ai découverte semblable et différente, un peu comme on s'éloigne d'un tableau pour mieux en apprécier la composition. 

Une nuit, mes mains se sont arrondies sur la courbure de vos fesses. J'en ai senti la ferme élasticité et ma paume a frissonné au contact de la peau si douce à cet endroit là. Mes doigts ont gardé en mémoire l'onde de formes de vos fesses. Désormais, il leur suffit de s'arrondir pour les sentir à nouveau. Les yeux fermés, l'illusion est parfaite.

Vous êtes sous la douche, j'écoute le bruit mouillé de vos mains glissant sur votre corps, j'imagine l'eau coulant sur votre peau et la déshabillant peu à peu des bulles de savon. Je vous imaginais ainsi quand vous êtes sorti de la salle de bains.

Tu m'as semblé si beau que j'en suis restée muette.

Je t'ai suivi des yeux et j'ai remarqué une cicatrice, là, quelques rides ici, une courbe incertaine vers les hanches, que mes doigts avaient suivie cette nuit là, en la caressant… J'ai tout noté, tout mémorisé pour les jours d'après.

Passé quarante ans, le corps des hommes raconte leur histoire, leurs bonheurs et leurs blessures. Je passerais des heures à le décoder, à le séquencer, Champollion du désir face à d’intimes hiéroglyphes si brûlants, si forts que je les garde en mémoire pour toujours dès que j’y pose les doigts.

https://www.google.com/search?q=SYLVAIN+GROUD+BERENICE+BEJO&client=ubuntu&channel=fs&source=lnms&tbm=vid&sa=X&ved=2ahUKEwjW6pG3_42AAxXrVKQEHQsUAqM4ChD8BSgDegQIAhAF&biw=1294&bih=627&dpr=1#fpstate=ive&vld=cid:46596dd1,vid:RgFdhuC82gU

 

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6 juillet 2023 4 06 /07 /juillet /2023 10:32
1979: Je publie “Frapper les cieux d’alignement” (éd. JC Simoën) enquête sur la difficulté de vivre dans les grands ensembles,appelés aujourd’hui cités ou quartiers, inspirée par “l’homme et la ville” de Henri Laborit (1971), L’architecte Jean Renaudie, Gébé, Reiser, et divers auteurs, urbanistes, sociologues et médecins.
1982: j’envoie ce livre au président Mitterrand en lui écrivant que s’il a évidemment le droit de déjeuner avec la chanteuse Rika Zaraï, il serait bien avisé de se préoccuper du sort des jeunes de banlieue autrement qu’en survolant leur habitat en hélicoptère. (C’était après les émeutes à Vaulx-en-Velin). Mitterrand me répond qu’il a trouvé ma lettre “injuste mais sincère” et souhaite que nous en parlions ensemble. J’attends toujours le coup de fil de son secrétariat censé me fixer rendez-vous.
1991: après Mitterrand, Jacques Chirac fustige: “Le travailleur qui habite à la Goutte-d'Or et travaille avec sa femme pour gagner environ 15 000 francs. Sur son palier d'HLM, il voit une famille entassée avec le père, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses, qui touche 50 000 francs de prestations sociales sans, naturellement, travailler. […] Si vous ajoutez à cela le bruit et l'odeur, le travailleur français, sur le palier, il devient fou. »
2005, après les émeutes à Argenteuil, Nicolas Sarkozy: “Vous en avez assez de cette bande de racailles? Eh bien on va vous en débarrasser”. C’est lui qui voulait nettoyer les cités au Karcher…
2015: François Hollande n’a pas ou peu parlé des “quartiers”, les attentats de janvier et novembre 2015 les avaient relégué au second plan, c’est compréhensible.
 
2025: émeutes après la mort de Nahel, jeune homme de 17 ans tué à bout portant par un policier. La France s’embrase, violences, dégradations, incendies et toujours le désarroi du reste de la population et l’incompréhension des politiques.
 
Pourquoi tant de violence? Sans doute parce que cela fait plus de 50 ans comme le montre ce court résumé que nul ne se préoccupe du mal-être des habitants des cités, de la ségrégation raciale et sociale, de la suspicion systématique qui les amène à être contrôlés par la police dix fois par jour, du manque d’avenir excepté pour quelques exceptions toujours montées en épingle (Djamel Debbouze en tête) de la dégradation des immeubles, des ascenseurs en panne, des transports erratiques. Nul ne s’en préoccupe, excepté en cas d’émeutes. Alors il y a émeutes pour se faire entendre, ce qui est plus que navrant lorsque la violence devient le seul moyen d’expression.
Jean-Louis Borloo a remis en 2018 un rapport très étoffé sur les banlieues et les mesures à prendre, rapport négligé par Emmanuel Macron estimant que ce n’était pas à deux “mâles blancs” de s’occuper de ce problème. Sauf que le mâle blanc (ou mal blanc?) au pouvoir est le seul à pouvoir mettre en œuvre et financer ce qui devrait l’être, et pas seulement des effectifs de police.
Que disent les infos en continu? "Après 5 nuits d'émeutes, le calme semble revenir". Comme si le calme pouvait être autre chose qu'une accalmie tant qu'on ne s'attaque pas aux causes...
 

 

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et la non moins superbe vidéo sur "Aimer plusieurs hommes",  toutes deux réalisées par Douze Films Prod (www.douzefilms.fr) 

Pour être informé de la disponibilité de "Aimer plusieurs hommes"et de "Himlico et autres contes", contacter: simpere.autresmondes@gmail.com 

  "Autres désirs, autres hommes" étant épuisé en version papier, il a été réédité en ebooks regroupant les nouvelles par thèmes: Que vous aimiez le sexe entre amis (sex-potes), les aventures insolites (Belles rencontres) la transgression (Jeux et fantasmes) vous y trouverez votre compte.  En vente chez IS éditions   et sur la plupart des plate-formes de livres numériques, plus FNAC, Amazon, etc. Sexe-potes.jpg

 
 

 

 


 

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