Ces phrases que l'on dit, qu'on entend, que l'on répète parfois, juste parce qu'elles imprègnent si profondément notre inconscient que beaucoup de gens sont déçus lorsqu'ils se trouvent face à la réalité amoureuse.
L'Amour est aveugle : cette phrase absurde (serait-ce merveilleux, un sentiment qui rend infirme ) explique le désarroi de ceux (celles) qui, lorsque leur regard devient critique envers l'être aimé(e), se demandent s'ils (elles) aiment encore. Pourtant, c'est précisément quand on accepte l'Autre avec ses imperfections qu'on commence à l'aimer vraiment. Pour ce qu'il (elle) est. Pas pour ce qu'on souhaiterait qu'il ( elle) soit.
( à partir de maintenant, je ne préciserais plus « il » (elle), étant entendu que ce billet s'adresse de la même façon aux femmes et aux hommes, qu'ils aiment des hommes, des femmes, ou les deux.
Coup d'un soir ou histoire sérieuse? Seul le temps le dira. On peut passer une nuit d'anthologie avec une personne et s’apercevoir qu'on n'a pas du tout envie de la revoir, ou à l'inverse découvrir une complicité d'enfer avec une autre, qui ne nous a pas fait grimper aux rideaux.
Je t'aimerais toujours : promesse de Gascon ! C'est à la fin de sa vie qu'on sait si on a aimé et qui on a vraiment aimé, pas au moment où on tombe amoureux (tomber, bizarre que l'Amour commence par une chute...).
Je ne te reverrai jamais, jamais !!!: colère de Gascon. Des ruptures peuvent se transformer en retour de passion, d'amour ou d'amitié. Des liens distendus par le temps ou les circonstances se renouer lors de retrouvailles inattendues.
Toujours ou jamais sont des mots à bannir de l'univers amoureux. Ils l'enferment alors que l'amour a besoin de portes ouvertes et d'inattendu.
On s'aime comme au premier jour : Eh non... Dès le 2ème jour, l’amour commence à évoluer, alors trois, cinq ou dix ans après... Si l'on veut exprimer qu'on est toujours amoureux, pourquoi pas, mais cela ne garantit pas la solidité dudit amour. Voir la séparation de DSK et Anne Sinclair après que celle-ci eût maintes fois déclaré : « On s'aime comme au premier jour ».
Avec toi, ce n'est plus comme au premier jour ( variante : ce n'est plus comme avant) Heureusement ! Si l'amour se figeait dans l'état du premier jour, ce serait terrible ! Signe qu'aucun des deux amoureux n'a grandi, appris, évolué... Signe d'une infinie monotonie de la relation et surtout d'un refus du temps qui passe et crée notre histoire commune comme nos histoires personnelles.
Si on va voir ailleurs, c'est qu'on ne s'aime plus : si on va voir ailleurs, c'est qu'on a des yeux pour voir- ouf!- et découvrir qu'il existe de par le monde bien des personnes intéressantes, stimulantes, aimables, ce qui est plutôt réconfortant. Que le désir puisse s'en mêler est plutôt bon signe, signe de vitalité...
Si on n'est pas pas jaloux, c'est qu'on n'aime pas vraiment : pour ne pas être jaloux, il faut aimer tellement une personne qu'on se réjouit de tout ce qui la rend heureuse, même lorsque ce qui la rend heureuse ne nous concerne pas. Être jaloux, c'est vouloir que le bonheur de cette personne dépende exclusivement de soi. Ce peut être désir de pouvoir, orgueil de se croire universel et merveilleusement « aimable », ou au contraire crainte d'être abandonné et manque de confiance en soi, mais ce n'est pas signe d'amour.
Je ne peux pas vivre sans toi : mais si, mais si... Jusqu'à ce qu'on se rencontre, tu as vécu sans moi. Tu le pourrais encore, même si toute rupture ou deuil restent douloureux. La réalité oblige à surmonter des épreuves dont l'idée même semble insupportable avant qu'elles ne surviennent. Enfant, l'idée de perdre ses parents est inimaginable. Lorsque cela arrive, le chagrin est immense mais- heureusement- la majorité des gens continuent à vivre et même à être heureux.
Si tu me quittes, je te tue : logique absurde. Certes « partir, c'est mourir un peu », mais mourir c'est partir beaucoup » ! En me tuant tu t’infligerais d'être quitté pour toujours, alors que la vie aurait pu, peut-être, nous faire nous retrouver.
Pour ranimer l'amour en temps de crise, rien ne vaut un week-end (une semaine) en amoureux :autant un week-end est merveilleux entre amoureux, autant ce peut être un cauchemar entre des personnes qui s'interrogent pour savoir si elles s'aiment encore. Mieux vaut prendre des distances pour réfléchir posément, sans agressivité, avec respect. Comme il est souvent nécessaire, dans un musée, de s'éloigner d'un tableau pour en apprécier pleinement la beauté.
Je veux sauver (préserver) mon couple ! Marronnier périodique des magazines féminins. Primo, le couple est-il la seule ou la meilleure façon d'aimer, au point que hors le couple, point de salut ? Pas forcément. Et même en optant pour la vie de couple, pourquoi vouloir le planifier comme un couple idéal avec des exigences et des enjeux qui le rendent angoissant ? Les gens qui passent plus de trente ans ensemble le disent souvent : « Ça c'est fait sans qu'on y pense et au final, ça a passé très vite ». Vouloir un « projet de couple » comme on a un projet professionnel fait de l'amour une composante marketing peu affriolante pour cet enfant de Bohême...
Le cul est le ciment du couple : pas vraiment... Le désir et le sexe sont les déclencheurs de la rencontre, l'eau qui rend le ciment humide (et pas que le ciment!), mais comme pour toute construction, il faut que l'eau s'évapore peu à peu pour que le ciment prenne et que la construction soit solide. Passée la « phase hormonale », le cul (le sexe) reprend donc sa vraie place, importante mais pas primordiale. Les sexologues rencontrent même des couples quasi platoniques mais heureux et très amoureux l'un de l'autre, qui ne consultent pas parce que le sexe leur manque, mais parce qu'ils se demandent s'ils sont normaux.
A la ménopause, le désir s'éteint :faux! A la ménopause, les hormones féminines destinées à la maternité cessent progressivement, mais la testostérone (hormone mâle, mais aussi hormone du désir) reste stable chez les femmes. Une femme ménopausée a donc physiologiquement tout ce qu'il faut pour désirer autant, sinon plus que lorsqu'elle était jeune ! Seul l'en empêche l'idée qu'elle se fait d'elle-même... et des hommes qui l'entourent. Plus le tabou social.
Pour finir, une phrase que j'adore :
« Aimer, c'est partager tout ce qu'on a envie de partager. Pour le reste, que chacun mène sa vie comme il l’entend. Seul cet amour est durable. » (Benoîte Groult)
Et un principe:
En amour, pour toute décision importante, se marier, concevoir un enfant ou se quitter, ne jamais décider dans la phase hormonale du désir (soit entre deux et trois ans) durant laquelle le jugement est fortement altéré.
BONNES VACANCES, AVEC DEUX CHANSONS AMOUREUSES :) LA SECONDE SPECIALEMENT POUR ANDIAMO