Je suis surprise de n’avoir eu aucun commentaire au post où je parlais d’Alain Dinin, PDG de Nexity qui a renoncé à ses stock-options en ces termes : «Il faut être raisonnable, je suis déjà actionnaire à hauteur de 5% d’une société évaluée à 1,8 milliard d’euros, il me semble normal aujourd’hui de faire profiter mes collaborateurs de ces distributions d’actions».
Vous ne l’avez peut-être pas réalisé, mais Alain Dinin a pris pour lui-même une mesure qui, si elle était généralisée, pourrait changer la face du monde : fixer un revenu maximum acceptable (RMA) tout comme il existe un revenu minimum. Cette idée est défendue depuis des années par Patrick Viveret , conseiller à la cour des comptes et agrégé de philosophie :
« Quand la fortune de 225 personnes est égale au revenu de deux milliards et demi d’êtres humains (chiffres officiels du PNUD), écrit Viveret , le cocktail explosif de l’humiliation et de la misère constitue un réservoir de choix pour les fondamentalismes, les intégrismes et les terrorismes de toute nature. Problème d’ordre public, donc, mais aussi de santé mentale. En effet, au delà d’un certain niveau de fortune il se met en place un phénomène psychique de déréalisation…Les personnes atteintes sont incapables de gérer rationnellement leur argent. Ce processus se produit chez nombre de sportifs, d’artistes, de PDG, de présentateurs de TV etc. qui "disjonctent" et, circonstance aggravante entraînent souvent les collectifs ou les entreprises dont ils sont membres ou responsables dans leur propre délire. Le cas Messier-Vivendi en est un exemple patent.
Outre des raisons de justice sociale évidentes (rien ne peut justifier que des êtres humains soient à la rue quand d’autres ne savent pas quoi faire de leur argent) une réforme de ce type devrait être proposée conjointement par le ministère de l’intérieur et le ministère de la santé. »
Or, excepté Marie Georges Buffet qui y a fait allusion, aucun candidat n’a osé proposer ce RMA qui pourrait pourtant :
Réduire mécaniquement les inégalités. Si, au lieu d’un rapport de 1 à 400, comme actuellement en France, on limitait l’écart des revenus de 1 à 50 (et franchement, avec 50 000 euros, on a de quoi faire !), les inégalités seraient tout de suite huit fois moins importantes.
L’argent ainsi libéré pourrait être investi dans les entreprises pour créer des emplois et développer la recherche, et dans le social pour rémunérer les emplois de services et d’animation pour l’instant non payés : en France 12 millions de bénévoles occupent des tâches qui devraient normalement constituer des emplois à temps plein ou partiel.
Pas de risque d’évasion fiscale, puisqu’il ne s’agirait pas d’imposer davantage les plus riches, mais de les payer moins.
Certes, ils feraient grise mine dans un premier temps, mais pas trop ouvertement car d’une part il serait indécent de pleurer misère avec 50 000 euros par mois, et d’autre part, comme tous leurs semblables seraient logés à la même enseigne, ils n’auraient plus cette obsession de la compétition (il ne suffit pas que je sois riche, il faut que je le sois plus que les autres) qui pousse à ajouter des zéros à un compte en banque pour jouir de posséder… jusqu’à l’overdose qui fait péter les plombs, avoir un infarctus, ou sniffer de la coke.
Enfin, comme les normes de consommation sont toujours impulsées par les plus riches (voir la théorie de la « classe de loisir développée par Hervé Kempf dans son excellent bouquin « Comment les riches détruisent la planète » éd. Seuil), si les riches, en l’étant moins, réduisaient leur consommation, cela induirait naturellement une baisse de la consommation chez tous ceux qui ont assez de biens pour vivre agréablement et n’achètent que pour frimer.
Au final, la croissance profiterait préférentiellement aux plus démunis et n’aurait plus besoin d’être effrénée comme aujourd’hui, d’où une solution (partielle) aux problèmes écologiques d’épuisement des ressources, de pollution et d’effet de serre.
Vous rendez-vous compte ? Une seule mesure, simple, qui aurait autant d’effets bénéfique sur le Bonheur Intérieur Brut ? (pas Brute, brut… et doux).
Qu’est-ce qu’on attend pour l’exiger des candidats ?