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13 novembre 2012 2 13 /11 /novembre /2012 13:38

fruitbio2.jpgLa politique aurait-elle une dimension Freudienne, voire Lacanienne? Cette floraison de rapports, par exemple, rapport Gallois, rapport Jospin, rapport Attali ? Ca connote sexuel, tant de rapports ! Et cet adjectif, toujours accolé à François Hollande : président consensuel ? Entre nous, je ne le trouve pas si sensuel... même si ses rapports avec les femmes semblent parfois tendus:)

Comment ? Consensuel n'aurait rien à voir avec le sexe ni la sensualité, cela voudrait dire que François Hollande consulte beaucoup avant de décider, pour trouver un compromis. (vous êtes sûr, rien de sexuel ?) C'est effectivement la marque des François, qui affichent volontiers une volonté de décrispation : Union de la gauche Mitterrandienne, Ni gauche ni droite mais centre pour Bayrou.

mitt4-rocard.jpg Mais une fois au pouvoir, F. Mitterrand n'a rien eu de plus pressé que de casser l'Union de la gauche (notamment le Parti communiste) et de briser Michel Rocard pour, finalement décider seul. F. Bayrou n'est même pas au pouvoir qu'il a déjà réussi à s'isoler à force de tout décider seul... Et F. Hollande, élu grâce aux voix de la gauche (FDG) et de l'extrême gauche (NPA, Lutte ouvrière, PT) n'a rien de plus pressé que d'ignorer leurs propositions. Où est le consensuel dans les positions (!) du MEDEF et du rapport Gallois, qui négligent ou ignorent moult rapports autrement plus sensuels ? Car voyez-vous, le plus gros reproche qu'on peut faire aux consultés précités, c'est de réduire la vie à l'économie et l'économie à un taux de croissance, quand les aspirations des populations sont certes un toit, un emploi et à manger mais pas que...

tom___lou-anh_france_30_oct_2007_-_003_copie.jpgTous les bloggueurs vous le diront, les billets les plus lus et les plus commentés, parlent d'amour, de beaux paysages, de rencontres, d'enfants... Comme disait Yves Cochet avant qu'EELV soit au gouvernement (je l'avais interviewé) : « Aimer et jouer du violon ne sont pas des activités très rentables, mais elles donnent plus sûrement du bonheur que des objets superflus et polluants. »

Les rapports politiques et sensuels, où vas-tu trouver ça, gourgandine ? Il en existe pourtant. A les lire, on se sent titillé par la jubilation inévitable que donnent l'imagination au pouvoir, l'espoir et la gentillesse, oui, c'est important la gentillesse. Je vous avais parlé en 2010 de l'Appel de la jeunesse, né sous le choc de décès par cancers de jeunes étudiants. A l'époque, ces jeunes parlaient du lien entre santé et environnement. Depuis, ils ont approfondi leur réflexion, qui les a amenés tout naturellement à imaginer un autre mode de développement. Possible dès aujourd'hui.

appel-jeunesse.jpgLeur livre écrit à douze mains est préfacé par Jean-marie Pelt et parrainé par Marie-Monique Robin, excusez du peu. Notre président « qui-fait-de-la-jeunesse-une-priorité » l'a-t-il lu, a-t-il étudié les propositions concrètes, réalistes et enthousiasmantes de ces jeunes pour que le changement soit maintenant ?

Autres rapports, en réponse au rapport Gallois : celui d'ATTAC sur l'austérité et la compétitivité extrêmement bien argumenté, et le contre-budget concocté par Jacques Généreux, économiste au Front de Gauche. Déjà, un économiste qui s'appelle Généreux, ça fait chaud au cœur. Surtout quand il l'est, généreux, avec un budget réaliste, relevant simplement d'une autre logique que celle du capitalisme financier. Une logique de partage, d'économie écologique, de suppression des paradis fiscaux... de priorité au travail plus qu'à la spéculation. Ils n'ont pas forcément raison sur tous les points, mais pas tort non plus. Pourquoi ne pas lire ces rapports, s'en inspirer, y piocher de bonnes idées ? Si être consensuel, c'est s'inspirer uniquement de la pensée dominante, ça s'appelle de l'idéologie. De droite. Paradoxal pour les citoyens qui pensaient avoir élu un président de gauche.

un million de révoHeureusement, partout dans le monde, des citoyens pratiquent d'autres façons de vivre et de sortir de la crise qui n'est pas seulement une crise économique, mais aussi (surtout) une crise de la joie de  vivre, d'aimer, de maintenir un rapport sensuel avec les autres et avec la planète qui nous héberge... « Un million de révolutions tranquilles » est paru aux éditions Les Liens qui Libèrent. Il parle de gestion collective de l'eau, de permaculture, de coopératives, d'économie solidaire, d'habitat écologique partagé, de potagers collectifs, de cliniques gratuites... américaines (eh oui!) de monnaie locale et surtout de la joie de vivre autrement : plus lentement, plus amicalement, plus simplement... Pas en théorie mais à travers des réalisations qui fonctionnent. Ca booste le moral quand le moindre JT vous le met en berne, ça rend confiance dans la vie et les humains et c'est autrement plus sexy et rock and roll que le trio Hollande/Ayrault/Gallois.

 

 

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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 13:18

Ce 8 décembre 2020, Guy Kaddict s'apprêtait à fêter ses 40 ans. Le temps avait passé depuis sa rencontre avec Clochette. Il se souvenait parfois avec émotion de cette fille au nom de fée qui l'avait accueilli lorsqu'il déprimait et lui avait permis de retrouver son amour perdu. Il lui arrivait de sourire en évoquant la façon sans façons, tendre et désinvolte, dont elle l'avait aimé sans rien demander en échange. Le temps passant, il avait espacé ses coups de fil, puis cessé tout contact. La vie l'attendait, propice. Guy Kaddict s'était lancé à corps perdu dans la finance et ça lui avait réussi. Il était riche, évidemment hostile à toute augmentation d'impôts qui aurait nui un tant soit peu à l'état de son compte en banque. Révolté par toute ingérence de l'Etat dans sa vie et farouche partisan de la liberté individuelle et du libéralisme, seul système à ses yeux capable de créer de la richesse et du bien-être. Après la réélection de Barak Obama, en 2012, il avait vécu un temps aux USA et constaté avec soulagement que malgré ses intentions socialisantes, le président démocrate ne pouvait pas aller trop loin dans ses projets de santé pour tous et de valorisation des populations noires et hispaniques. Trop d'intérêts s'y opposaient.

De retour en France, Guy Kaddict était décidé à défendre son pré carré avec la bonne conscience de celui qui pense être arrivé par ses propres mérites et considère les moins chanceux comme des assistés, des loosers qu'il serait immoral d'aider. Ces prétendus artistes payés à ne rien faire une bonne partie de l'année, ces enseignants râleurs toujours en vacances, ces postiers s'enrichissant à Noël en vendant des calendriers hideux décorés de chiens-chiens ridicules, ces personnels soignants toujours à gémir sur leur manque de moyens. Il avait applaudi la politique du président français qui avait imposé une drastique politique de réduction des prestations sociales et des salaires des fonctionnaires, pour aider les entreprises à redevenir compétitives et à créer des emplois... qui n'étaient pas venus et pour cause : que ce soit en France ou ailleurs, les biens ne se vendaient plus faute d'acheteurs, faute d'argent. A quoi bon la croissance s'il n'y a plus de débouchés ?

Seuls résistaient les biens de luxe et les loisirs que s'offraient les 10% des populations qui en avaient les moyens dont Guy Kaddict. Il était donc heureux. Sa start up avait grandi grâce au travail forcené de jeunes diplômés embauchés à bas prix et néanmoins enthousiastes à l'idée que s'ils bossaient dur, ils en toucheraient forcément un jour les dividendes. Guy sourit de leur naïveté. Pourquoi leur donnerait-il davantage, puisqu'ils acceptaient de vivre avec si peu ? Pourquoi se priverait-il de cet argent qui lui permettait de gâter sa femme et son fils ? La famille, c'est tout de même la priorité, se disait-il, les pauvres n'ont qu'à se débrouiller entre eux, l’État n'est pas leur nounou.

Ce 8 décembre 2020, il reçut moult souhaits d'anniversaire via Fesse-bouc, mais fut déçu de ne trouver dans sa boîte aucune carte ni lettre comme celles qu'il recevait quand il était enfant. Faute de postiers, le courrier n'était plus distribué que deux fois par semaine. Il appela la Comédie Française pour réserver trois places: un répondeur l'avertit que le théâtre national était fermé depuis un mois faute de subventions pour boucler son budget. Il se souvint qu'il avait effectivement applaudi à la réduction du budget de la culture au profit de l'aide aux entreprises : « Enfin, on s'occupe des vraies priorités ! » Néanmoins, il fut contrarié de voir sa soirée compromise. Qu'à cela ne tienne, ils iraient à l'Opéra. Même message : faute d'argent pour assurer les salaires du corps de ballet, l'Opéra avait fermé ses portes pour une durée non précisée.

Guy Kaddict descendit acheter un journal. La liste des nouveaux spectacles et des nouveaux films était incroyablement réduite. La quasi suppression du statut des intermittents avait décimé les rangs des comédiens dont beaucoup avaient quitté la capitale pour vivre sous d'autres cieux où la vie serait moins chère. Partant, peu de choses nouvelles se montaient... De riches amateurs d'art s'insurgeaient contre cette misère culturelle : « On ne vit pas que de pain et de foie gras, disait l'un, l'humain a besoin de nourriture spirituelle, intellectuelle... Ou alors nous devenons des animaux. » Guy Kaddict se souvint que c'était l'argument des intermittents lors d'une de leurs grèves, plusieurs années auparavant : « la culture est vitale ». Ca l'avait fait rire :

« Vitale ? Mais c'est l'industrie, les nouvelles technologies qui sont vitales. »

Son téléphone vibra, c'était son fils : « Impossible de venir pour ton anniv', je dois garder ma fille. -Elle n'est pas à la crèche ? - Tu sais bien que la crèche a fermé, la municipalité n'a plus les moyens de la financer. De toutes façons, il neige, la route est impraticable. - L’Équipement ne déneige pas ? - Papa, ce n'est plus l’Équipement, ça fait des années que les autoroutes sont privées et on ne déneige pas les tronçons non rentables. -Prends le train ! -Impossible, la gare près de chez moi a été supprimée, la plus proche est à 10kilomètres ».

Devant chez lui, Guy Kaddict aperçut un attroupement. De la fumée sortait par une fenêtre. Il demanda si les pompiers avaient été appelés. On lui répondit avec aigreur qu'il n'y avait plus de service public du feu depuis fin 2015, le service était désormais privé et les tarifs doubles le week-end.

« Qui va payer ? lui demanda quelqu'un. L'appartement en feu est inoccupé, c'est un court-circuit dans les communs ou une malveillance qui a mis le feu, les occupants de l'immeuble sont en train de se disputer pour décider s'ils acceptent de prendre ou non en charge l'intervention.

Guy Kaddict se souvient de l'adage : une seconde pour éteindre un feu naissant, une minute après une minute d'incendie, au-delà on ne garantit rien. Il regarda les flammes s'élever dans le ciel, entendit le craquement sinistre des vitres de son appartement et se dit que décidément, c'était un foutu anniversaire.

 

 

 

 

 

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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 17:25

Comme beaucoup d'entre vous sans doute, j'ai vu ce reportage sur France 2 :

http://www.dailymotion.com/video/xtswb8_jt-france-2-stage-non-remunere_news

avec la conclusion du juriste interrogé : « Ces agissements sont passibles de 3 ans de prison et 45000 euros d'amende. » J'espérais que ce reportage allait susciter des réactions en haut lieu, et puis rien. Pas de remous côté Ministère du travail ni Inspection du travail. Un ami auprès de qui je m'en indignais m'a répondu qu'avec 1 Inspecteur pour 28 000 salariés, les inspecteurs du travail sont débordés et ne se saisissent d'un dossier que si on les alerte.

Qu'à cela ne tienne, alertons. J'ai donc écrit une première lettre à Michel Sapin, Ministre du travail :

http://srv07.admin.over-blog.com/index.php?id=1344833694&module=admin&action=publicationArticles:editPublication&ref_site=1&nlc__=251351341037

lettre que vous pouvez librement copier et adapter pour l'envoyer à votre tour. Plus il sera alerté, plus il y aura des chances qu'il réagisse.

J'ai envoyé la même, adaptée à sa fonction, au Directeur Général du Travail en charge des Inspecteursdu travail :

jean-denis.combrexelle@dgt.travail.gouv.fr

Là encore, vous pouvez copier et envoyer...

On me dira : « Pourquoi fais-tu cela, tu n'es ni stagiaire ni en recherche d'emploi ? »

Parce que, tout simplement, je crois qu'il ne faut jamais laisser passer des agissements contestables, voire illégaux et que les outils existent pour cela, non violents et parfaitement légaux. Certes, on peut s'indigner, défiler dans la rue, regretter le temps d'avant qui était tellement plus social, s’inquiéter pour ses enfants et les aider... Tout ceci est bien, indispensable même, mais il arrive un moment où au-delà de l'indignation il faut défendre la dignité et cela passe par plusieurs choses :

  • prisonnier.jpgRefuser que soient banalisés les « emplois »pas ou trop peu rémunérés et les attitudes de mépris de certains employeurs. Le rapport de travail est un rapport d'échange : mes compétences contre un salaire décent, rapport sain et équilibré qui existe encore, mais de moins en moins. Du management par le stress à l'esclavage de clandestins, les rapports de travail tendent à se déshumaniser pour une raison simple même si parfois inconsciente : on a moins de scrupules à exploiter un être déshumanisé. D'où l'importance de s'affirmer en tant qu'être humain. Si vous acceptez le mépris, on vous méprisera, si vous mettez des limites courtoisement mais avec fermeté, on vous respectera. Je garde en mémoire le souvenir d'un greffier africain de notre père, qui avait lancé à un procureur général (blanc) entré en trombe sans frapper ni saluer dans son bureau : « Quand bien même vous seriez le Président de la République, ça ne vous dispense pas d'être poli ». C'est le Procureur qui s'est trouvé gêné et obligé de s'excuser...

  • Cesser d'avoir peur : la peur paralyse et fait le lit de la dépression. Par ailleurs on vous respecte d'autant plus que vous affirmez et défendez vos droits sans crainte. Deux fois dans ma vie professionnelle j'ai saisi les Prud'hommes. Tout le monde m'avait prédit que j'allais perdre mon emploi et ne plus jamais trouver de travail sur la place de Paris, le monde journalistique étant petit. Non seulement j'ai gagné les deux fois, mais je n'ai pas perdu une seule pige à cause de ces actions, et plutôt gagné le respect du DRH...

En France, nous disposons d'un Code du Travail et d'institutions qui permettent de faire respecter la loi... à condition de les utiliser, faute de quoi ces outils deviendront obsolètes, le Conseil des Prud'hommes a déjà été menacé de disparition à l'ère Sarkozy.

mai68.jpgTant que les gouvernants cèdent au chantage à l'emploi et accordent des réductions de cotisations sociales, tant qu'à l'autre bout de la chaîne, des jeunes qualifiés acceptent de bosser pour rien ou Peanuts, les entreprises n'ont aucune raison d'embaucher normalement. Difficile de forcer la main aux gouvernants, encore que... si nos ancêtres avaient raisonné comme ça, on n'aurait ni congés payés ni repos du dimanche. En revanche, si les stagiaires et autres précaires refusent en masse ces faux emplois, ils se feront entendre.

J'entend déjà les lamentations sur « la crise et l'absence de travail » Foutaise ! Sur le site Profilculture, à la rubrique « audiovisuel », j'ai relevé plus de 300 offres de travail de moins d'un mois, dont certaines marqué « urgent », preuve qu'il existe un vrai besoin. Mais sur ces 300 offres, il y avait 290 stages s'adressant pour beaucoup non pas à des étudiants mais à des diplômés, voire à des personnes ayant déjà quelques années d'expérience dans le secteur. Idem dans le secteur de la restauration et sans doute dans bien d'autres.

Les syndicats, les associations et les internautes peuvent soutenir et conseiller les précaires, mais c'est aussi à eux de relever la tête.

bandeauGénération Précaire, ne vous cachez plus derrière des masques quand vous défilez, montrez vos visages, affirmez que vous êtes l'avenir et que les entreprises ont besoin de vous et refusez les stages dès que vous n'êtes plus étudiant. C'est un risque? Quel risque? Les stages à répétition ne garantissent nullement une embauche prochaine comme on vous le fait miroiter : quand à 30 ans vous avez enchaîné 5 stages, l'employeur ne vous reconnaît aucune expérience mais sait en revanche que vous êtes docile et corvéable à merci... Pourquoi vous embaucherait-il ne serait-ce qu'au SMIC si vous acceptez de travailler pour 0 à 417 euros par mois ? Inutile de huelr à la mort, il suffit d'exiger le respect du droit commun, à savoir un vrai contrat de travail (CDI ou CDD selon les besoins de l'entreprise) sur la base minimum du SMIC non exonéré de cotisations sociales. Enregistrez discrètement vos entretiens d'embauche, ça peut servir...

_nergie.jpgSi tous les stagiaires de France cessaient le travail une semaine entière (c'est faisable, on n'a pas grand chose à perdre quand on gagne au mieux 417 euros par mois), bien des journaux ne sortiraient pas, des restaurants ne pourraient accueillir leurs clients, des sociétés de service tourneraient au ralenti... Leur impact économique serait aussitôt valorisé, évident, tout comme on s'aperçoit lors d'une grève de la Fonction Publique que ces fonctionnaires soi-disant inutiles sont indispensables. ( alors que l'absence de gouvernement en Belgique pendant 18 mois n'a nullement empêché le pays de tourner...)Ce serait jouissif, et diablement efficace pour retrouver l'estime de soi et la confiance indispensables pour s'en sortir.

 

 

 

 

P1000302.jpg

 


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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 14:28

Monsieur le Ministre,

Comme des millions de téléspectateurs et peut-être vous-même, j'ai vu ce reportage montrant les abus des employeurs en matière de stages non rémunérés et utilisés pour remplacer des emplois et non dans le cadre de stage emploi/formation.

http://www.dailymotion.com/video/xtswb8_jt-france-2-stage-non-remunere_news

A ma connaissance, la société incriminée n'a fait l'objet d'aucune poursuite alors que l'agissement du responsable du magasin est totalement illégal, passible de peines pouvant atteindre 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende.

Il n'est pas besoin de proposer de nouvelles lois pour assainir le marché du travail, il suffit d'appliquer strictement le Droit du travail, sans céder au chantage à l'emploi. (d'ailleurs, quels emplois à propos de boulots précaires et non payés?). En revanche, si les employeurs qui utilisent les stages pour ne pas embaucher ont un sentiment d'impunité, ils n'ont aucune raison de changer de comportement. Ils ne peuvent dire qu'ils n'y a pas de travail, puisqu'ils ne cessent de recruter. J'ai vu le même cas sur le site Profilculture (rubrique audiovisuel) où 314 emplois étaient proposés en un mois... mais moins de 5 CDI ou CDD sur le total, que des stages! Or beaucoup des entreprises concernées sont loin d'être de petites structures précaires...

Je compte sur vous, monsieur le Ministre, pour demander à vos services de tout simplement faire appliquer la loi, et je vous serais reconnaissante de bien vouloir me faire part de la suite donnée à ce courrier, qu'en ma qualité de journaliste, je vais rendre public.

Recevez, Monsieur le Ministre l'assurance de ma considération.

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4 octobre 2012 4 04 /10 /octobre /2012 13:35

mafalda1.JPGImagine, lui dit-il : entre 1960 et 2010, la productivité en France a quintuplé. Cinq fois moins de personnes suffisent pour créer autant de richesses qu'en 1960, où on ne vivait pas dans le dénuement, loin de là. Alors certes, en 2010 on a produit davantage qu'à cette époque, mais pas 5 fois plus. Conclusion: il est logique que les emplois disparaissent, parce qu'on a besoin de moins de gens pour produire.  Ca a permis de réduire le temps de travail, ce qui, jusqu'à ces dernières années, était considéré comme un réel progrès. En revanche, il y a plus de richesses qu'il n'y en a jamais eu sur terre, d'autant plus que la spéculation multiplie les sommes en circulation. Or 97% des échanges sur terre sont financiers et 3% seulement concernent ce qu'on appelle l'économie réelle. On croule sous l'argent! 

On ne cesse pourtant de nous répéter que les caisses sont vides. Alors, comme dirait Mafalda « il est où l'argent que les gens et les Etats n'ont plus ? »

600 milliardsDans les paradis fiscaux, dans la fraude fiscale (évaluée à 35 à 40 milliards d'euros par an) dans la faillite des banques en 2008: 800 milliards d'euros ont été déboursés en Europe pour « sauver les banques »qui avaient trop spéculé, moyennant quoi elles sont aujourd'hui florissantes et les Etats, donc les contribuables, qui se sont endettés pour les sauver ont la tête sous l'eau. Plus prosaïquement, en France, les exonérations de cotisations sociales, réductions d'impôts et niches fiscales ont coûté 100 milliards en dix ans. En dix ans également, 10% du PIB a été transféré des salaires vers les revenus du capital. Il y a des choses simples à faire pour remettre ce monde fou à l'endroit,  avec des propositions concrètes, immédiates et supportables, déjà en vigueur dans d'autres pays. Il suffit de revenir à un peu de morale, de cesser de prendre l'économie pour un casino royal et d'appliquer les lois existantes.

On pourrait donc assurer à tous les citoyens du monde un revenu de base sans qu'ils travaillent ?

Pas tout à fait. Ne pas avoir d'emploi ne signifie pas être oisifs. Beaucoup de besoins humains essentiels sont satisfaits hors de l'emploi salarié. L'exemple ancestral est celui de la mère au foyer : sans contrat de travail ni salaire, elle assure mille fonctions sans lesquelles la société ne survivrait pas. Il serait bien normal qu'elle ait un revenu de base qui lui donne l'indépendance indispensable pour maîtriser sa vie.

bonobosP1000871.jpgAutre exemple : les retraités passent-ils leur temps assis dans un rocking-chair à contempler tristement la rue ? Pas du tout ! 50% des bénévoles des associations sont des retraités, sans compter ceux qui gardent leurs petits-enfants, s'occupent de leurs très vieux parents, écrivent et partagent leur expérience, voient leurs amis... Ils n'ont pas d'emploi, mais ils sont indispensables à la société, qui ne fonctionnerait pas sans eux, et ils peuvent le faire parce que leur retraite les délivre de l'angoisse matérielle. Il a été calculé qu'un homme de 76 ans travaillant 8h par jour, soit 1/3 de sa journée, n'a consacré en fait que 12 à 15% de sa vie à son emploi si l'on déduit les vacances, les jours fériés et quelques périodes de maladie ou de chômage. Devons-nous fonder toute notre existence sur 15% de notre vie ?

Tu prêches une convaincue, mais je connais des cadres chômeurs bien indemnisés ou des retraités aisés qui ont le sentiment de ne plus exister parce qu'ils n'ont plus de statut social.

C'est bien pourquoi, même s'il est important d'agir au niveau politique, il faut soi-même changer son regard sur le monde et découvrir que la gratuité et l'affectif apportent plus de bonheur qu'un statut prestigieux, à partir du moment où la survie matérielle est assurée.

noisette1Dans le magazine où je bossais, j'avais fait un article où je demandais aux gens ce qui les rendait heureux ou malheureux. Heureux : « j'ai promené mon chien au parc et respiré l'odeur délicieuse d'herbe coupée », « une fille m'a souri, on a échangé quelques mots et nos numéros de téléphone », « il faisait chaud, je suis allée me baigner à l'heure du déjeuner » « En cours de maths, j'ai vu une lueur de compréhension s'allumer dans l’œil d'un cancre». Les malheurs étaient tous liés à la vie de fous qu'on mène, genre : « je conduisais sur le périph, mon mobile a sonné, j'ai répondu, la voiture devant moi a pilé, paf ! Je lui suis rentré dedans... Résultat : tôle froissée, en retard au boulot et PV pour pied bébénageurs.jpgavoir téléphoné en voiture, vie de merde ! » J'avais rédigé un encadré soulignant que le bonheur résidait très souvent dans des sensations gratuites et des rencontres humaines, qu'aucun interviewé ne m'avait dit qu'acheter le dernier Iphone l'avait rendu heureux, alors que les (petits) malheurs découlaient d'une vie où on se laisse déborder par le temps et les objets. L'encadré et les exemples de malheurs ont  été supprimés, le papier réduit à quelques interviews mineures titrées : « Vos petits plaisirs ». Je me suis dit que pour être ainsi censurée, j'avais dû toucher quelque chose d'essentiel qu'il ne fallait pas dire...

Effectivement, dans une société basée sur le matériel, c'est carrément sacrilège ! Pourtant, tu as raison : il y a 12 millions de bénévoles en France qui, lorsqu'on les interroge, racontent le bonheur de rendre service, de se sentir utiles aux autres. Ils font un boulot essentiel, qui n'est pas un emploi. Comme beaucoup d'artistes, sans qui la vie serait si terne, et qui devraient pouvoir créer sans l'angoisse du lendemain, d'autant plus que la culture est une des meilleures réponses à la violence.

La musique adoucit les mœurs... et la fréquentation énorme des musées montre que l'art est un vrai besoin.

cause-humaine.jpgjoueraumonde COUV4bisEt un plaisir ! Je prône le changement de société via le désir et le plaisir. L'écologie, si importante pourtant, a le tort de parler de façon restrictive : moins de ceci, moins de cela... en culpabilisant toute personne qui ne suit pas le dogme. Il faut insister sur le fait que jusque dans les années 70, on avait un mode de vie écologiquement soutenable et qu'on était plus heureux qu'aujourd'hui. Donner du sens à sa vie à travers des amis, des amours, des actions politiques ludiques, des jeux, une alimentation savoureuse et saine, des éclats de rire et des caresses, c'est faisable tout de suite.

Je me souviens d'un lecteur de 63 ans qui m'avait écrit: « Je n'ai su aimer qu'à deux périodes de ma vie. Quand j'étais étudiant,disposais de temps libre et ne pensais qu'aux filles, et depuis que je suis en retraite avec ma troisième compagne. Dans l'intervalle, j'ai bossé comme un malade, divorcé deux fois et rendu deux femmes malheureuses, sans parler de mes enfants que j'ai à peine vu grandir. Alors je propose une première mesure : quand on va dans une soirée, les gens vous demandent toujours « que faites-vous dans la vie ? » et attendent en réponse une profession. C'est mal vu de dire « rien » ou « chômeur ». Désormais, je leur demanderai « Que faites-vous de votre vie ? »

( Merci à Patrick Viveret pour cette conversation amicale et l'espoir qu'il sait stimuler)

 


 


 

 

 

 

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 14:59

manneken_pis.jpgMonsieur le ministre,

Vous êtes à juste titre soucieux de la sécurité de tous les citoyens. C'est la raison pour laquelle, je tiens à porter à votre connaissance des faits survenus à Bordeaux- ville où j'ai des attaches et des projets professionnels- le vendredi 14 septembre vers 2h30 du matin.

Deux jeunes gens, F. et N. rentrent chez eux à pied. N. pris d'une soudaine envie d'uriner, se soulage entre une poubelle et le mur d'une résidence située 56 cours de l'Yser. Une voiture de police surgit, quatre policiers en sortent, l'un d'eux interpelle le jeune homme en lui disant qu'il est interdit d'uriner sur la voie publique. N. se rajuste et alors qu'il n'oppose aucune forme de résistance et présente ses excuses au policier, celui-ci lui donne un coup violent à la cuisse et le pousse vers l'arrière.

flics 5F. ami de N, demande aux autres policiers pourquoi leur collègue est aussi brutal et au lieu de lui répondre, les policiers s'en prennent violemment à ce jeune homme ni menaçant ni particulièrement athlétique. L'un d'eux le frappe au visage avec ses gants en cuir, puis ils se mettent à deux pour le plaquer au sol et le menotter dans le dos. Pendant ce temps, le premier policier dresse procès-verbal de 45 euros pour “épanchement d'urine sur la voie publique, art. R99 du règlement sanitaire”. Compte-tenu de l'attitude violente des policiers, N. refuse de signer le PV mais l'empoche pour conserver le numéro matricule de l'agent, puis il part chercher des témoins de la scène.

 

Un couple qui y a assisté ne souhaite pas témoigner mais aide N. à noter le numéro d'immatriculation du véhicule de police, tandis que les policiers embarquent F. toujours menotté. Le policier qui a dressé procès-verbal revient vers N. et le menotte à son tour avant de le jeter dans la voiture. En chemin, alors que N demande à F comment il va, le policier leur impose le silence, puis le trajet se déroule sous les railleries des fonctionnaires de police, persuadés que les deux jeunes gens sont ivres. Arrivés au commissariat, un des policiers empoigne N pour le faire sortir de la voiture et lui demande ce qu'il fait dans la vie. N. garde le silence, le fonctionnaire de police s'énerve et fait une clé de bras au jeune homme, jusqu'à faire craquer son épaule et faire tomber ses lunettes.

prisonnier.jpgJe vous résume la suite: déhabillage sous les quolibets des policiers, enfermement 6h en cellule de dégrisement sans qu'aucun éthylotest, n'ait mis en évidence le moindre abus d'alcool. Les deux jeunes gens reçoivent d'ailleurs la visite d'un médecin qui constate qu'ils ne sont pas ivres et fait un signe d'impuissance en voyant l'état des deux jeunes gens, à la fois épuisés et très choqués par le comportement des policiers. 

Lorsqu'ils sont enfin libérés, F. ne peut récupérer ni son téléphone mobile, ni une de ses chaussures, apparemment égarés par les policiers. Les deux jeunes gens signalent aux agents de garde le matin qu'ils ont été insultés et maltraités et ne reçoivent en réponse qu'une indifférence totale. Sur les conseils de leurs amis, dont je fais partie, ils vont faire constater par un médecin les brutalités subies et disposent donc de certificaux médicaux et de photos les attestant. Par ailleurs, N. souffrant à 25 ans d'hypertension sévère, le comportement des policiers lui a provoqué une brusque poussée hypertensive qui s'est maintenue plusieurs jours malgré les médicaments. Trois jours après les faits, il restait extrêmement choqué, avec des maux de tête, des insomnies et la crainte de sortir, même de jour.

lego_monstre2.jpgVotre souci de la sécurité, Monsieur le Ministre, implique effectivement que les fonctionnaires de police dont vous avez la charge soient efficaces, mais ne les autorise nullement à avoir des comportements de “cow-boys” envers les personnes qu'ils contrôlent: le tutoiement systématique, le menottage, les insultes, les humiliations et les coups ne sont pas admissibles, a fortiori lorsque les interpellés sont des personnes ne présentant aucune menace pour les policiers ni pour l'ordre public. C'est pourquoi, par cette lettre ouverte, je vous demande que l'Inspection Générale des Services (IGS) soit saisie de cette affaire et que les policiers en cause se voient rappeler avec la plus grande fermeté que leur fonction est incompatible avec des comportements qui, loin de garantir la sécurité des citoyens, soumettent ceux-ci à des contrôles et des brutalités arbitraires.

J'adresse copie de cette lettre à M. Alain Juppé, maire de Bordeaux dont chacun connaît le souci de faire de sa ville une cité attractive et la publie également sur internet http://fsimpere.over-blog.com

En vous remerciant de l'attention que vous porterez à cette lettre et de la suite dont vous me tiendrez informé par vos services, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre en ma parfaite considération.

 

jerry-pense2.jpg


      "Je préfère les chats aux chiens car il n'y a pas de chats policiers."

Jean Cocteau

 

 

 

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 12:55

stress.jpgIl n'aura pas fallu longtemps pour réentendre l'antienne sur le coût du travail qu'il faut absolument réduire pour que les patrons puissent embaucher. Plus de vingt ans pourtant que réductions ou exonérations de cotisations sociales, défiscalisations et autres cadeaux aux employeurs n'ont pas freiné la montée du chômage, mais permis l'enrichissement d'une poignée d'actionnaires, de quelques patrons et de beaucoup de spéculateurs pour qui jouer avec la faillite des entreprises, des peuples et des États tient lieu d'art de vivre.  Mais relayée par les médias, cette croyance aveugle en un discours qui prouve chaque jour  qu'il est faux perdure. Conversation surprise cet été : « J'ai lu quelque part que PSA fait entre 300 et 500 euros de marge par véhicule, comment voulez-vous qu'ils s'en sortent avec le coût du travail en France ? Il sont bien obligés de licencier ! A deux pas, B... autre convive, opine. Lui n'a pas ces soucis, il travaille pour une firme automobile allemande florissante : « Cela dépend des véhicules, mais nos marges sont de l'ordre de 5000 euros par exemplaire. Un troisième, C,  l'interroge : « Vous produisez à l'étranger ? -Pas du tout ! Excepté un utilitaire fabriqué en Pologne, tout est fabriqué et monté en Allemagne. -C'est étrange, remarque C, le coût du travail en France et en Allemagne est très comparable, comment se fait-il que vous puissiez dégager autant de  marge ?  - C'est normal ! s'écrie le premier convive. Vous faites du haut de gamme, on gagne davantage sur le haut de gamme. -Sans doute, sourit C, mais qui empêche PSA de faire du haut de gamme ? Si c'est le résultat d'un choix stratégique, l'erreur vient de la direction, pas du coût du travail ni des salariés à qui ont fait payer le prix de cette erreur. De plus, même avec du bas de gamme on peut faire des bénéfices, voir les bons résultats de Renault avec les Logan... » 

Le mieux pour y voir plus clair était de discuter avec des salariés de PSA, des gens de terrain qui observent depuis des années ce qui se passe dans leur entreprise.

ouvrier à la chaîneEffectivement, le haut de gamme n'est pas le point fort de PSA, les grosses cylindrées Peugeot ne font pas rêver les amateurs de belles et puissantes voitures. L'entreprise a donc ciblé la moyenne gamme. Bon choix apparent, les classes moyennes étant un marché important.  Sauf que les décideurs de PSA répugnent à l'idée de concevoir la voiture de Monsieur Tout-le-monde. Ils ont donc misé sur  des véhicules moyens mais pourvus de finitions plus luxueuses que l'offre habituelle dans cette gamme. Problème : sur une voiture, ce sont les équipements qui font grimper le prix, surtout quand tout est sous-traité. Le sous-traitant, c'est logique, prend sa marge... qui réduit celle de PSA. Face à la concurrence des autres marques proposant des voitures simples et peu chères, bien adaptées à un marché en crise, PSA n'a pas fait le poids par rejet « idéologique » de la notion de low-cost. Autre erreur : avoir trop misé sur le diesel, que chérissent effectivement les français... mais ils sont les seuls. Les firmes étrangères, flairant que les normes environnementales européennes allaient marginaliser le diesel, ont travaillé sur des moteurs moins polluants, des voitures hybrides, une offre plus variée, bref ont travaillé pour le futur quand PSA s'attachait au marché français à  un instant T.

205-planete-205.jpg404.jpgMais qu'on se rassure, tout ceci n'a pas grande importance pour les dirigeants de la société. Il y a beau temps qu'ils savent que le marché automobile est appelé à se concentrer de plus en plus. Talbot, Citroën, Panhard ont disparu, absorbées par plus gros qu'eux, dont Peugeot...  8000 suppressions d'emplois font l'effet d'une bombe, mais dans la réalité, il y a beau temps que peu à peu, par suppressions de postes au profit d'intérimaires, puis suppression d'intérimaires, chômage partiel et « flexibilité » accrue, PSA a réduit sa masse salariale de plusieurs milliers d'équivalents-postes. Le constructeur est aujourd'hui allié à General Motors, David français contre Goliath américain (il y a peu en faillite mais renfloué par le contribuable US). Un jour prochain sans doute ne subsistera de la marque française qu'un logo et la nostalgie d'une excellence,  celle des « Pigeot 404 » ou de la petite « 205 » chouchoutées par leurs ultimes propriétaires. De toute façon, les billes du capital PSA sont déjà réparties pour l'essentiel ailleurs, dans d'autres activités, notamment financières... 

Sauver l'industrie automobile? Beau discours, quasi impossible à réaliser. Déjà, obtenir un plan de reclassement convenable implique un rapport de forces favorable aux salariés, c'est-à-dire avec un soutien courageux du pouvoir politique. Or, il n'aurait fallu que très peu de courage pour respecter la promesse du candidat Hollande de doubler le plafond du livret A, ce qui aurait apporté un souffle de trésorerie bienvenu, au logement social notamment. Mais pour ne pas déplaire aux banques qui s'inquiétaient d'un possible transfert de fonds alimentant leurs  produits financiers vers le livret A, la chose se fait progressivement, craintivement... Rappeler que juridiquement toute heure travaillée doit donner lieu à cotisations sociales, qui sont un salaire différé et non une charge ne demanderait qu'un tout petit courage, mais au lieu de cela des élus dits « de gauche » vont caresser le MEDEF dans le sens du poil en affirmant que « le coût du travail n'est pas un sujet tabou ». Honte aux politiciens qui ne cessent de vouloir « rassurer les marchés », refusent de séparer banques de dépôts et banques d'affaires, tout en hurlant à l'irresponsabilité de ceux qui réclament un SMIC à 1500 euros.  Honte aux instances européennes qui ne bronchent pas lorsque sont mis à la tête des gouvernements Italien et Grec ainsi que de la Banque centrale européenne des anciens de la banque Goldman Sachs.

Mario-Draghi.jpgtrichetA cet égard, le succès de l'excellent documentaire sur  la banque Goldman Sachs, (rediffusion le 19 sept à 10h25,  le 25/09 à 2h45, ou visionnage sur le site d'Arte) témoigne de l'exaspération croissante des citoyens vis-à-vis des pratiques financières. Cette banque américaine responsable en grande partie de la faillite de la Grèce et de la crise de 2008, a été exonérée de toute responsabilité par les juges Etasuniens. Paralysés sans doute par la puissance de Goldman Sachs qui a patiemment placé ses pions, des hommes tout acquis à la banque, dans les sphères politiques, les instances internationales et les médias. Au point que son PDG se prend pour Dieu... et qu'on voit avec stupéfaction dans le film la peur envahir le visage de Jean-Claude Trichet quand un journaliste lui demande de parler de son successeur Mario Draghi, ex-Goldman Sachs, à la direction de la banque centrale européenne. C'est le regard d'un homme ayant un revolver de mafieux pointé dans le dos. De fait, Goldman Sachs a emprunté à la mafia l'art de tisser une toile et l' absence de scrupules...


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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 23:49

paris-sur-mer.jpgDu 2 au 16 août, la planète « PARIS » est méconnaissable. Samedi, je me suis baladée de Maubert à Montparnasse en longeant la Seine et n’ai croisé que des gens souriants qui marchaient sans se presser. Passerelle des Arts, le nombre de cadenas d’amoureux ne cesse d’augmenter, du coup les bouquinistes vendent des cadenas, voici comment naît un nouveau marché. Bizarre tout de même que l’amour soit symbolisé par un cadenas, n’est-ce pas un peu… enfermant ? Rue de Rennes, les trottoirs étaient immenses et calmes… Simplement libérés des motos et vélos qui y stationnent d’ordinaire, et de la foule bruyante des piétons faisant du lèche-vitrines. A propos de lèche-vitrines, un couple d’aveugles à canne blanche marchait d’un bon pas en agitant leur canne devant eux. Leurs têtes tournaient avec un bel ensemble devant chaque vitrine. Brusquement, ils sont entrés sans hésiter dans une boutique. Comment ont-ils vu ce qui les intéressait ? Mystère. L’été génère décidément d’étonnantes planètes…

canard-enchaine-numero-specialAvant la rentrée, pour remettre joyeusement en marche vos neurones, je ne saurais trop vous conseiller la lecture du dossier d’été du Canard Enchaîné : « Bienvenue chez les riches », voyage ahurissant sur une planète sidérante. Qu’est-ce qu’un riche, direz-vous ? L’INSEE fixe les « très hauts revenus » à partir de 7350 € net par mois, seulement 1% des français en font partie. Voilà qui relativise grandement les cris d’orfraie qu’ont poussé certains lorsque JL Mélenchon voulait taxer à 100% la tranche de revenus située au-dessus de 30 000 € par mois, ça n’aurait finalement pas concerné grand monde.  Quant à la taxation à 75% pour la partie dépassant le million d’euros annuels annoncée par François Hollande, elle ne toucherait que 0,008% des foyers fiscaux. Pas de quoi hurler à la spoliation.

Cela dit, ces chiffres sont de la gnognotte à côté des fortunés dont le Canard Enchaîné raconte la saga argentifère. Sagas très différentes, entre des requins sans scrupules qui ont fait fortune à la limite de la légalité, de véritables bandits que les tribunaux ont condamnés et des capitaines d’industrie doués d’une solide intelligence,  du sens des affaires et d’un cynisme qui leur enlève tout état d’âme. Cela n’empêche nullement certains d’être artistes, mécènes, de gauche ou créateurs de fondations  écologiques…mais les rend tous gaspilleurs et pollueurs. Selon l’INSEE encore, les 20% de français les plus riches émettent 2,7 fois plus de gaz à effet de serre que les 20% les plus pauvres. Forcément, les voyages en Jet privé et les grosses cylindrées alourdissent la facture écologique.

nic_riche.jpgMais le vrai problème est qu’à un certain niveau de richesse, tout caprice est réalisable, il suffit de payer. C’’est un autre monde, inimaginable pour 99% des français, et un réel danger pour la société et la démocratie. Certains s’imaginent que seuls des haineux, des jaloux « qui n’aiment pas les riches » peuvent défendre l’idée d’écrêter les plus hauts revenus. Pas le moins du monde ! C’est une question de santé mentale… pour les riches eux-mêmes. Parce que leur argent leur rend tout possible, y compris les comportements les plus extrêmes, ils évoluent dans un monde irréel, sans limites, où ils ne se sentent nullement tenus par les règles élémentaires de la vie en société. Le sentiment de surpuissance qui coupe l’individu de la réalité est une pathologie psychiatrique, une vraie. Littéralement, trop d’argent rend fou et incapable d’empathie avec autrui. Et comme il donne aux riches un pouvoir immense, ce pouvoir est détenu par des personnes coupées du réel,  pour qui licencier 5000 personnes reste une notion abstraite. Quant à ceux qui ont trop d’argent mais pas de pouvoir, comme les footballeurs ou certains « people », le sentiment de surpuissance se transforme en arrogance, avec moult dérapages et excès en tous genres qui font les délices de la presse spécialisée…

Le dossier du Canard Enchaîné rappelle aussi quelques affaires financières dans lesquelles les magistrats ont condamné de riches contrevenants à de lourdes amendes et parfois même de la prison. Ce qui satisfait les citoyens et leur fait croire « qu’il y a tout de même une justice ». Sauf qu’à de rares exceptions près, la majorité de ces condamnations n’ont pas été appliquées. Impunité et inégalité de traitement (par rapport au citoyen lambda) parfaitement non démocratique.

 

paris.jpg

 

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 11:26

Tout comme « les marchés » deviennent des sortes d’entités surpuissantes à propos desquelles nous n’aurions aucune responsabilité, aucune capacité à réagir, le climat est devenu un ennemi, un type louche et déréglé qu’il faudrait éliminer si c’était possible, pour vivre en permanence à 20°.

hamac.jpgAinsi, on vous annonce en hiver que « le froid a tué un SDF » en oubliant que le malheureux est plus mort d’être SDF qu’à cause du froid. D’autres font du ski en hiver et s’en portent très bien… En été, communiqué alarmistes contre la canicule : « il fait chaud, ne sortez ni les bébés, ni les vieillards », on lutte sur le front des incendies et contre la pollution, on se mobilise contre la canicule. Le soleil auquel on aspire après un mois de juin pourri devient un ennemi dès qu’il fait chaud, on allume les clims (ce qui aggrave la situation, car nul n’ignore qu’une clim’ rejette à l’extérieur les calories piquées à l’intérieur) et l’on parle du « dérèglement climatique » quasi en traitant la Terre de planète en chaleur, avec la connotation péjorative de ce genre d’expression.

serifos2008-9.jpgArrêtons de déclarer la guerre, de raisonner en termes de conquête, de maîtrise ou de guerre ! C’est avec cette logique agressive qu’on a créé l’agriculture intensive qui appauvrit et empoisonne les sols, qu’on a désertifié les mers, emprisonné les animaux en batterie et créé des villes sans âme. Parions plutôt sur un développement amoureux avec et non contre la planète. Pas de développement amoureux durable sans observation réciproque et respectueuse, sans prise en compte de la sensibilité de chacun, sans respect du territoire et de la liberté des êtres. Dès qu’il y a rapport de forces, possession sans désir, c’est l’échec. On ne devient pas écologiste en forçant l’ADN d’un épi de maïs pour lui insérer un gène de bactérie, mais en observant les champs de maïs pour comprendre comment ils se défendent naturellement contre les prédateurs, ce qui les rend plus forts et ce qui les fragilise. Exemple autre que le maïs : on évite bien des maladies de la vigne en espaçant davantage les ceps pour que l’air circule mieux entre eux, ça réduit l’humidité qui attire les champignons et les parasites. On y perd un peu en rendement, mais la terre reste saine et on économise sur les achats d’intrants chimiques.

penjari-elephants.jpgEn été, bien sûr qu’il faut être attentif aux feux de forêt et à la pollution, mais en fait, c’est toute l’année qu’il faudrait penser que le bois est combustible et l’air pur pas inépuisable. Au lieu de lutter contre la chaleur, imitons ce que font les gens qui vivent toute l’année dans des pays caniculaires. Se lever tôt pour profiter des heures fraîches et compenser la nuit plus courte par une sieste, y compris au travail. Les entreprises doivent savoir qu’une demi-heure de sieste leur rendra des salariés bien plus fringants et productifs qu’une clim’  et un excès de café. Boire beaucoup. De l’eau du robinet, potable dans la majorité des départements. Qu’un vieux meure déshydraté chez lui faute d’avoir pu monter son « pack » d’eau minérale (c’est arrivé en 2003) montre à quel point de dépendance et de stupidité est arrivé l’homo occidentalis. Apprécier la chaleur qui donne envie de fruits et de légumes, et d’un verre de vin frais partagé avec des amis dans la douceur de crépuscule tardifs.

lars5

photo de Lars Stephan

Inutile de gaspiller des hectolitres avec deux douches par jour : un gant humide passé sur le corps à intervalles réguliers suffit à rafraîchir et cela peut se faire partout : au bureau, chez soi, presque dans la rue. Rue où par temps torride tout ou presque est permis : les filles sont belles, les hommes dorés, les nombrils en goguette, les jambes fines et attirantes. Profitons de siestes torrides où l’on découvre, dans les délices de l’amour l’après-midi, la sensation oubliée des odeurs corporelles ( je parle de gens qui se lavent régulièrement, évidemment), sueur aphrodisiaque qui dessine sur le dos de l’homme des rivières que la bouche a envie de suivre de la source à l’embouchure, qui donne à la peau féminine un glissé inédit propice aux longues caresses… L’été sera torride ou bien ne sera pas, bel alexandrin dont on ferait volontiers sa devise.

Lorsqu’on aime la blondeur des épis parce que, comme au renard du Petit Prince, elle évoque une  chevelure longuement caressée, lorsqu’on aime l’odeur de la mer comme le souvenir de celle d’une femme désirée, lorsqu’on respire à pleins poumons un air si pur qu’il grise d’une émotion quasi charnelle, bref, quand on érotise la nature, on ne supporte plus de l’arroser de pesticides, de prendre la mer pour une poubelle et l’atmosphère pour un cendrier qui pue. On a envie de l’apprivoiser et de se blottir contre elle, avec la certitude que le bonheur est ailleurs que dans un taux de croissance.

 

sarakiniko.jpg

Ce n'est pas le Groenland et ses icebergs, mais Sarakaniko à Milos (Grèce)

 



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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 09:30

Je vous avais parlé en son temps du documentaire "Zambie: à qui profite le cuivre?" racontant comment la société Suisse Glencore, soutenue à l'époque par la Banque Européenne d'Investissement, exploitait le cuivre de Zambie sans reverser un centime au gouvernement zambien et a fortiori à son peuple, puis le revendait au prix du marché sans payer d'impôt, vu que la filiale le commercialisant se trouvait dans un paradis fiscal. Le documentaire décortiquait cette fraude fiscale ô combien répandue- rappelant au passage que Glencore avait déjà été lourdement condamnée aux Etats-Unis sur ce motif- et montrait les conditions environnementales et sociales lamentables dans lesquelles se déroulait l'extraction du cuivre: sols pollués par des toxiques, enfants contaminés, etc.

Ce film réalisée par deux jeunes femmes talentueuses, Alice Audiot et Audrey Gallet, vient de recevoir le PRIX ALBERT LONDRES, la plus haute récompense journalistique. Il le mérite à double titre. Il est passionnant à regarder:

► 52:30► 52:30

vimeo.com/25000940

et a contribué à la justice: quelques jours après la diffusion sur France 5, la BEI a annoncé qu'elle allait cesser de financer Glencore et le gouvernement Zambien a réclamé à la firme les sommes qui lui étaient dues. (j'ignore s'il les a reçues). 

Il était temps! L'association "Les Amis de la Terre" travaillait sur ce dossier depuis deux ans, et avait moult fois alerté les instances européennes et internationales sur ce scandale, recueillant l'approbation morale des intéressés... mais aucune décision. Comme quoi, il arrive que la télévision et la médiatisation donnent un coup de pouce efficace à l'action militante, comme cela a été le cas pour "le monde selon Monsato", "le cauchemar de Darwin" ou "we feed the world." 

La jeune femme  qui pilote les documentaristes à travers l'épineux dossier Glencore et explique les enjeux de ce scandale s'appelle Anne-Sophie Simpère. C'est ma fille aînée, elle a travaillé cinq ans aux Amis de la Terre avec une persévérance et une combativité efficaces, elle s'est également investie bénévolement au service d'une ONG en Inde, et donc, je le dis sans aucune modestie, je suis très fière d'elle, et émue que nous soyons sur ce point idéologique en parfaite harmonie.


zambie-copie-1.jpg

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