Il y a en France 350 000 nouveaux cas de cancers par an, et 150 000 décès. Coût du désastre : infini en termes de souffrance et de gâchis humain. Environ 74 milliards d’euros par an en termes de dépenses. Chez les 45/60 ans, les cancers tuent plus que les infarctus et beaucoup plus que les accidents de la route. En 25 ans, leur incidence a augmenté de 93% chez les hommes et de 84% chez les femmes. A cause du vieillissement de la population ? Un peu, mais les cancers ont aussi considérablement augmenté chez les enfants et adolescents, ainsi que chez les jeunes femmes. En 1980, un cancer du sein avant 40 ans était exceptionnel, aujourd’hui non.
Lors de la Journée Mondiale du Cancer, le 4 février, on a une fois de plus incriminé le tabac, l’alcool et l’alimentation, qui seraient à l’origine de 40% des cancers. Et les 60% restants? Pas un mot ou presque sur les autres facteurs environnementaux : les pesticides, dont moult rapports montrent le caractère perturbateur endocrinien (or les cancers du sein et de la prostate sont hormonodépendants, donc liés à l’équilibre endocrinien), les polluants chimiques
et industriels, les conséquences du nuage de Tchernobyl 25 ans après, les ondes électromagnétiques qui, sans être directement cancérigènes, provoquent une fragilisation de l’ADN des cellule, les stress qui fragilisent le système immunitaire, les produits cosmétiques et d’entretien…
Comme d’habitude en matière de santé, on culpabilise l'individu: « tu manges, bois et fumes trop, tu ne bouges pas assez… », mais on omet soigneusement ce qui relève d’une prévention globale et demande de la volonté politique face aux intérêts économiques.
Ainsi, la directive européenne sur les pesticides a interdit l’usage d’un certain nombre de produits du fait de leur dangerosité ou parce qu’ils sont insuffisamment évalués… mais elle a prévu des dérogations possibles en cas de péril grave ou danger imprévisible (pour les cultures) impossible à combattre sans une de ces dangereuses molécules. Que croyez-vous qu’il arriva ? Une flambée des demandes de dérogation! Dont la France est championne d’Europe, passée de 0 dérogations en 2007 à … 74 en 2010, suivie par la Grèce (6 à 51). Peut-on croire un seul instant que 74 dangers et périls ont menacé les cultures en France l’an dernier alors qu’il n’y en avait pas un seul trois ans avant ?
Polluants de l’air et de l’eau (leur extraction demande une grande quantité de produits chimiques) l’exploitation des gaz de schiste est une hérésie environnementale et même économique : cela coûte très cher, salope les paysages, et tout cela pour quoi ?
Pour essayer de retarder de quelques années encore la fin du pétrole et des énergies fossiles. Au lieu d’anticiper en investissant dans des énergies renouvelables, dans les économies d’énergie et surtout dans une forme de développement, non basée sur la croissance ad libitum. Eh bien ça y est : les autorisations pour extraire en Ardèche (magnifique région encore épargnée jusqu’ici) sont en route et la noria des camions va pourrir la vie et la santé des habitants.
Et lorsque dans vingt ans ils auront un cancer, on leur conseillera d’arrêter de fumer et de manger moins gras et moins sucré.