Par une soirée automnale je suis allée voir "Le bonheur des uns..." film de Daniel Cohen dont j'avais apprécié "Le prénom". Le thème du film était intéressant: "Comment le succès d'une personne influe sur le regard que porte ses ami.es sur elle, et modifie son propre comportement?" Comme le succès était littéraire, j'étais aussi curieuse de voir si le milieu de l'édition présenté cadrait avec ce que j'en connais. Curieuse aussi de voir comment serait exprimée à l'écran ce sentiment si ambigu qu'est la jalousie. Ambigu, car la jalousie- amoureuse et professionnelle- s'exprime généralement à l'égard de gens qu'on aime ou apprécie, la vie des autres nous laissant de marbre.
Hélas, ce film est affligeant, caricatural: avec une Florence Foresti horripilante qui ne sait manifestement pas que crier et grimacer ne suffit pas à créer un personnage, une Bérénice Bejo si niaise qu'elle en devient insipide malgré son sourire et ses grands yeux toujours adorables, un Vincent Cassel absolument pas convaincant dans son rôle de macho un peu crétin. Seul François Damiens tire- un peu- son épingle du jeu... par comparaison avec le vide abyssal de ses partenaires. Quant aux dialogues, ils sonnent si faux, les situations décrites sont tellement "clichés", qu'on ressent un ennui profond...
Ajoutons que faire croire qu'un premier roman vend 50 000 ex en une semaine (alors que la moyenne des ventes d'un premier roman tourne autour de 400 ex) et que l'auteur ainsi comblé publie son second roman quelques mois après, c'est condamner les éditeurs à recevoir des milliers de manuscrits d'auteurs potentiels persuadés qu'ils vont faire fortune, et c'est surtout- plus grave- nier la somme de travail, de technique et d'énergie que requiert l'écriture d'un roman. Donner à penser qu'un traitement de texte ou un cahier et un stylo permettent à tout un chacun d'écrire un livre ou qu'une caméra rend n'importe qui cinéaste, c'est nier l'immense travail que requiert chaque œuvre, la nécessité de construire un scénario, l'importance du travail de préparation comme de finitions, bref c'est insultant pour eux... Bizarrement personne ne pense être artiste peintre en achetant une boîte d'aquarelles, ou musicien de talent en grattouillant sa guitare (quoique, si, quelquefois...)Enfin, parmi les invraisemblances du film qui en est truffé, on n'a jamais vu l'auteur d'un seul livre, même à succès, être décoré Chevalier des arts et lettres, et annoncer que l'auteure jouée par Bérénice Bejo a eu le Prix interallié est invraisemblable puisque ce prix est réservé aux romans écrits par des journalistes, alors que Bérénice, dans le film, est vendeuse de fringues. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, c'est le signé évident d'un manque de travail et de rigueur. Dommage, car le thème de la jalousie et de la réussite était intéressant, espérons qu'il sera un jour traité par un vrai cinéaste.
"Héritières" est un western en format court. Mais derrière ce projet, outre chaque membre de l'équipe, tous professionnels et motivés, il y a 5 ans d'écriture et de réflexion, et des heures de réunions et de préparation.
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