La politique aurait-elle une dimension Freudienne, voire Lacanienne? Cette floraison de rapports, par exemple, rapport Gallois, rapport Jospin, rapport Attali ? Ca connote sexuel, tant de rapports ! Et cet adjectif, toujours accolé à François Hollande : président consensuel ? Entre nous, je ne le trouve pas si sensuel... même si ses rapports avec les femmes semblent parfois tendus:)
Comment ? Consensuel n'aurait rien à voir avec le sexe ni la sensualité, cela voudrait dire que François Hollande consulte beaucoup avant de décider, pour trouver un compromis. (vous êtes sûr, rien de sexuel ?) C'est effectivement la marque des François, qui affichent volontiers une volonté de décrispation : Union de la gauche Mitterrandienne, Ni gauche ni droite mais centre pour Bayrou.
Mais une fois au pouvoir, F. Mitterrand n'a rien eu de plus pressé que de casser l'Union de la gauche (notamment le Parti communiste) et de briser Michel Rocard pour, finalement décider seul. F. Bayrou n'est même pas au pouvoir qu'il a déjà réussi à s'isoler à force de tout décider seul... Et F. Hollande, élu grâce aux voix de la gauche (FDG) et de l'extrême gauche (NPA, Lutte ouvrière, PT) n'a rien de plus pressé que d'ignorer leurs propositions. Où est le consensuel dans les positions (!) du MEDEF et du rapport Gallois, qui négligent ou ignorent moult rapports autrement plus sensuels ? Car voyez-vous, le plus gros reproche qu'on peut faire aux consultés précités, c'est de réduire la vie à l'économie et l'économie à un taux de croissance, quand les aspirations des populations sont certes un toit, un emploi et à manger mais pas que...
Tous les bloggueurs vous le diront, les billets les plus lus et les plus commentés, parlent d'amour, de beaux paysages, de rencontres, d'enfants... Comme disait Yves Cochet avant qu'EELV soit au gouvernement (je l'avais interviewé) : « Aimer et jouer du violon ne sont pas des activités très rentables, mais elles donnent plus sûrement du bonheur que des objets superflus et polluants. »
Les rapports politiques et sensuels, où vas-tu trouver ça, gourgandine ? Il en existe pourtant. A les lire, on se sent titillé par la jubilation inévitable que donnent l'imagination au pouvoir, l'espoir et la gentillesse, oui, c'est important la gentillesse. Je vous avais parlé en 2010 de l'Appel de la jeunesse, né sous le choc de décès par cancers de jeunes étudiants. A l'époque, ces jeunes parlaient du lien entre santé et environnement. Depuis, ils ont approfondi leur réflexion, qui les a amenés tout naturellement à imaginer un autre mode de développement. Possible dès aujourd'hui.
Leur livre écrit à douze mains est préfacé par Jean-marie Pelt et parrainé par Marie-Monique Robin, excusez du peu. Notre président « qui-fait-de-la-jeunesse-une-priorité » l'a-t-il lu, a-t-il étudié les propositions concrètes, réalistes et enthousiasmantes de ces jeunes pour que le changement soit maintenant ?
Autres rapports, en réponse au rapport Gallois : celui d'ATTAC sur l'austérité et la compétitivité extrêmement bien argumenté, et le contre-budget concocté par Jacques Généreux, économiste au Front de Gauche. Déjà, un économiste qui s'appelle Généreux, ça fait chaud au cœur. Surtout quand il l'est, généreux, avec un budget réaliste, relevant simplement d'une autre logique que celle du capitalisme financier. Une logique de partage, d'économie écologique, de suppression des paradis fiscaux... de priorité au travail plus qu'à la spéculation. Ils n'ont pas forcément raison sur tous les points, mais pas tort non plus. Pourquoi ne pas lire ces rapports, s'en inspirer, y piocher de bonnes idées ? Si être consensuel, c'est s'inspirer uniquement de la pensée dominante, ça s'appelle de l'idéologie. De droite. Paradoxal pour les citoyens qui pensaient avoir élu un président de gauche.
Heureusement, partout dans le monde, des citoyens pratiquent d'autres façons de vivre et de sortir de la crise qui n'est pas seulement une crise économique, mais aussi (surtout) une crise de la joie de vivre, d'aimer, de maintenir un rapport sensuel avec les autres et avec la planète qui nous héberge... « Un million de révolutions tranquilles » est paru aux éditions Les Liens qui Libèrent. Il parle de gestion collective de l'eau, de permaculture, de coopératives, d'économie solidaire, d'habitat écologique partagé, de potagers collectifs, de cliniques gratuites... américaines (eh oui!) de monnaie locale et surtout de la joie de vivre autrement : plus lentement, plus amicalement, plus simplement... Pas en théorie mais à travers des réalisations qui fonctionnent. Ca booste le moral quand le moindre JT vous le met en berne, ça rend confiance dans la vie et les humains et c'est autrement plus sexy et rock and roll que le trio Hollande/Ayrault/Gallois.