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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 23:58

coccinelle.jpgUn clou chasse l'autre, une actualité aussi. A peine est-on parti en guerre au Mali que Pistorius tue sa compagne, qu'une famille est enlevée au Cameroun, la croissance prise en otage par les politiques d'austérité, tandis que la viande de cheval remplace le bœuf dont les farines, elles, nourriront les poissons d'élevage avant que ceux-ci ne deviennent fous, mais à quoi reconnaît-on un poisson fou ?

Dans ce salmigondis d'informations, on avait quasiment oublié la crise grecque. Au point qu'on est tout surpris que François Hollande vienne d'y aller, en Grèce, surtout après avoir piteusement renoncé à ses convictions et dit oui à Angela Merkel et à l'austérité, mariage pas très gai.

Qu'on se rassure ! François Hollande était présent en Grèce, pour faire des affaires. « La Grèce a décidé un programme de privatisation. Les entreprises françaises seront présentes ». Car là-bas, tout est à vendre, les services publics, l'eau, l'énergie, les œuvres culturelles, les îles, les fonds marins … Ce qui attire les charognards du monde entier, comme la reconstruction de la Lybie et plus tard de la Syrie ( tiens, on en parle moins alors qu'on s'y massacre toujours beaucoup...) vont « ouvrir des marchés », quel cynisme !

Pendant ce temps, l'austérité, avec sa mine compassée de révérende vous condamnant à expier vos péchés de frivolité, répète aux gens qui bossent et à ceux qui ont le malheur de ne plus avoir de travail qu'ils vivent « au-dessus de leurs moyens ».

photo des comediensPour en revenir à la Grèce, ils ont le sens de l'humour (noir) les Grecs, au point de jouer une pièce intitulée « Vive la crise ! » tous les mercredis et jeudi à 21h30 à la comédie St Michel, 95 bd St Michel (75005). Spectacleproche du café-théâtre, ça commence sur un ton de farce avec des caricatures d' Angela (Merkel) Nicolas (Sarkozy) et Georges (Papandréou) mais un texte historique. Toute la pièce est en effet construite sur la mise en perspective d'extraits de discours de Papandréou,- dont on mesure avec le recul qu'il a vraiment dit n'importe quoi, langue de bois d'olivier massif- avec ce que vivent les Grecs. On y apprend au passage beaucoup sur les jurons grecs et la façon de maudire l'ennemi jusqu'à la 5ème génération, ça peut servir.

Affiche Qdeg A3 Vive la crise brute 2 versions 1Peu à peu, le rire fait place à l'émotion quand une scène tragique, puis une autre, nous rappellent des événements- suicide d'un vieux pharmacien, mort de trois jeunes lors d'une manifestation- qui nous avaient indignés à l'époque et furent vite oubliés, chassés par d'autres faits. Trop d'info tue l'info...

C'est pourquoi existe ce spectacle, comme l'explique l'auteur Alexandre Kollatos : « Nous sommes ici pour que personne n'oublie que la crise continue et que le peuple grec souffre ». Pour rappeler aussi que Georges Papandréou, malgré son échec, a été réélu à l'unanimité président de l'Internationale socialiste en 2012 et que depuis octobre de la même année, il fait des séminaires à Harvard sur la crise politico-économique pour un salaire mensuel de 46.000 euros.

L'austérité avec sa mine de supérieur maniant le martinet, oublie de s'indigner que des dirigeants d'Etats ou d'entreprises qui ont mené ceux-ci ou celles-ci à la faillite se reconvertissent sans difficultés avec des salaires indécents. Pourquoi essaieraient-ils de « sortir de la crise » puisque celle-ci n'a aucun effet dévastateur pour eux ?

L'austérité oublie aussi de dire à Laurence Parisot qu'une phrase telle que celle qu'elle a proféré : « Si l'accord négocié sur le droit du travail n'est pas voté par les députés tel que nous l'avons rédigé, nous le ferons savoir, cela pourrait dissuader les investisseurs étrangers de venir en France» est un chantage et même UN DELIT PENAL qui s'appelle : « Menaces et actes d'intimidation commis contre les personnes exerçant une fonction publique »

Je serais député, je porterais plainte contre madame Parisot, qui n'est en rien élue du peuple et ne représente qu'une minorité de patrons, mais verrait bien le Droit du travail décidé par le MEDEF et une CFDT bien ramollie plutôt que par les députés. Pour moi, vieillasse qui ai connu la CFDT du temps de Edmond Maire, un syndicat combatif, innovant, imaginatif, c'est un crève-cœur de voir ce que Nicole Notat et ses successeurs en ont fait.

Soyons un maximum à signer la pétition contre cet accord qui, s'il est voté, fragilisera définitivement les salariés sans pour autant créer des emplois.www.france.attac.org/articles/signez-la-petition-non-laccord-medef-cfdt et pour lui dire « non » le 5 mars prochain.

b-nin-janvier-06.jpgCe n'est pas grand chose, c'est mieux que rien. Il reste à définir comment rompre définitivement avec ce cynisme et cette brutalité érigée en mode de gouvernance politique ou économique. Parce que c'est injuste, certes, mais aussi extrêmement dangereux. La pauvreté et surtout le sentiment d'injustice sont un terreau idéal pour faire pousser fanatisme et violence. Ce n'est pas par hasard que se développent en Afrique des intégrismes qui n'avaient absolument pas cours il y a trente ou quarante ans. Que les actes violents : terrorisme, enlèvements, délinquance, suicides... se multiplient. Qu'une criminalité mafieuse- notamment blanchiment d'argent sale, corruption massive- s'insinue dans les économies du monde entier, au risque de les faire dépendre non plus de banquiers incapables et de politiciens pleutres, mais de criminels.

Et tout aussi navrant, la brutalité du monde finit par donner des envies de violence à de braves gens pacifiques qui n'auraient d'autres désirs que de vivre heureux et en paix.

 

album-400844.jpg

 

Magnifique chanson grecque, adaptée en français par Georges Moustaki

 

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22 février 2013 5 22 /02 /février /2013 12:06

califeCe matin là, le grand Calife demanda à son plus proche conseiller :

  • Dis-moi, Hérault, comment va mon peuple ?

  • Pas trop bien, sérénissime Calife, il broie du noir.

  • Qu'à cela ne tienne. Panem et circenses fit le Calife qui avait appris le latin au lycée. L'ennui, c'est qu'il n'y a plus guère de pain...

  • S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche !

  • Tais-toi, malheureux! Une phrase comme ça a conduit la reine à l'échafaud. Puisque manque le pain, va pour les jeux. Ils broient du noir ? Offrons-leur « 50 nuances de gris », ça sera déjà plus clair. 

 

Ainsi fut fait. Aux six coins du pays, héraults, communiquants et pubeux diffusèrent le livre qui éviterait de parler d'autre chose. Scénario idéal : un homme riche et puissant, une vierge gourdasse mais toute prête à sucer le gourdin si on la soumet, et qui en plus aime ça, la salope ! Ça ouvre des marchés, toutes les femmes du pays voudraient faire comme elle pour dégoter un riche.

vib petit paulu14353277.jpgLe grand Calife se dit que tant qu'à avoir des stocks de latex pour des pneus quasi en faillite, il allait reconvertir l'usine en fabrique de vibromasseurs, poupées gonflables et préservatifs. Marché juteux- oups!- pour emplir les caisses vides et rebooster le moral du peuple en lui faisant passer une... Good Year.

Le conseiller suggéra que dans la foulée du redressement (oups!) l'érection d'une usine de boules de geisha métalliques sur le site de Florange pourrait donner un souffle nouveau à la sidérurgie française, vu que les boules de geisha fabriquées en Chine provoquent souvent des allergies vaginales en raison de peintures toxiques destinées à les décorer, idée d'ailleurs absurde car une fois insérées, à quoi sert le décor ? (note pratique : c'est pas le nirvana, les boules de geisha, vu que l'intérieur du vagin étant très peu innervé, ça ne titille guère...)

Le Grand Calife et son conseiller en trompette de la renommée étaient contents, mais point trop non plus, car ils savaient qu'une telle diversion ne dure que le temps d'un rapport qui, même tarifé (le jouir de gloire est tarifé) ne dure pas assez pour faire oublier la marche inexorable des cruelles réformes.

 

Le Journal officiel du royaume, NO pour « Nous Occultons » décida d'aider le Pouvoir Suprême avec une nouvelle diversion, un scénario encore plus croustillant se passant dans le beau monde de la politique et de la presse sous prétexte de littérature.

  • nus.jpgAlors, mon hérault, comment va mon peuple ?

  • Il va bien, Grand Calife il va bien mieux.

  • Ca a donc marché, la diversion pipole ?

  • Pas vraiment, inégalable Calife. D'après les dernières enquêtes, le peuple n'a plus envie de baiser par procuration, ni d'acheter quoi que ce soit pour jouir. Il répond aux sondeurs : « Foutez-nous la paix, maintenant on baise entre nous : joyeusement, tendrement, voluptueusement ! Et c'est gratuit !

 

Le grand Calife se gratta la tête, contrarié :

- Mon hérault, je suis contrarié. Voilà que mon peuple a découvert la liberté, et s'il y prend goût, demain c'est la révolution.

 

 

 

 

 


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20 février 2013 3 20 /02 /février /2013 10:24

Juste une réflexion en passant:

 

capitalisme-malade.jpgSi réellement les ouvriers de Goodyear ne travaillent que trois heures par jour et arrivent à assurer une production rentable - puisqu'il a été précisé que le PDG américain de TITAN n'était intéressé que par la partie rentable de l'entreprise- c'est qu'ils sont foutrement efficaces, et le PDG en question est le roi des cons de ne pas vouloir reprendre l'entreprise. En faisant travailler les ouvriers ne serait-ce que 5h par jour, il exploserait la productivité!

 

Mais comme il paraît peu probable que ces ouvriers ne travaillent que trois heures par jour car cette anomalie aurait été découverte plus tôt, et qu'il est impensable qu'un PDG, même français, supporte une telle situation, la lettre du Titan reflète plutôt une idéologie: peur des syndicats- il paraît qu'il craint la CGT comme la peste- et volonté de dévaloriser la France, ce pays de petits bouffeurs d'escargots incapables d'accepter sans rechigner la bienheureuse mondialisation dont lui croit dur comme fer qu'elle rend le monde plus heureux, puisqu'il le constate pour lui et ses proches.

 

La lutte des classes, une notion ringade? Oh que non! Mais comme disait Warren Buffet, l'un des hommes les plus riches du monde "c'est nous la classe des riches qui sommes en train de la gagner?" Et il serait temps que les 99% prennent conscience que ce sont eux, et non les possédants, qui font que le monde réel fonctionne.

 


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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 13:11

J'ai revisionné il y a quelques jours cette vidéo qui me met les larmes aux yeux et la colère au cœur. (le lien mène à la version longue)

 

Ce qu'on voit là, c'est l'essence même de la crise morale qui va de pair avec la crise économique : le non-respect de la parole donnée, la cupidité, la loi du plus fort. Plus le coup de poignard dans le dos, le cynisme largement positivé versus l'honnêteté et la générosité dont on se moque comme de « qualités Bisounours » vous rendant incapables de survivre dans ce monde cruel.

Les larmes ne viennent pas seulement à cause de la fermeture des hauts fourneaux et de l'avenir de la sidérurgie. Elles jaillissent face à la détresse du syndicaliste- et de tous ses camarades- qui se battent depuis des mois, des années, et se voient promener par des mensonges et de fallacieuses promesses. Edouard Martin n'est pas un gamin trop sensible, c'est un bosseur, un combatif, un costaud... tout comme Xavier Matthieu chez Continental, aujourd'hui moralement cassé par ce qu'il a subi d'humiliations successives. Au-delà de la perte d'emploi et des problèmes matériels qui suffiraient déjà à briser nombre de travailleurs, il y a le sentiment d'impuissance, parce qu'on ne peut plus croire en personne. (je veux dire on ne peut plus croire dans les décideurs, il reste heureusement des millions de gens honnêtes!) et que même les syndicats, toujours enclins à moyenner et tergiverser parce que leur survie financière dépend entre autres du MEDEF, n'aiment pas trop ces gens qui défendent, en sus de l'emploi, leur dignité.

Dans le même temps, un documentaire sur ARTE montre comment les lobbyistes, ces hommes au carnet d'adresses précieux et au sourire permanent, portent à Bruxelles- c'est à dire à l'Union Européenne- les messagse d'une association de chefs d'entreprises pour que soit voté le démantèlement progressif de tout ce qui rend le monde plus vivable pour les travailleurs. Bruxelles est la plus grande place de lobbying après Washington. Ce ne serait pas grave si les entreprises se contentaient de créer de la richesse avec des activités utiles et bénéfiques à tous, la richesse en soi n'est pas une tare. Malheureusement, la cupidité transforme l'enrichissement en addiction financière pathologique, à satisfaire à tout prix, que ce soit par des décisions désastreuses pour l'environnement, des investissements hasardeux se soldant par un krach boursier ou des décisions désastreuses pour les travailleurs sommés de se soumettre au nom de la « compétitivité ».

couverture long-cours-2 moyenneEt puis, à force de reporter sur les États la prise en charge des faillites bancaires comme celle des travailleurs licenciés (même dans des entreprises viables ou florissantes) on endette ces États, qui sont alors gangrenés par l'argent sale de la corruption, des narcotrafiquants et autres mafieux. Une récente enquête de deux économistes Colombiens, citée par Roberto Saviano dans l'excellente revue « Long Cours » a révélé que 97,4% des bénéfices des narcotrafiquants colombiens sont ponctuellement recyclés dans les circuits bancaires des États-Unis et de l'Europe. Le blanchiment d’argent sale comme remède à la crise de la Dette, un mélange des genres détonnant... qui ne favorise pas une lutte efficace contre les trafiquants, le chien ne mordant pas la main qui le nourrit.

Voilà que je m'aperçois que j'ai écrit trois fois le mot « travailleurs » dans ce billet, je ne vais pas tarder à me faire appeler « Arlette » ! Cependant je maintiens, car le choix des mots influe sur la pensée et modèle les sentiments comme les idéologies.

Ce n'est pas par hasard qu'on nous parle en oxymore : « développement... durable » ou « flexi-sécurité », c'est juste une astuce pour faire croire qu'on peut poursuivre une croissance effrénée sans dommages et utiliser les salariés comme des « variables d'ajustement » sans qu'ils en souffrent. Ce n'est pas par hasard que les chômeurs sont devenus « en recherche d'emploi » sous-entendant que s'ils ne trouvent pas, c'est qu'ils cherchent mal. Revenons aux mots vrais : nous dénonçons le « cynisme » qui n'est pas du « réalisme », nous ne sommes pas des « partenaires sociaux » du patronat, plutôt « des adversaires respectueux mais déterminés », nous ne sommes pas dupes de « réformes » qui signifient « régression sociale » et savons qu'un point de croissance en + ou en – ne signifie rien quant à notre bonheur ou bien-être, puisque les accidents de voiture favorisent le PIB vu les dépenses qu'ils génèrent, alors que se déplacer sans encombres à vélo a une valeur économique quasi nulle.

La langue de bois fait rire, mais ne perdons jamais de vue qu'elle a une fonction idéologique. Parlez de droit du travail, de nationalisations, de prestations sociales, on vous traite d'archaïque accroché à une vision des années 60. Ce qui semble tout de même moins archaïque qu'une modernisation qui rêve de conditions de travail dignes du 19ème siècle, et pourquoi pas ? D'un retour à l'esclavage.

 


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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 18:36

En l'an 2000, Maryse Vaillant, psychologue et directrice de collection aux Editions la Martinière me demanda d'écrire un petit opus sur le thème: « Petits arrangements... avec la fidélité ». Devant le plan que je lui adressai quelques jours plus tard, elle s'écria que ce que je proposais et vivais ne relevait nullement de « petits arrangements », mais d'une conception tout à fait nouvelle de l'amour et du couple.

 

amoureux trioEn 27 ans d'expérimentation- nous avions sérieusement commencé en 1973- de tâtonnements, de réflexions, de doutes et de purs moments de bonheur, j'avais eu le temps, c'est vrai, de constater qu'il ne s'agit ni d'adultère autorisé, ni de compromis(sions), ni d'une mode qui serait, sur un si long temps tout sauf passagère, ni de libertinage, ni d'un relent de mai 68, vue l'eau coulée sous les ponts depuis. Bac + 27, c'est au-delà du Master 3 de pluriamour ! Aujourd'hui Bac + 40, on me dira que je suis longue à la détente, ce qui est vrai. Pour tout apprentissage il faut du temps, puis on peaufine et il faut une vie...

 

Vaillante, Maryse me lança : « Ecrivez ce livre comme vous le sentez, on va simplement le changer de collection. » Lorsqu'en 2002, dans la collection « Il n'est jamais trop tard... » parut « Il n'est jamais trop tard... pour Aimer plusieurs hommes » plusieurs fois réédité tant chez La Martinière qu'en collection de poche (Pocket), j'étais loin de me douter que ce livre m'identifierait pour des années durant comme « papesse du polyamour », ce qui devient aussi agaçant que pour Bertrand Delanoë quand on ne le définit que par son homosexualité.

 

chmplain1J'étais loin de me douter à quel point ce livre toucherait ceux et celles qui le liraient, que je recevrais des centaines de lettres d'hommes et de femmes heureux de voir écrit ce qu'ils et elles pensaient sans oser le dire, même s'ils le vivaient parfois. Ni qu'en 2004 Martine Asselin, réalisatrice québécoise, me contacterait et que de nos dialogues successifs naîtrait en 2007 le documentaire « La grande amoureuse » (Vidéo Femmes)

http://www.youtube.com/watch?v=tjJkHgNBipw

 

 

J'étais loin surtout de me douter à quel point ce choix de vie m'aiderait à contruire des rapports harmonieux avec les autres, et pas seulement les amoureux, parce qu'il est basé sur l'amour, le respect et le désir de bonheur mutuel. Dans les dîners entre "polys", je suis toujours frappée par la chaleur humaine et la gaieté qui se dégagent des conversations, qui ne tournent heureusement pas que sur ce sujet. Les polyamoureux sont avant tout des amateurs de vie conviviale,  

Ca ne se fait pas en un jour, comme tout changement de logique de pensée, ni sans douleur ou du moins sans effort, mais l'effort et l'énergie déployés font partie de la dynamique de ces relations. Les phases de "rafting conjugal" où nous n'avons pas coulé même par gros temps m'ont énormément appris sur la façon de vivre un conflit sans qu'il vous démolisse, et  cela sert aussi bien dans la vie professionnelle que politique ou sociale! En gros, j'en suis sortie plus forte et confiante. Plus aimante aussi... Les moments de pur bonheur avec l'un ou l'autre de mes amours m'ont énormément appris sur moi... et sur eux. 

 

première couvEn 2010 nous avons réédité « Aimer plusieurs hommes» dans une version revue et augmentée. (Autres Mondes)

Plus de dix ans après la première édition, j'imaginais que cette idée toute simple : un seul Amour pour toute la vie est une conception respectable mais elle ne convient pas à tout le monde et ne correspond guère à la réalité. En conséquence, « ouvrir les possibles » en acceptant que des personnes choisissent d'aimer au pluriel serait à la fois juste et logique.

J'imaginais que cette idée serait devenue aussi banale que les familles « recomposées » après divorce  et que le droit aurait suivi cette évolution avec des textes permettant de préserver l'avenir et les intérêts des partenaires et enfants engagés dans cette nouvelle constellation familiale. Je l'imaginais d'autant plus que nul, depuis 10 ans, n'avait été capable de donner une réponse satisfaisante à ma question : « Pourquoi serait-il mieux d'aimer une seule personne que plusieurs ? »

 

Que nenni, demoiselles et damoiseaux ! « Polyamoureux », lutins, pluriamoureux, amoureux pluriels... appelez les comme vous voulez, suscitent les mêmes questions qu'il y a dix ans et les couples qui souhaitent vivre ainsi commencent quasiment toujours par traverser une période de doutes et de culpabilité.

Pour célébrer à ma façon la Saint Valentin, fête DES amoureux, j'ai donc sollicité Douze films Productions pour réaliser une vidéo illustrant les affres de la découverte du polyamour. A ma demande, cette vidéo rend hommage à un film que j'adore. La séquence dont elle s'inspire est sur Internet. Si vous l'identifiez, inscrivez la réponse sur votre bon de commande dans la partie « message » , les 7 premières bonnes réponses recevront en cadeau une lecture amoureuse.


cerise_sensuelle.jpgGriotte sur le clafoutis, un bonheur n'arrivant jamais seul, je suis l'invitée d'Alex Taylor dimanche 17 février à 22h sur France-Musique dans l'émission « Voyage en moi majeur » pour parler de voyages, de pays et de villes emplis d'émotions, de l'enfance, du goût de la solitude, de la plénitude face à la mer, du monde avec ses injustices accablantes et ses beautés infinies... et pour une fois pas d'amours plurielles ! Merci Alex!

 

 

 

 

 




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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 16:12

 

gays.jpgHier, j'allume la radio: mariage pour tous! Ce matin encore: mariage pour tous! Exit le chômage, la finance toujours pas régulée, les hôpitaux surchargés, les guerres ici et là... On ne parle que de ce mariage qui a, je l'ai déjà écrit, été adopté sans bruit ni fureur en Belgique, en Italie ou ailleurs.

mari_5.jpgJe ne voulais pas en rajouter, d'autant plus que le moindre commentaire peut vous faire taxer illico d”homophobe- ce qui dans mon cas serait aberrant!- ou de destructrice des valeurs éternelles de la civilisation... Et c'est là que ça me chiffonne, cette histoire de mariage. Pour tous, pas que pour les homos, bi ou transsexuels. Cette volonté de conformisme social: «Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants». Comme dans les contes de fées, et d'ailleurs nombre de manifestantes pro mariage pour tous se sont parées de robes de princesse ou de mariée pour défiler. C'est Pronuptia qui va se réjouir, un marché énorme s'ouvre!

Voilà que la reconnaissance sociale de l'homosexualité, bi, trans... passe non pas par l'acceptation de leur choix sexuel mais par l'intégration dans le modèle standard : couple marié avec enfants.

france.jpgQuand je pense à notre refus du mariage, «institution bourgeoise et misogyne» dans les seventies ! Nous n'en voulions pas, non pas par manque d'amour ou refus d'engagement, mais parce qu'à nos yeux, le mariage était une institution issu du Droit Romain- qui donnait au Pater familias droit de vie et de mort sur ses enfants- de la religion- où c'est un sacrement, qui ne concerne que les croyants- et du Droit Napoléonien, lui-même fortement inspiré des deux précédents. Dans le code Napoléon 1er l’article : « Les personnes privées de droits civiques sont les mineurs, les débiles mentaux, les délinquants et les femmes mariées » nous restait en travers de la gorge. Savoir qu'en 1910, le code en rajouta une couche en disant en substance : « les entrailles de la femme appartiennent à l'homme qui en dispose à sa guise », nous débecquetait. Et avoir connu nos mamans interdites de travail et compte en banque si leur mari ne leur en donnait pas l'autorisation ne nous donnait pas envie de nous marier. Il fût une époque- la belle Epoque comme ont dit- où les courtisanes et autres gourgandines étaient majeures et libres... car pas mariées.

femme_foyer2.jpg« C'est vieux, tout ça ! » s'exclameront les trentenaires persuadés qu'aujourd'hui on se marie juste par amour. Que nenni, chers amis ! Quand on s'aime, on fait l'amour, on a souvent envie de vivre ensemble, on a des projets communs, on a envie de rendre l'amoureux(se) heureux(se)... et tout cela se vit fort bien en union libre, sans mariage. Le mariage, aujourd'hui comme hier, est signe d'appropriation de l'un par l'autre devant la Société si ce n'est devant Dieu : « Ces couples avaient vécu ensemble par amour, ils se mariaient pour se posséder : le mariage comme contrat d'achat du compagnon ou de la compagne, acte de propriété clamé à la face du monde, union de deux êtres qui n'en feront plus qu'un. Les époux fusionnent dans une entité singulière appelée cellule familiale, un foyer fiscal où ils n'ont pas le droit de déclarer séparément leurs revenus, même s'ils sont mariés sous le régime de la séparation de biens et même s'ils le désirent, et une vie sociale où il serait désormais inconvenant d'inviter séparément mon­sieur ou madame. »( « Aimer plusieurs hommes »)

Mine de rien, être marié change la donne. Trois fois j'ai été témoin de mariage pour des copains qui avaient décidé de convoler après 3 à 5 ans de vie commune sans nuages. Trois fois ils ont divorcé, victimes de la pesanteur du mariage. « Des hommes charmants avec leur compagne deviennent tyranniques, indifférents ou rustres avec leur épouse... Des femmes épanouies se transforment après les noces en ménagères, si ce n'est en mégères. Comme le résumait cyniquement une épouse grecque pour excuser sa prise de poids après cinq ans de mariage : « J’ai lié mon âne, je n’ai plus besoin de faire attention. »(idem)

matriochka3Après les premiers temps de vie commune, arrive un moment où on achète des trucs ensemble, des gros trucs genre maison, où on a un enfant, et c'est souvent là qu'on se marie. Pas par amour : pour préserver les biens du couple et protéger chaque partenaire au cas où l'un d'eux disparaîtrait. Cela met bien en évidence la nature du mariage : une histoire matérielle. Les mariages de raison avaient pour objectif essentiel de marier deux jeunes dont les parents pouvaient ainsi réunir les biens, augmenter la surface des champs et des forêts possédés (voir « Thérèse Desqueyroux », actuellement au cinéma). Aujourd'hui, les futurs mariés préservent leur patrimoine au cas où... et l'amour n'a pas grand chose à voir là-dedans, sauf pour les afficionados des TV-novelas et contes de fée et les magazines et boutiques spécialisées qui vivent sur "ce plus beau jour de votre vie".

Preuve a contrario : alors que je disais à ma fille aînée que je ne comprenais pas l'acharnement des homosexuels à vouloir se marier alors qu'existe le PACS (si le PACS avait existé quand j'avais 20 ans, je l'aurais choisi sans hésiter), elle me répondit : « Oui mais tu comprends, le PACS ne donne pas les mêmes droits de succession ni d'adoption. »

trois_petits_cochons.gifOn mesure là l'imbécillité des gens de droite qui prédisaient déjà l'apocalypse des mœurs lors de la loi sur le PACS et se sont acharnés à en faire un « sous-mariage » en le privant de ces droits élémentaires, d'où la demande des homosexuels, bi, trans... du mariage pour tous, au nom de l'égalité. Ce en quoi ils ont raison, il n'y a aucune justification à les traiter en sous-citoyens. Mais je regrette qu'on n'ait pas saisi l'occasion de cette mise à plat des unions entre personnes pour créer un contrat ouvert à toutes les personnes- pas seulement les couples- désirant vivre ensemble un projet commun et souhaitent en régler les conditions, qu'il s'agisse d'un projet de famille avec enfants, ou d'amour sans enfant.

Parce que là aussi, associer automatiquement projet de vie amoureux et possibilité d'avoir des enfants est discutable, tout comme la notion de « droit à l'enfant ». L'enfant n'est pas un droit, c'est une personne qui ouvre à ses parents, qu'ils soient ou non géniteurs, une foule de devoirs et d'emmerdements en perspective, et aussi du bonheur, heureusement. Mais parler de « droit à l'enfant » comme de droit aux prestations sociales quand on est malade ou chômeur m'énerve, aussi bien pour les hétéros que pour les homos, trans, bi...

Cette volonté, sous prétexte d'égalité, d'uniformiser les façons de vivre et les modèles familiaux est terrifiante. Parce qu'elle sous-entend que sans enfants, au fond, on n'est pas tout à fait accompli. Ce qui marginalise aussi bien les femmes qui ne désirent pas enfanter que les couples stériles ou les couples homosexuels qui par définition ne peuvent enfanter sans assistance médicale. Les tenants de PMA vont se réjouir : un énorme marché s'ouvre ! Les PMA réservées au cas de stérilité avérés étaient insuffisantes pour être financièrement juteuses. C'est ainsi que j'ai vu de plus en plus de filles se faire inséminer après quelques mois seulement de désir d'enfant alors qu'on sait qu'à moins d'un an de rapports réguliers infructueux on ne peut parler de stérilité. J'ai engueulé une consœur qui s'était faite avorter trois fois pour convenances personnelles (pas envie... pas le moment...) et qui a eu recours à la PMA quand à 36 ans elle s'est décidé et a découvert qu'elle était moins fertile. Toutes ces dérives qui, du remède justifié de la stérilité, sont passées à l'enfant « à la demande »puis à la marchandisation de l'enfant sont là encore des histoires d'argent, pas d'amour. Car si on a envie d'aimer et de vivre avec un enfant, il en existe beaucoup dont il suffirait d'élargir les possibilités d'adoption pour pouvoir les rendre heureux.

Cela étant, si j'étais députée, je voterais évidemment pour le mariage pour tous. Mais tant qu'à modifier la loi, j'en profiterais pour dépoussiérer le texte et édicter non pas que « Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours et assistance », mais que les «époux se doivent mutuellement loyauté, secours et assistance ».

C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup : ça veut dire que l'on renoncerait à cette appropriation de l'autre qu'est l'exclusivité sexuelle (sous-entendue dans le terme « fidélité ») et que l'on renoncerait au mensonge, que la loyauté exclut.

 

 

 


 


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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 17:40

C'est un chauffeur de taxi, Américain moyen sans histoires. Un soir, il conduit une cliente en banlieue proche. Course longue, la dame n'a pas assez d'argent sur elle pour payer. Elle invite le taximan à entrer et le fait patienter dans le living-room. En l'attendant, le jeune homme regarde le décor sobrement luxueux de la villa et s'approche de la baie vitrée. Comme des millions d'américains, il est passé de job en job et a été poseur de baies vitrées dans un passé récent. Il s'approche, ouvre la baie pour voir si elle porte la signature du fabricant pour lequel il travaillait. Bien vu, elle y est! Il referme la baie et s'impatiente : la dame téléphone à l'étage, ça s'éternise. Enfin, elle raccroche, descend le payer en s'excusant de l'avoir fait attendre : elle est allée embrasser sa fille de douze ans et a dû donner un coup de fil urgent...

arretezmoilaLe chauffeur repart, il fait nuit. Sur la route, deux jeunes filles éméchées titubent. Bon bougre, il les embarque et les emmène gratos à leur résidence étudiante car elle n'ont plus un sou. En chemin, l'une des filles, totalement bourrée, vomit dans le taxi. Avant de rentrer chez lui, le chauffeur va faire nettoyer le véhicule à la vapeur pour que le conducteur du lendemain -lui sera en congé- le trouve impeccable, d'autant plus qu'il n'avait pas le droit de charger les étudiantes sans les faire payer.

Le lendemain, on frappe à sa porte : « Police ! » Deux agents à l'allure inquiétante inspectent son logement, puis lui annoncent qu'il est soupçonné de meurtre. La petite fille de 12 ans de sa cliente a été enlevée pendant la nuit, tout laisse supposer qu'elle a été victime d'un maniaque sexuel : « Il y avait vos empreintes sur la baie vitrée par où est entrée le ravisseur, et on a découvert que votre taxi a été soigneusement nettoyé hier, tard dans la nuit. Sans doute pour enlever les traces de sang... »

Le chauffeur de taxi a beau clamer son innocence, raconter ce qui s'est passé, il se retrouve en attente de jugement dans le couloir des condamnés à mort d'une sinistre prison. Il demande qu'on recherche les étudiantes, souligne les insuffisances de la prétendue enquête, mais les policiers n'en ont que faire : ils tiennent un coupable idéal, pourquoi se fatigueraient-ils à chercher ailleurs ?

ian levisonCa s'appelle « Arrêtez-moi là », c'est écrit par Iain Levison, auteur américain diplômé en lettres mais qui, faute de boulot après ses études, est passé de job en job, période qu'il a raconté dans « Tribulations d'un précaire » : à tous ceux qui s'émerveillent de la liberté d'entreprendre et de bosser aux États-Unis parce qu'on n'y est pas freiné par un code du travail contraignant, je conseille ce livre. On y constate que la liberté se paye de salaires misérables, de conditions de travail infâmes, d'arnaques en tous genres et de violence contenue... ou pas. Sans code ni lois, le monde du travail n'est plus qu'une jungle.

Béni soit l'éditeur qui a accepté de publier Iain Levison, car il aurait été dommage de le louper. « Arrêtez-moi là » explique mieux que dix émissions « Faites entrer l'accusé » ou débats d'après minuit l'engrenage qui mène à l'erreur judiciaire. On y apprend beaucoup sur l'ambiance d'une prison américaine et comment il arrive que le condamné le plus intéressant, le plus intelligent, soit un psychopathe tueur en série... Alors qu'assez souvent les romans américains me plombent à cause de leur propension à s’appesantir avec moult détails sur des héros misérables (femme toxico et anorexique mère d'un enfant anormal engendré par un père chômeur alcoolique) ce roman a du style, du rythme et ne distille aucun ennui malgré le côté pregnant de l'histoire dont la fin, inattendue, vaut le détour.

Il doit beaucoup à une excellente traduction, fluide et jamais vulgaire. (je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les traductions de dialogues américains en français sont souvent d'une vulgarité affligeante, tout comme les acteurs qui doublent les gangsters se croient obligés d'adopter une voix nasillarde et traînante...)

Ce n'est pas de la pub, c'est gratuit. Plaisir de partager une découverte récente.

 

 

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30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 20:11

Du temps que j'étais élève à l'ENST, École Nationale des Services du Trésor, éminente fabrique d'Inspecteurs du même nom, futurs percepteurs et Trésoriers payeurs, nous avions des cours destinés à inculquer dans nos âmes juvéniles le sens du service public : servir l'Etat et les collectivités locales et non les intérêts privés, assurer la continuité du service public et l'égalité des citoyens: ça devait marcher tout le temps et pour tous.

SW light 2Pour illustrer cette noble mission, on nous citait des exemples vécus dont les plus âgés d'entre vous se souviennent sûrement : les agents d'EDF-GDF annulant leurs vacances d'hiver pour venir rétablir le courant ou le gaz chez les usagers -pas encore des « clients »- privés d'énergie du fait d'une tempête de neige. Les personnels des hôpitaux publics faisant la grève sans interrompre le travail, avec juste un brassard « en grève », qui leur faisait perdre une journée de salaire alors qu'ils bossaient comme d'habitude, l'institutrice attendant jusqu'au soir à l'école que les parents d'un élève daignent venir le chercher.

Mais notre histoire préférée était celle « d'Ifi la ficelle Paris », absolument authentique.

postiers2.jpgUne lettre était arrivée dans un bureau de poste du 9ème arrondissement, avec la mention « M. Mohammed Benmachmoud (je réinvente le nom, je l'ai oublié), Ifi la ficelle, Paris 9ème.

Perplexe, le préposé interrogea chacun de ses collègues sur cette adresse incompréhensible, jusqu'à ce qu'un collègue Algérien, lui dise : « Ben oui... Ifi la ficelle... il bosse dans un bar comme plongeur. » Ifi la ficelle, c'était « Il fait la vaisselle », avec l'accent de là-bas.

Subjugué et obstiné, le facteur fit le tour des bars du quartier en demandant s'il n'y avait pas un plongeur du nom de Mohammed Benmachmoud. La chance fut avec lui, il le retrouva en trois jours et lui remit la précieuse lettre. « Normal , dit-il, c'est mon boulot. »

poste.jpgIl y a deux mois, une enveloppe d'expédition de livres d'Autres Mondes m'est revenue vide, réexpédiée par la Poste. Si elle l'avait réexpédiée vide, c'est qu'elle l'avait trouvée dans ses bureaux ou au centre de tri. Mais où était passés les livres ? Réclamation déposée, lettre immédiate du service « clientèle Pros » m'assurant que tout allait être mis en œuvre pour élucider le mystère, seconde lettre dix jours plus tard pour m'informer qu'une enquête était en cours, et troisième lettre un mois plus tard pour me dire que la recherche n'avait pas abouti et qu'aucun dédommagement n'était dû puisque l'envoi n'était ni en recommandé, ni assuré. « Veuillez trouver ci-joint nos tarifs d'assurance » fut la conclusion de ce « suivi clientèle ».

Hier, retour d'un livre expédié le 4 décembre vers Bruxelles. Sept semaines pour me renvoyer un livre alors que l'adresse d'Autres Mondes figure toujours au dos des enveloppes, c'est surprenant. Le motif de non-distribution l'était encore plus : adresse incomplète. Il y avait pourtant le nom du destinaire, le nom de la rue, le numéro de l’immeuble, le code postal et la ville: Bruxelles. J'ai mis quelques secondes à réaliser que l'incomplétude était d'avoir oublié d'écrire « BELGIQUE ».

Je ne ferai pas l'injure aux salariés du tri de penser qu'ils ignorent que Bruxelles se trouve en Belgique. C'est juste que le tri est désormais fait par des lecteurs optiques qui, eux, ne connaissent pas la géographie. Tout comme les correcteurs orthographiques ne savent pas tout et vous proposent « potable » si vous écrivez « bootable », et « polyamine » à la place de « polyamour ».

Cela étant, le cerveau commandant la main humaine qui a collé l'étiquette de retour à l’expéditeur et inscrit la mention « adresse incomplète » devait savoir, lui, que Bruxelles est en Belgique. Mais il s'en foutait.

Alors les gens persuadés que privatiser un service public est gage de qualité et d'efficacité me font d'autant plus rire que j'ai déjà écrit, ici, que les fonctionnaires ont également des qualités que le stress de la compétition économique ne permet pas de cultiver !

 

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 16:55

 

Pour les lectrices désolées que la fin de « Jouer au monde » semble l'épilogue d'une histoire d'amour achevée pile au moment où elle semble enfin commencer, pour les lecteurs surpris que Marine, amoureuse d'Antoine, aime aussi Grigoritos (qui aime lui aussi Antoine) j'ai imaginé une petite suite, fortement inspirée par le cadeau d'anniversaire d'un ami.

« Le petit paquet était adossé à la paroi de la boîte à lettres, mince parallélépipède que Marine saisit entre ses doigts pour essayer d'en deviner le contenu. Elle remonta dans son studio et se précipita vers la fenêtre pour y voir plus clair. En ce début mars, la lumière commençait à se faire printanière mais elle avait encore du mal à percer la grisaille.

o-igor.jpgC'était un paquet de format livre de poche, ou DVD peut-être. Plusieurs fois enveloppé dans un papier décoré et plié juste comme il le fallait pour qu'apparaisse sur le dessus le dessin d'un couple sensuellement enlacé. L'adresse de Marine calligraphiée à l'encre verte- de la vraie encre de stylo à plume- semblait faire partie de l'illustration. Le tout était scotché sur le dessus, sur les côtés et dans les angles avec le soin maniaque de qui veut que son présent ne se dévoile pas d'emblée, fasse attendre le destinataire, titille son désir.

Marine tira sur le scotch, qui résista. Elle faillit prendre une paire de ciseaux puis se ravisa, de peur de couper les pages du livre- oui, ce devait être un livre- et abîmer l'image de l'homme et de la femme. Elle y arriverait avec ses mains, ses ongles. Voyant ses doigts fébriles s'escrimer sur le ruban adhésif, elle ne put s'empêcher de penser à des doigts fébriles essayant de déboucler la ceinture d'un homme et d'ouvrir son pantalon... Lorsqu'elle y mit les dents, déchirant d'une incisive aiguë un fragment de cellophane qu'elle tira tout du long, elle eut l'impression de tirer sur une fermeture éclair, comme il lui était arrivé d'ouvrir une ceinture récalcitrante avec la bouche.

Le paquet céda d'un seul coup : ce n'était ni un livre ni un DVD érotique, juste une tablette de chocolat noir au parfum fauve dans laquelle elle mordit sans hésiter, la bouche humide d'excitation avec le plaisir orgasmique de sentir couler le chocolat mêlé de salive au fond de sa gorge.

Grigoritos, allongé nu sur le lit, sourit en l'observant :

« C'est Antoine ?

-Oui, c'est lui. »

Le gréco-romain se leva et vint se poser tout contre Marine. Il saisit l'emballage du paquet, le retourna. Nulle adresse d'expéditeur n'y figurait. Il sourit :

-Il a l'air en pleine forme.

Il enlaça Marine, lui souffla à l'oreille :

- Ça te dit qu'on invente un « jouer au monde ? » Pour nous trois ?

( jouer au monde édition 2023 est disponible en numérique chez Librinova et en version papier chez Book on demand, ou sur commande à votre libraire)

 

Architeture eros II

 

 

 

 

 


 


 


 

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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 14:20

Fulgurante réponse de ce très éminent professeur devant qui je m'étonnais que tant de gens soient atteints de cancers, et que tant en meurent encore: "Mais madame, tous les voyants sont au vert pour les cancers, on a fait des progrès immenses ces dernières années. Savez-vous que la survie moyenne à un cancer du côlon est passée de trois ans à quatre ans et demi,? C'est énorme, 50% de plus!" 

Compétent, vénéré par ses confrères, bosseur et très certainement dévoué à ses malades, mais il n'habite pas la même planète. Selon l'expression d'un ami "il est du bon côté de la seringue". Il considère comme un immense progrès qu'un cancéreux vive 18 mois de plus- c'est statistiquement vrai et ça permet de pondre des articles internationaux sur les progrès de la thérapeutique- mais côté malade, est-ce un si grand progrès de se dire: "Je vais mourir à 54 ans et demi au lieu de mourir à 53 ans?" Je ne dis pas "vivre jusqu'à... au lieu de..." car en plus, durant cette année et demie, le patient devra l'être, patient, pour supporter les chimios qui rendent malade, l'angoisse des contrôles, la fatigue... Tout ce qui fait du cancer une maladie pas comme les autres. Pendant des années, elle reste silencieuse, on se porte à merveille avec cette saloperie en soi, mais quand elle s'exprime... patatras, la vie change du tout au tout, qu'on en guérisse ou pas. "Vous avez un cancer détecté au stade précoce, vous n'aurez qu'une petite chimio... Tu parles! Tu arrives en pleine forme, tu ressors malade et tu le seras des mois avant d'être guérie. Et quand je dis guérie... Avec les contrôles tous les 3, puis tous les 6 mois, tu vis avec une épée de Damoclès sur la tête." dit une femme atteinte d'un cancer du sein en rémission heureuse. L'épée de Damoclès, c'est l' angoisse qui saisit le malade atteint d'une tumeur au cerveau apparemment guérie chaque fois qu'il a un mal de tête qu'il traitait autrefois avec de l'aspirine, la difficulté à admettre qu'on est fatigué longtemps après avoir cessé tout traitement, le regard des assureurs et des banques avant de vous accorder un prêt.

131811-bernard-giraudeau-200x200-1.jpgMais tout de même, ne guérit-on pas aujourd'hui un cancer sur deux? Oui, en incluant tous les diagnostics, du plus précoce au plus tardif (progrès dus au dépistage) et toutes les localisations: on guérit environ 80% des leucémies juvéniles, les carcinomes aussi (cancers de le peau qui ne métastasent jamais) mais moins de 20% de ceux du pancréas, la moyenne fait effectivement un sur deux. Avec la légère nuance que la guérison est réputée acquise par certains médecins après cinq ans sans rechute, tandis que d'autres, plus prudents, préfèrent parler de rémission prolongée depuis qu'ils ont eu l'expérience de récidives après huit, dix ou même quinze ans. Et puis un sur deux, ça en fait autant qui ne guérissent pas. Pas forcément des vieux: Brel, Brassens, Nougaro, Bashung, Bachelet, Chichin, Charden, Giraudeau, Servan-scheiber et tant d'autres n'ont pas seulement en commun la célébrité, mais un cancer qui les a emportés avant 65 ans.

41E6s-fHBKL._SL500_AA300_.jpgAlors, comme disait le Dr Geneviève Barbier, auteur de "la société cancérigène" "je préférerais dire à mes enfants "vous n'aurez pas de cancer" que leur dire "vous aurez une très bonne chimiothérapie". Autrement dit, prévenir plutôt que guérir, garder en bonne santé plutôt que soigner, c'est la base du serment d'Hippocrate et de la médecine chinoise, mais pas celle de la médecine telle qu'elle est aujourd'hui. (petite parenthèse récemment apprise: dans le serment d'Hippocrate prononcé aux Etats-Unis, la phrase "je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera" est supprimée... )

La Ligue contre le cancer, organisme par ailleurs fort dévoué aux malades, organise un colloque sur la recherche en cancérologie. La majorité des sujets de recherche financés par la Ligue concerne l'amélioration des traitements, quelques-uns la compréhension des mécanismes de cancérisation (ce qui est déjà mieux) mais RIEN sur la prévention qui ne se résume pas aux discours sur le tabac et l'alcool. Quid de l'environnement délétère: pesticides, stress répétés, OGM, polluants chimiques, ondes électromagnétiques dont Michèle Rivasi prévoit que ce sera le prochain scandale sanitaire?

"Le centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui dépend de l’OMS, a récemment classé les ondes basses fréquences du réseau électrique et les radiofréquences de la téléphonie mobile comme cancérogènes possibles pour l’homme. Comment se fait-il que ces risques ne soient pas pris en compte désormais? ».

Comment se fait-il, interroge Alain Lipietz dans une lettre ouverte aux associations de recherche sur le cancer, que l'étude de Gilles-Eric Seralini concernant l'effet cancérigène des OGM sur des lignées de rats ait été vivement critiquée, puis occultée, alors qu'il eût été logique de la poursuivre pour vérifier, confirmer ou infirmer, mais pas de rejeter parce que contraire au dogme de l'innocuité des OGM, dogme fondé sur des études bien moins sérieuses et longues que celle de Seralini.

Comment se fait-il que les conclusions du CIRC "peut être cancérigène pour l'homme" qui signifie que la substance est cancérigène- même si, heureusement, ce n'est pas à 100%- est si souvent traduite en "peut-être" qui traduit un doute sur la cancérogénéité?

pollutionsJe suis virulente, parce qu'en quelques années, une douzaine de proches et amis pas bien vieux sont morts d'un cancer et que j'ai vu l'effet dévastateur de cette maladie qui tue chaque année plus de 6 millions de personnes dans le monde. 6 millions de morts, et on s'en accommoderait ?

Je suis virulente parce que les autorités de santé, l'OMS en tête, admettent que 80% des cancers pourraient être évités en agissant sur l'environnement, mais se cantonnent à des recommandations sur les comportements individuels (alcool, tabac, obésité) en reculant face aux lobbys de la chimie, de l'industrie pharmaceutique, du nucléaire et des opérateurs de téléphonie... comme elles ont reculé autrefois face au lobby de l'amiante.

pollution.jpgJe suis virulente parce qu'on ne peut pas dire "on ne savait pas" au vu de tous les documentaires consacrés à ces cancérigènes, mais que ça a autant d'effets sur les décideurs que faire des ronds dans l'eau tant ils habitent sur une autre planète, dominée par les intérêts d'argent et d'influence.

Je suis virulente parce que j'ai rencontré  des cancérologues surmenés et malheureux qui se disaient après 30 ans de pratique et un taux élevé d'échecs: "on a fait fausse route, il aurait fallu d'abord penser prévention, mais comment faire quand les études de médecine nous prédisposent à prescrire plutôt qu'à prévenir?"

Un célèbre cancérologue- je ne sais plus si c'est Schwartzenberg ou un autre- avait expliqué les échecs face aux cancers par cette phrase lapidaire: "Ce sera ainsi tant que le cancer fera vivre plus de gens qu'il n'en tue" et je me demande s'il n'avait pas raison. 


nos-enfants.jpg

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