Il y a deux jours passaient au-dessus de Paris les avions militaires en pleine répétition du défilé du 14 juillet. Vol en triangle, comme les canards, en plus bruyant. Place de la Concorde s'affairaient des ouvriers pour construire les estrades . J'ai dans l'idée que le défilé militaire, ses pompes et ses oeuvres, coûte infiniment plus cher que la garden-party de l'Elysée et que, tant qu'à faire des économies, il eût mieux valu supprimer celui-là que celle-ci. .. Il est vrai que cette année quelques milliers d'internautes facétieux projetaient de s'inviter à cette garden-party comme à un apéro géant, financé par nos impôts, donc nous appartenant. La suppression de la garden-party relève-t-elle de l'économie ménagère, ou de la crainte de voir les jardins Elysées envahis par des manants non invités? Nul ne le saura...
De toute façon, question économies, il serait plus radical de se passer d'un sous-marin nucléaire que de supprimer la "niche fiscale" des employés de maison et autres petits emplois-service. Un sous-marin nucléaire en moins ne nous rend pas plus vulnérable militairement, et un en plus ne nous rend pas plus puissants. Tandis que des emplois-services en moins, ce sont des chômeurs en plus, des femmes pénalisées parce que la moitié de leur salaire servira à payer la dame qui garde leurs enfants, des vieux dans l'incapacité de financer les personnes qui leur permettent de rester à domicile dans des conditions décentes. Ils iront en maison de retraite, ce qui est du reste une bonne façon de traiter le dossier desdites retraites: en se débarrassant des vieux plus vite. Statistiquement, les personnes âgées meurent dans les 12 à 18 mois qui suivent leur entrée dans une telle maison. Pas parce que celles-ci sont de mauvaise qualité. Pas parce que les vieux sont malades. Juste parce qu'il est quasi impossible, passé 75 ans, de couper ses racines, de quitter le lieu où on a vécu les trente ou cinquante ans précédents sans y perdre ses repères et son goût de la vie. On ne change pas une plante adulte de pot n'importe comment, il y faut beaucoup d'attention, sinon elle crève. Les humains sont pareils. Pas plus malins, pas plus forts que la nature, dont Jean-Marie Pelt dit " La nature peut se passer de l'homme, mais l'homme ne peut pas se passer de la nature." A cause de son orgueil, il la détruit. Et lui avec.
A ce propos, je suis allée voir, avec retard "solutions locales pour un désordre global" film de Coline Serreau. Un documentaire plus qu'un film de divertissement, mais pas chiant pour un sou. On y détaille la logique prédatrice de l'homme- au sens plus souvent masculin que féminin- qui crée les famines, les sécheresses, l'épuisement des sols et les changements climatiques. On y rencontre aussi, surtout, des gens qui un peu partout commencent à faire autrement, en retrouvant tout bonnement des savoirs oubliés (ou moqués par la "modernité") Et ça marche! Et ceux qui font autrement ont en commun un regard heureux et une vitalité à l'opposé des rictus coincés ou automatiques de certains puissants de ce monde. Respecter la nature, les femmes, les humains entre eux, les animaux n'est pas une attitude Bisounours (étrange comme Bisounours est devenu une sorte d'insulte à l'égard des gens tout simplement gentils) mais un bonheur qui rend beau. Mieux que tous les liftings, crèmes antirides ou autres artifices...
A part cela, mon ordi est en panne: il a chaud, il a perdu ses couleurs et l'affichage des photos, ce qui m'a obligée à rédiger ce billet sans couleurs dans le texte, en insérant les illustrations à l'aveugle. Sauf réparation rapide, je vais l'envoyer en congés d'été... et moi avec.