Dear Patrick,
Un jour, alors que je te disais mon horreur de la guerre en Irak, tu m’as interrompue : « Françoise, je n’ai pas voté Bush, je n’aime pas plus que toi cette guerre, mais je suis américain, et je me sens agressé quand tu critiques les américains. » Bien sûr, Patrick, pas plus que je n’aimerais entendre « vous les français… » à propos de ce qui se passe parfois en France, que tous les français n’approuvent pas, loin de là.
Alors disons que Bush père et fils et leur administration ont :
-refusé de ratifier la convention internationale interdisant la production, la diffusion et la vente de mines anti-personnel.
-refusé l’accès libre des pays pauvres aux médicaments coûteux (comme les trithérapies contre le SIDA)
-refusé la Convention de Vienne de 1993 inscrivant parmi les Droits de l’homme les droits économiques, sociaux et culturels, puis voté régulièrement contre toutes les mesures proposées par la commission des droits de l’homme des nations unies pour concrétiser ces droits,: droit à l’alimentation, droit à la santé, droit à l’eau potable, droit à l’habitat…
- refusé de signer en 2001 un projet de convention élaboré par l’OCDE pour lutter contre les paradis fiscaux.
(source : « Les nouveaux maîtres du monde » par Jean Ziegler)
-en janvier 2001, G.W Bush a retiré unilatéralement les USA du protocole de Kyoto qui prévoyait la réduction des gaz à effet de serre
-en décembre 2007, à la conférence de Bali, les envoyés étasuniens ont refusé qu’un accord fixe des objectifs de réduction des gaz à effet de serre et rallié à ce refus d’autres pays comme le Canada et le Japon alors que 23 millions d’habitants du Texas émettent plus de gaz à effet de serre que 1 milliard d’habitants de pays en développement. (Source : LCI, 14/12/07)
Cela étant, n’oublions pas que :
Les pays qui s’étaient engagés à Kyoto en 1992 n’ont pas atteint leurs objectifs de réduction, voire ont accru leurs émissions de gaz à effet de serre.
L’industrie nucléaire présentée comme propre participe aussi au réchauffement (dégagement de milliers de tonnes de vapeur d’eau, rejets d’eaux chaudes dans les rivières. Il y eut même, dans une rivière proche d’une centrale, un essai d’élevages de crocodiles sur lequel j’ai fait un reportage dans les années 80) et qu'elle produit des déchets radioactifs à durée de vie millénaire dont on ne sait toujours pas trop quoi faire.
On parle peu des problèmes de surpopulation. Mais pas non plus de l’impact de la politique de l’enfant unique en Chine : ne plus avoir de frères et de sœurs, et à la génération suivante ni cousins ni cousines, bref se retrouver totalement seul quand on a enterré ses parents, ça fait quoi dans le psychisme d’un peuple où la famille s’entendait autrefois au sens élargi ?
On déplore la disparition d’espèces animales et végétales, en négligeant souvent la disparition des langues, coutumes et ethnies rares.
Décidément, même si l’écologie c’est « penser globalement, agir localement », penser globalement fatigue la tête… Tandis qu’agir localement fait un bien fou. Dear Patrick, dans la vie réelle, des millions de gens- dont tu fais partie- vivent sans se déchirer, partagent ce qu’ils ont, se moquent des incitations à travailler plus/ gagner plus/ consommer plus, qu’ils échangent en « consommons moins/ travaillons moins et profitons du temps récupéré pour l’amitié, l’amour, le plaisir, la musique, les livres, la sieste, la réflexion, le jardinage, la découverte d’autres lieux, d’autres gens… Il y a tant de possibles qui demandent plus de temps que d’argent. Tant de possibles qui, additionnés et faisant tache d’huile, construiraient un monde ô combien plus souriant !
En 2008, essayons de faire tache d’huile, localement, puis globalement.
BONNE FIN D’ANNEE !