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11 juillet 2012 3 11 /07 /juillet /2012 18:56

dieux1.jpgElle le rencontra dans un bar. Un dealer propre sur lui, qui lui inspira sur le champ confiance. Après quelques verres de bon vin et une petite fumette partagée, il lui souffla à l’oreille qu’il avait quelque chose de meilleur à lui proposer, du genre qui fait planer non seulement pendant mais après… avec la décharge d’adrénaline, d’endorphines, de dopamine, bref de tous les trucs en « ine » qui signent le very good trip.

feux d'art1Il n’avait pas menti. Une seule dose de sa came suffit à la faire planer si fort qu’elle réclama « encore ! » mais il rit : « Pas ce soir, j’ai à faire, je te promets de revenir demain. » Il était à peine parti que déjà elle rêvait au lendemain, regrettant dans le vertige qui l’avait saisie de ne pas avoir pensé à lui demander son numéro de mobile.

homme4.jpgLe second jour, il doubla la dose et ce fut dantesque. Elle ne savait plus qui elle était ni où elle habitait, tout ce qu’elle savait c’est qu’il lui faudrait désormais sa dose quotidienne, tant le manque la saisissait quelques minutes à peine après son départ. Avant, elle avait pourtant goûté à l’herbe, de la bonne rapportée par un ami d’Afghanistan, elle avait testé des comprimés qui font rire lors d’un festival techno, bref elle n’était pas une débutante, mais jamais encore elle n’avait été aussi intensément et rapidement addict. Elle appela des copines pour leur raconter cette merveille et toutes l’envièrent. Seule sa meilleure amie, Polly Sirène, fronça les sourcils. « Fais gaffe, t’es en train de partir en vrille. »  Elle pensa que son amie était une rabat-joie, et ne voulut pas entendre l’avertissement, passant les dix jours suivants dans l’attente éperdue du dealer et ne se ranimant que lorsqu’il sonnait à sa porte.

Un soir, il ne vint pas. Elle connut une nuit blanche où elle se tordit de douleur sur son lit, en proie au manque qui lui creusait le ventre et la laissait en sueur, en larmes en désespoir… Le cinquième jour, il arriva comme si de rien n’était : « Désolé, j’étais en voyage et n’ai pas pu te prévenir. » Elle se précipita sur lui, il l’écarta de ses deux mains tendues, sourit : « Une seule dose pour te réhabituer, ou tout de suite deux ? » La question ne se posait même pas. Elle en voulut, une, deux, trois, avec la sensation de ne vivre pleinement que durant ces minutes là.

Elle lui dit qu’elle avait besoin de sa came quotidienne, qu’il devait la lui fournir, après tout c’est lui qui l’avait rendue addict, il ne pouvait pas la laisser tomber. Il ne répondit pas et elle fut prise d’une angoisse intense à l’idée d’avoir été trop insistante. Elle lui proposa une grosse somme d’argent, il la refusa. « Plus tard, rien ne presse. »

cerise_sensuelle.jpgUne fin d’après-midi où l’orage donnait à la ville des lueurs de crépuscule, elle l’aperçut dans un café, parlant à l’oreille d’une femme qui riait en l’écoutant. Elle en fut offusquée. Ce sale type dealait partout ! Elle appela Polly pour lui crier son indignation. Polly essaya de calmer le jeu : « Réfléchis : il te fournit tes doses, n’est-ce pas ? Alors pourquoi te mettre dans un état pareil ? – Mais Polly, c’est insupportable, je ne veux pas qu’il deale ailleurs. -C’est sa vie, tu ne peux pas l’enfermer chez toi, tout de même ! »  Elle en convint, tout en se disant intérieurement que si, c’est ce qu’elle aurait voulu : l’enfermer et qu’il devienne son dealer attitré. Elle ne supportait pas l’idée que d’autres qu’elles goûtent cette drogue exquise. Il ne lui suffisait plus d’en profiter, elle en voulait l’exclusivité. 

lego_monstre2.jpgLe soir, après sa dose car elle aurait été incapable de lui parler avant, elle lui révéla qu’elle l’avait vu dealer dans un bar et qu’elle ne le supportait pas. Il se leva pour partir, elle se traîna à ses pieds, il se dégagea, elle tenta la froideur : « Fiche le camp, je trouverai d’autres dealers, tu n’es pas le seul à avoir de la bonne came. » Mais quand il ouvrir la porte, elle hurla : « Reviens, sinon je vais mourir ! ». Elle écouta décroître le bruit de ses pas dans l’escalier et crut effectivement qu’elle allait mourir tant le manque se faisait aussitôt sentir.

Elle  se procura une arme, guetta le dealer à la sortie du bar où il officiait ce soir là. A peine avait-il franchi la porte qu’elle tira deux fois. Elle visait bien, il s’écroula, elle s’enfuit en courant et monta quatre à quatre chez elle.

Quelques jours plus tard, averti par son employeur qui s’inquiétait de son absence et n’avait pu la joindre au téléphone, les pompiers enfoncèrent la porte et la trouvèrent morte sur son matelas, un flacon de comprimés ouvert sur la table de nuit. A défaut de sa dose, elle avait avalé une overdose de somnifères.

« Encore un drame de la drogue, soupira le flic qui les accompagnait.

-Ou un chagrin d’amour, suggéra le jeune pompier ému par la beauté de la jeune femme.

- Rien à voir avec l’amour, fit le flic en haussant les épaules. La drogue dont je te parle est hyper dangereuse et pourtant non seulement tolérée, mais encouragée par la société. On l’appelle la passion dite abusivement « amoureuse » qui rend les gens fous et peut les amener au crime ou au suicide, à s’avilir et à devenir dépendants pire que des cocaïnomanes. A part l’argent, je ne connais rien d’aussi addictif. Enlève la passion et l’argent, la jalousie et l’avidité, tu élimines 80% des faits-divers. D’ailleurs, étymologiquement, passion signifie souffrance. » (ce policier cultivé avait fait du latin).

Lyrique, il leva les yeux au ciel : « Seigneur, délivre-nous de la passion et apprend nous l’amour. »

 

img_0109.jpg

 

Je ne résiste pas au plaisir de faire connaître cette chanson aux jeunes générations, c'est un monument!

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28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 16:23

ternaux.jpgCatherine Ternaux, écrivain et philosophe, vient de publier un essai: "La polygamie, pourquoi pas?" chez Grasset. En lisant ou écoutant ses interviews, on retrouve, quasi textuellement, tout ce que j'ai écrit dans "Aimer plusieurs hommes" ou "le Guide des amours plurielles" et tout ce que disent les pluriamoureux interviewés depuis que le thème des amours plurielles excite les medias du monde entier. Les interrogations: pourquoi est-on sommé de "choisir" quand on aime une nouvelle personne? Pourquoi cet attachement au couple monogamique quand il se termine une fois sur deux par une séparation? Pourquoi nier l'évidence quand la réalité montre que la majorité des personnes aiment plusieurs fois dans leur vie et que, à chaque fois, il y a eu une période où elles les aimaient simultanément... et auraient bien continué si la société ne leur imposait de choisir?

amis.jpgEt surtout: pourquoi serait-il mieux d'aimer une seule personne que plusieurs? A cause de l'engagement? Non, pouisque l'expérience montre que les pluriamoureux sont extrêmement sensibles aux engagements amoureux qu'ils prennent, et attentifs à toutes les conséquences que ceux-ci entraînent pour l'ensemble des personnes aimées (et les enfants qui en découlent parfois). En fait, comme le dit un prêtre dans une des interviews où apparaît Catherine Ternaux: "la difficulté est que l'on a envie d'être l'unique de quelqu'un". Concevoir de ne pas l'être exige une solide confiance en soi et en l'autre, comme le soulignent  les pluriamoureux qui le vivent. Or ces confiances ne sont pas données à tout le monde, elles dépendent de l'enfance, de la façon dont on s'est construit, etc... ce qui explique que loin de vouloir "remplacer la mçnogamie par les amours plurielles" comme le croient trop souvent les détracteurs, les pluriamoureux n'ont de cesse de répéter qu'il s'agit d'un choix difficile, semé d'embûches, et qui ne convient pas à tout le monde.

première couvQu'apporte de neuf le livre de Catherine Ternaux? Une réflexion purement théorique puisqu'elle même est mariée et monogame. Alors que mes écrits et les interviews des pluriamoureux relevaient d'une démarche scientifique "Claude Bernardesque": j'expérimente et j'en tire une réflexion... " avec le reproche implicite des contradicteurs "Vous essayez de vous justifier...", le livre de Catherine Ternaux apporte au pluriamour, polyamour, amours plurielles, polygamie... une réflexion philosophique et sociologique distanciée, plus la caution d'une auteure philosophe... et celle des éditions Grasset qui ont gros pignon sur rue.

Tout ceci apporte de l'eau à notre moulin, que par les temps qui courent, il est bon de boire à sa soif.

 


 

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 14:20

caresses2.jpgComme il est souvent dit que je suis « inclassable » à déambuler  ainsi dans le roman érotique, l’essai, le thriller écologique, le roman/roman… je me suis demandé si, tout de même, il n’y avait pas un point commun dans mes écrits, puisqu’il est courant d’affirmer qu’on écrit toujours la même histoire. C’est ainsi que j’ai découvert qu’il n’y a aucun couple dans mes livres.

Dans « Le jeune homme au téléphone » David papillonne, puis sort plus sérieusement avec Caroline, mais avoue à l’héroïne du livre: « Je joue avec de belles inconnues, je suis amoureux de Caroline avec qui je n’arrive ni à jouer ni à me livrer vraiment et je livre à vous dont je ne suis ni amant ni amoureux. »

trilogie.jpgOn retrouve Elle, l’héroïne, dix ans plus tard sous le nom d’Alice, dans « Les latitudes amoureuses », toujours liée au jeune homme et à quelques autres. Elle vit quelques semaines avec le bel Australien Neil dont elle tombe éperdument amoureuse… jusqu’au jour où celui-ci lui propose une vie de couple dont elle ne veut pas« Je suis capable d’aimer passionnément et d’aimer éternellement, mais je refuse de confier ma vie à un seul homme… Plusieurs fois, j’ai cru rencontrer, comme on dit, l’Homme de ma vie. Ce qui signifie en clair que plusieurs hommes étaient capables de l’être, et non pas un seul sur terre comme on l’enseigne aux petites filles.  Pour que le monde progresse, David, il a fallu des scientifiques, des littéraires, des maçons, des cultivateurs, des aventuriers, des danseurs, et même des flics et des épiciers à blouse grise et crayon sur l’oreille.  Pour qu’une vie s’épanouisse, je pense qu’il faut aussi des amours variées et qu’on ne peut pas abandonner son existence à un seul être, si brillant soit-il. Mais comment expliquer à un homme qui croit vous faire le cadeau du siècle en vous demandant de renoncer à votre liberté pour vivre avec lui que son cadeau est empoisonné ? Surtout lorsque cet homme vous attire de façon éhontée et vous émeut à en pleurer. » Neil reste et restera dans sa vie, pour l’homme qu’il est, aventureux, intègre, passionné, bourru, complexe, mais pas pour  sa proposition de mariage : « Elle revit les fonds marins qu’elle avait explorés avec Neil, les étoiles de mer bleu électrique et les coraux géants, elle retrouva dans sa mémoire l’odeur du hangar à avions… Elle se souvint d’une soirée où tous deux avaient joué au poker…  Elle se rappela les petits déjeuners rustiques, où Neil était capable d’avaler une demi douzaine de saucisses grillées en même temps que son café, et du plaisir qu’elle avait eu à bavarder avec lui certains après-midi tandis qu’il se douchait, nu dans le jardin, et la laissait le contempler sans aucune gêne… C’est de cet homme qu’elle était tombée amoureuse, de cet aventurier généreux qui lui ouvrait sa vie sans restrictions. C’est cet homme là qu’elle avait désiré, parce qu’il lui avait paru immense et sans limites, mais il avait suffi qu’ils fassent l’amour pour que surgissent des limites.  L’aventurier s’était mué en petit propriétaire soucieux de défendre son territoire. »

Pas de couple non plus dans « Ce qui trouble Lola ». La démarche est volontaire : « Elle ne cherche pas « l’homme de sa vie » ni même un modèle d’homme précis. Elle a trop de curiosités pour ces drôles d’êtres qui composent la moitié de l’humanité pour les résumer en un seul. Un jour, peut-être… Mais avant, elle veut les regarder vivre, les écouter, les toucher, les sentir, les questionner. Elle prendra le temps qu’il faut pour explorer leur monde, en gommant tous les enjeux qui altèreraient son impartialité, les questions d’argent, l’envie d’un enfant, les jeux de pouvoir, la peur de l’autre, la peur de soi, les mythes amoureux. »

algue.jpgOK, diront certains, mais il s’agit de textes érotiques, il est normal qu’on n’y trouve pas de couples. Curieuse remarque qui sous-entendrait que couple et érotisme sont incompatibles, mais soit. Dans « l’Algue fatale », thriller écolo le seul couple existant, un biologiste et sa femme avec qui il travaille, est en crise. « Elle s’ennuie avec toi » fait remarquer Mathias, l’adjoint du chercheur. Ce dernier soupire : « Je vois bien, mais je ne comprends pas. » - Tu sais, coucher avec le patron c’est drôle quand on veut le séduire. Mais quand on l’a déjà épousé, on a l’impression d’être toujours au boulot…  

bato.jpgHélène, la femme de Pierre, personnage principal, a pris de la distance sans pour autant souhaiter quitter son mari : « Ce n’est pas une question d’amants ou de maîtresses, (c’est) une question de vie. Il y a des années que je me regarde marcher à côté de la vie sans me sentir concernée par elle, que je me demande pourquoi tant et tant de matins et de soirs tous pareils, des années que je bous avec un couvercle sur la tête…  Il arrive fatalement un moment où la marmite explose. Ce n'est pas cet homme que tu as vu qui a fait sauter le couvercle. C'est parce que j'ai fait sauter le couvercle que j'ai pu rencontrer cet homme… J’ai 38 ans, Pierre, il est temps que j’existe enfin et il est hors de question que j'y renonce."

sexe cuisineMême réaction chez Julia, la jeune femme de « Sexe, cuisine et (in)dépendance : Et toi ? Comment ça va avec Vincent ? lui demande sa copine Marie.

- Moyen moyen… On a passé le cap des deux ans et demi…

-… et l’amour dure trois ans ?

- Même pas. Je crois surtout qu’il n’est pas ma priorité. Ce n’est pas que je refuse de m’engager ou de vivre une histoire sérieuse, mais pour l’instant ça me branche plus de voyager et de découvrir des tas de gens que d’avoir « mon mec à moi. » Comme je n’ai pas envie non plus qu’on s’engueule et qu’il soit malheureux- je l’aime bien, Vincent- on a décidé de faire un break et ça me fait un bien fou.

Reste Marine, l’héroïne de « Jouer au monde » qui croit avoir trouvé l’homme idéal avec Antoine, au point d’en devenir quasiment dépendante. Oui mais… il y a la mère d’Antoine, qui quitte un jour son foyer : « Elle avait atteint ce point de non-retour où il ne suffit pas de caresser un rêve de fuite pour arriver à vivre ».Ce n’est pas du désamour, elle laisse une lettre à son mari : « Il ne comprendrait pas, bien sûr, mais après douze ans de vie commune elle ne pouvait se résoudre à disparaître sans un mot, sans lui dire les sentiments qu’elle éprouvait toujours pour lui. Elle pensa qu’il allait la détester, et elle continuer à l’aimer. Curieux paradoxe. » C’est l’envie d’être libre : « Elle s’étonna du sentiment de liberté qui l’envahit soudain comme une jubilation. Il y avait des années qu’elle ne s’était pas aventurée seule sur une route déserte à cinq heures du matin… Durant douze ans, elle avait mené une vie lumineuse, sans un regard pour ses zones d’ombre. Elle s’était appliquée à domestiquer ses pulsions, à enfouir ses secrets… Elle ne se demanda pas de quoi serait fait son lendemain. C’est précisément pour ne plus avoir de réponse à cette question qu’elle partait. »

Et de la même façon, Marine s’affranchit de la dépendance à Antoine quand elle perçoit sa possessivité (je ne raconte pas, au cas où certains ici n’auraient pas encore lu cet excellent roman J)

baiser1.jpgCette constance dans le refus non pas de l’Amour ou d’un projet de vie avec quelqu’un mais dans le refus de l’entité « couple » aussi vague et étrange que « les marchés » dans la bouche d’un économiste, ce couple qu’il faudrait préserver, protéger, stimuler comme si point de vie amoureuse en dehors de lui vient de loin. Dans un manuscrit écrit à 24 ans « Entre les deux, la vie… » et jamais publié, j’avais imaginé Anne, héroïne moderne, publicitaire, marié à un bel architecte, couple ouvert sur d’éventuelles liaisons transparentes l’un à l’autre, etc… Mariage libre, comme on disait dans les années soixante-dix. Pourtant, à la fin du livre elle partait :

« Elle aura une petite valise toute légère, on ne se charge pas quand on part à la recherche de soi-même. Anne ne renie pas son bonheur, elle y tient beaucoup, le soigne, le cajole… mais il arrive toujours un matin, ou plus souvent un soir où l’on se dit : « Le bonheur, oui, et après ? » On se dit ce jour là qu’on a passé avec succès le cap de la naissance. Que l’autre cap, le grand, sera de bien savoir mourir. Et entre les deux, fragile et dérisoire, la vie. Alors un soir on quitte son travail sûr pour un autre imprévu et fragile en rêvant de biographies qui diraient : « il a été plombier, explorateur, marchand de chaussures et savant » au lieu de dépeindre le fil monotone d’une carrière brillante menée de l’enfance à la mort. .. Savoir en somme renaître seul. Et recommencer. »

mari_s4.jpgLa fuite omniprésente dans mes livres. Pas étonnant qu'« Eloge de la fuite » de Henri Laborit soit un de mes livres préférés, ni que je fasse mienne la phrase de Benoîte Groult : « Aimer, c’est rester deux, jusqu’au déchirement parfois. »

« Luc sourit,  Lola verra si elle le vit un jour, c’est une vérité soigneusement cachée, on préfère parler d’amour et de partage, la grande escroquerie du couple c’est de ne pas révéler qu’en fusionnant, chacun s’est amputé d’une part de lui-même et n’aura de cesse de la retrouver au prix d’un affrontement quotidien avec l’autre, tout être humain n’a qu’une obsession : se sentir exister, l’ego est mille fois plus puissant que l’amour,  ne s’en détachent vraiment que les saints ou Bouddha, mais pour y parvenir, la plupart ont vécu solitaires !  «Vois-tu Lola,  dès qu’on est amoureux le compte à rebours commence,  on se croit en sécurité, mais c’est déjà la tendre guerre. Christine est avocate, chaque jour elle reçoit des couples qui se séparent, des gens qui se sont aimés au point de vivre ensemble et de faire des enfants, mais qui sont capables de se haïr avec une force inouïe lorsqu’ils divorcent. » (Ce qui trouble Lola)

C’est peut-être pour avoir su cela très tôt, pour avoir regardé autour de moi vivre, s’aimer et se déchirer tant d’hommes et de femmes, pour les avoir vus refaire promptement leur vie après un deuil ou une séparation- rien de tel pour remettre l’ego à sa juste place !- pour avoir librement et passionnément exploré la planète masculine, que je peux  vivre avec un homme sans jamais penser « couple », laisser la porte ouverte et l’aimer depuis 40 ans malgré toutes nos différences et nos divergences.


jerry-contrejour.jpg

 

 

 

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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 14:20

couple_riant.jpgDans la presse féminine, c’est un marronnier, un sujet récurrent : « l’amitié homme/femme est-elle possible ? » article se concluant immanquablement par « non, sauf avec un homme (ou une femme) assez moche pour qu’on n’ait jamais de tentation. » Dans l’esprit des rédactrices, dès lors que se pointe une once de désir, voire de simple séduction, on entre- pouah ou chouette !- dans la drague, menant inévitablement au lit, lequel signifie tout aussi inévitablement la fin de la belle amitié. En gros, entre camarades, copains, amis, amants puis amours, s’érigeraient des barrières infranchissables sous peine de fauter gravement.

tango_de_rue.jpgLe syndrome de la tremblante du mouton se transmettant à la vache folle ayant largement démontré que les barrières infranchissables sont pour le moins poreuses, on devrait se méfier de tout ce qui catégorise et enferme. De  même que coucher une fois avec un homme ne suffit pas à le consacrer amant car il en faut bien davantage  pour accéder à l’intimité physique de l’autre, intimité physique qui se bâtit aussi sur une intimité affective et intellectuelle très proche de l’amitié … de même l’amitié avec un homme ne signifie pas que la relation soit totalement désexualisée. Dîner avec une amie très chère, ce n’est pas la même chose que dîner avec un ami très cher, même si dans les deux cas on va se coucher sagement après. Tout simplement parce qu’un homme et une femme sont certes égaux, mais pas identiques, l’exploration de la planète masculine à laquelle je me livre depuis des décennies m’a confirmé cette intuition. De fait, la différence sexuelle sexualise la relation même s’il n’y a pas relation sexuelle ( je me fais bien comprendre, là ?)

Alors d’où vient cette terreur des jeunes hommes d’être « relégués » par une fille au rang d’ami, qu’ils vivent comme une dégradation ? Hier encore,  ayant découvert sur Internet des sites  du genre « Comment la séduire à coup sûr ? »  dans lesquels il était doctement expliqué que la phrase la pire que peut entendre un garçon est « J’aimerais que nous restions amis », j’en parlai à un ami trentenaire en rigolant. Lequel me soutint aussitôt que oui, c’était affreux cette phrase, que les filles disent pour se débarrasser poliment d’un mec, et qui signifie en clair « il n’y aura jamais rien entre nous ». Le « rien » voulant dire « sans sexe ». Cela m’a rappelé la réponse d’un ami  à sa femme qui s’inquiétait de son amitié avec moi depuis plus de 20 ans : « Je te jure, il n’y a rien entre Françoise et moi .» Lorsqu’il m’en parla, je fus surprise que 20 ans d’amitié, pour sa femme, ne fussent rien, alors qu’un seul coït eût signifié pour elle le drame absolu. Le sexe est décidément survalorisé quand on le considère comme un péché … ce qui était le cas de cette bigote épouse.

caresses.jpgMais toi, jeune Padawan qui t’affirme polyamoureux et que n’effraient ni n’obsèdent les câlins, laisse-moi te dire que tu fais fausse route en dévalorisant l’amitié que t’offre éventuellement une fille. Je te le concède : pour quelques-unes, c’est une façon de dire qu’elles ne souhaitent pas faire l’amour avec toi.  Ce qui n’est aucunement dévalorisant, quoi que tu en penses. Le désir n’obéit à aucun critère objectif : une fille peut désirer un crétin et ne pas désirer un homme farci de belles qualités.  Qu’elle te désire ne te donne aucune valeur supplémentaire, qu’elle ne te désire pas ne t’en enlève aucune. C’est ainsi. Point. Même si c’est désagréable eu égard à l’émoi que tu sens s’ériger en ton for intérieur denim doublé coton, ce désagrément ne justifie aucunement que tu dénigres l’amitié proposée. Songe que la jeune femme pourrait répondre « Casse toi, etc… » ou encore « je n’ai pas le temps de te voir » ou même « Non, t’es trop moche, tu pues l’ail, t’es qu’une cloche »…

A l’inverse, sa proposition d’amitié témoigne d’un réel intérêt envers ta personne. Elle signifie qu’elle a envie de te découvrir, qu’elle y passera du temps vu que l’amitié, ce n’est pas un coup en passant, ça prend longtemps pour éclore et contrairement aux idées reçues, ça ne t’enlève aucune chance de devenir un jour son amoureux. On tombe plus facilement amoureux de quelqu’un qu’on apprécie que d’un illustre inconnu. Eh oui, jeune Padawan, le coup de foudre qui aboutit au coup d’un soir est certes une salve hormonale jouissive, mais elle a infiniment moins de chances de durer qu’une relation amoureuse fondée sur l’amitié et la complicité où vient se greffer le désir.  Ou sur une relation de désir qui prend ensuite le temps de découvrir le ou la partenaire avec le regard inconditionnel de l’ami(e).

L’amitié homme/femme est un des sentiments les plus épanouissants qui soit, sous réserves de ne pas l’enfermer dans un cadre normatif qui lui interdirait toute escapade. C’est pourquoi j’aime tant la réponse de François Mitterrand à la question d’un journaliste : « Au bout du compte, croyez-vous à l’amitié entre homme et femme ? – Oui, au bout du compte j’y crois. Mais avant d’être allé au bout du compte, je n’y crois pas. »

vin2.jpgAu-delà du nombre des relations, le bonheur du Lutinage est de décoller les étiquettes, de ne pas renoncer à l’amitié sous prétexte qu’on est allé au bout du compte, ni de penser que parce qu’on est allé un soir au bout du compte, le scénario devra se répéter à chaque fois.  Le bonheur, c’est de ne  jamais savoir comment finira la soirée. Loin du sempiternel « on dîne, on baise » ou du « je préfère qu’on reste amis » qui érigerait une barrière entre les corps,  les Lutins savourent toute rencontre avec gourmandise, qu’elle qu’en soit la conclusion. Sans considérer qu’une conclusion-câlin inaugure une relation amoureuse incompatible avec l’amitié, ni qu’un chaste « au revoir, à bientôt » est une défaite pour leur désir. Ouvre tes possibles, jeune Padawan, et découvre qu’une amie-femme n’est pas un sous-produit de tes désirs frustrés…

http://www.dailymotion.com/video/x9ty9d_henri-tachan-l-amour-et-l-amitie_music


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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 18:55

joueraumonde COUV4bisEn 1975, un jeune homme à l’époque « beau comme un Dieu » me parla longuement du Brésil et m’expliqua ce qu’est la saudade,  sans que j’imagine une seule seconde que 20 ans plus tard ses mots me reviendraient en écrivant « Jouer au monde » 

serifos-1995-bis.jpgA un autre, en 1977, je fis découvrir « la saveur de l’oursin »  ( Autres désirs, autres hommes) sur une plage où il errait, abandonné la veille par son épouse. 15 ans de mariage sans jamais dîner en tête-à-tête avec une autre femme qu’elle, répétait-il, désespéré. –Peut-être est-ce pour cela qu’elle vous a quitté…

caulerpaJe me souviens d’un chercheur, qui me passionna en 1997 en m’expliquant le rôle des mitochondries dans les cellules et me fit caresser du bout du doigt une éponge « rouge et douce comme un clitoris » (dixit ce scientifique ») dans une grotte sous-marine.

D’un autre avec qui je dégustai en 1998 un somptueux coucher de soleil et un verre de liqueur de myrte Corse au pied du phare des Lavezzi, tandis qu’il m’expliquait la vie des Caulerpa taxifolia naturelles et mutées.

Pub.jpgJe me souviens de cet allemand, cheveux au carré, regard rieur, que nous rencontrâmes en 2008, ma fille et moi, dans un pub improbable au cœur du bush australien. Il parcourait à vélo ce désert ô combien hostile, avec une petite tente Quechua et un sourire désarmant qui contrastait avec les autres buveurs aux mains calleuses et aux bières multiples, plutôt « rough » mais très intéressants aussi.

album-400927.jpgUne grecque aux cheveux bouclés de jeune pâtre m’invita en 1996 à une soirée à laquelle je ne pus malheureusement me rendre. Le trouble qu’elle m’inspira avec son regard transperçant me révéla que mes désirs n’étaient pas si univoques que je le croyais et orienta mes réflexions sur le genre…

Voyage de presse en 1977, la Grèce encore. Nous avions pour mission de tester des voiliers en flotille, voyage si heureux qu’il fût le seul où je vis des journalistes pleurer en se quittant, au cours d’une ultime soirée où je saisis au vol le baiser d’un nommé Grigoritos tandis que ma jupe remontait le long de mes jambes,  soufflée par un malicieux meltem.

la prisonnièreEn 1991, un homme me fit battre le cœur en me disant quasi textuellement une réplique du film « la Prisonnière » (avec Laurent Terzieff, que j’aime tant), film dont il n’avait pourtant jamais entendu parler.

Un autre, sur la plage d’Etretat, enroula autour de mon cou une algue brune en 1978,  scène de « la Prisonnière » là encore. Ces synchronicités m’inspirèrent des années plus tard la nouvelle « Elsa fait son cinéma » (Des désirs et des hommes) et la falaise d’Etretat où réveillonnent Antoine et Marine dans « Jouer au monde ».

Choc de découvrir en 2004 une salle de bains quasiment identique à celle que j’avais décrite en 1993 dans la première version de « Jouer au monde », dont le propriétaire, comme l’Antoine du roman, savait retoucher des diapositives au pinceau !

img_0127.jpgUn dîner en 2002 dans un parador clandestin de Santiago de Cuba, m’a inspiré le chapitre  « Cuba Libre » («  les Latitudes amoureuses ») bien que  je n’ai jamais eu d’amant Cubain, ce qui, d’après les amies qui y ont goûté, est une grave lacune. Y remédierai-je un jour ? Je ne sais pas, et tant mieux. Ce qui me plaît n’est pas de programmer des rencontres, mais de les laisser venir et de m’imprégner comme une éponge des émotions qu’elles peuvent susciter. Plus qu’une question d’hommes et d’amours, il s’agit d’une attitude face à la vie. Rester disponible au monde, « open mind » sur les gens, les sensations et les situations qui font vivre plusieurs existences en une, sans les hiérarchiser ni en négliger aucune.  Où le sexe ne constitue ni une barrière interdite, ni l’élément essentiel. Où les hommes et leur univers se révèlent presque toujours passionnants.

Autant dire que le film « les Infidèles » sur lequel j’ai été interviewée ce matin pour France 2 m’a semblé dater. (diffusion jeudi 8 mars vers 22h, émission « Avant-première,  une minute environ sur 30’ d’ITV, donc je développe ici). Les hommes y sont des « queutards » paillards et menteurs, terrifiés à l’idée de perdre leur confort conjugal et un peu paumés parfois. Les maîtresses sont des Bimbo ou Lolitas qui les font fantasmer. Les épouses sont trompées, furieuses ou malheureuses. Le seul sketch réalisé par une femme montre le couple Dujardin/ Lamy dans un essai d’aveu de l’infidélité, qui serait forcément plus douloureux que le mensonge…

Bref, loin d’un film « audacieux, moderne et libre » comme le présentent ses auteurs, on est dans l’adultère bourgeois tel qu’éternellement il fut montré, au mépris de l’évolution des mœurs qui montre de plus en plus d’hommes avides de relations amoureuses et pas seulement sexuelles, de plus en plus de femmes désireuses qu’on ne leur mente pas et ouvertes à des rencontres épanouissantes.

L’atout du film, ce sont les acteurs,  tous bons et parfois assez drôles. Les scènes de sexe n’ont rien de choquant, étant admis que tout adulte ayant fait un jour l’amour sait à peu près comment ça se passe et ne sera pas étonné.  C’est un film de potes et ça se voit, ils ont dû bien s’amuser à le jouer et à le réaliser, mais j’avoue que les films de potes me gonflent un peu.  Comme « les petits mouchoirs » de Guillaume Canet, ça raconte leur vie de bo-bos certes hypersympas et beaux gosses, mais qui ne concerne qu’eux…

VALSEUSE.jpgSHORTBUS.jpgQuand on a si bien joué dans « Le bruit des glaçons » ou « The Artist » pour Jean Dujardin, ou « Ne le dis çà personne » et « A bout portant » pour Gilles Lellouche, on devrait éviter « les Infidèles ». »  Pour l’audace et la liberté de ton, mieux vaut revoir « les Valseuses » « Shortbus » ou «La loi du désir »

 

lars4.jpg

 photo de Lars Stephan, http://www.larsstephan.com  on ne s'en lasse pas! 

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 22:56

entrepot2.jpg« L'amour a un inconvénient : il est déraisonnable, avec les excès que cela peut engendrer, mais il doit être déraisonnable, sinon ce n'est pas de l'amour » (Charles Dumont, spécialiste des chansons d'amour bien sucrées). Que sont agaçants ces grammairiens de l'amour, qu'il soit unique ou pluriel, armés de leur certitudes pour jeter l'anathème sur celui ou celle qui ne répond pas exactement à leur définition. «Tu n'es pas jaloux, tu n'aimes pas vraiment », « si tu m'aimes tu dois me comprendre » »aimer au pluriel, est-ce réellement aimer? » « l'amour pardonne tout» « l'amour ne supporte aucun compromis » Tout et son contraire. L'amour est enfant de Bohême, passion itinérante, mais également sagesse extrême des amants qui pensent qu 'aimer n'est pas fusionner, mais toujours rester deux, jusqu'au déchirement parfois.

P1020420 (640x480)Silence de campagne. Par la fenêtre glacée, les nuages dessinent des ombres laiteuses. La lune passe, habillée d'une brume légère comme un anneau de Saturne. Comme une jupe couleur du temps que le vent se plairait à soulever. Serait-ce cela le désir ? Une pulsion irrésistible, venue d'on ne sait où, comme le vent ? (qui ne sait pas non plus où il va) Ou le désir naît-il plutôt d'un chemin commencé il y a longtemps, sur des terrains inconscients, et arrivé aujourd'hui là où de tout temps il devait arriver ? Désir fatalitas ? Certains prétendent qu'il naît de l'attente, d'autres de la curiosité. Qu'il faut que le cœur et le corps le ressentent comme une morsure, qu'ils l'appréhendent et le recherchent à la fois. Surtout pas ! s'écrie un troisième. Il faut pour désirer ne pas avoir peur de l'autre, sinon comment s'abandonner ? Désir sans confiance serait ruine de l'âme. Confiance, oui, mais en qui ? En soi, en l'autre ? Les deux mon capitaine.

« Sais-tu pourquoi tu es là ?

- Pour voir si j’ai confiance en toi et en moi.

-Et alors ?

-Il est trop tôt pour répondre.

-Sais-tu ce que je vais te faire ?

-Je n’en ai aucune idée.

-Alors tu as la réponse à ta question. »

(Autres désirs, autres hommes,  Jeux de miroirs2)

 

hardellet.jpgEchappant à toute définition qui l'enfermerait, le désir est comme une bille de mercure : étincelant, fugace et fuyant... Comme celles avec lesquelles je jouais étant petite ( je parle d'un temps où les enfants jouaient avec le mercure échappé d'un thermomètre brisé et faisaient des mines de diamant avec les débris éparpillés d'un pare-brise en miettes...). Si on l'approchait tout doucement, le mercure se laissait toucher, doux et lisse sous la pulpe des doigts, puis il fuyait très vite à l'autre bout de la boîte où on l'avait déposé. Il arrivait qu'il fusionnât avec une autre bille, se transformant alors en petite flaque de mercure plus lourde, plus lente, moins vive. La fusion ne lui réussissait pas. Comme au désir ? Peut-être. Quoique un des plus beaux livres de désir se nomme « Lourdes, lentes » (René Hardellet). Mais petite ou lourde, lente ou vivace, la bille ne mercure ne se laissait jamais complètement attraper. Comme le désir ?


chatterley2.jpg

 

 

 

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 00:36

amoureux trio2011, ce n'est pas la pire nouvelle, a été l'année d'une médiatisation sans précédent des pluriamoureux, avec souvent une vision réductrice. Entre les journalistes qui cherchaient des trios (un homme avec deux femmes ou deux hommes avec une femme), ceux qui voulaient savoir « comment on s'organise avec autant d'amants (le « autant » n'étant jamais quantifié mais reflétant le fantasme de l’interviewer) les sceptiques voulant prouver que cela ne peut pas marcher et les convaincus opposant le modèle usé de la monogamie au modèle flambant neuf du polyamour, sans prendre garde au fait qu'on peut être pluriamoureux et vivre également des périodes de relation unique, on a réalisé combien ce sujet, comme tout autre d’ailleurs, est jugé à travers le prisme déformant de la culture, l’histoire et la logique personnelle de chacun, en gommant toute complexité.  Complexe pourtant, car au- delà de l'affirmation selon laquelle il est possible d'aimer ouvertement et sincèrement plusieurs personnes, admise aujourd'hui par 67% des auditeurs de Brigitte Lahaie (il y a dix ans, à peu près le même pourcentage affirmait que c'était totalement impossible) au-delà de cette affirmation/définition donc, il n'existe pas deux façons identique de vivre des amours plurielles, et ce choix sera même vécu différemment par toute personne au cours de sa vie, en fonction des encontres et de sa propre évolution. Difficile d'expliquer cela dans une interview d'une heure, réduite après montage à 1 minute trente. Mais au-delà de cette spécificité journalistique, les prismes déformants existent partout.  

homme_champignon.jpgLes libertins voient surtout le côté multipartenaires des pluriamoureux qu’ils considèrent comme des libertins, disons... sentimentaux. Exunt en revanche les interrogations sur la construction d'une famille de Lutins, sur les conséquences juridiques d'unions plurielles et stables dans un pays de tradition monogame, sur la liberté d'aimer et le territoire personnel de chaque partenaire.

première couvLes serial monogames, qui quittent leur partenaire chaque fois qu’ils ou elles en rencontrent un(e) autre se demandent si les pluriamoureux ne seraient pas des gens qui « n'ont pas le courage de divorcer. » Certains, qui m’ont connue lors des « quarantièmes rugissants » ( « Aimer plusieurs hommes », p. 117 et suivantes) s’étonnent dix ans après que je sois toujours mariée, persuadés que je devais divorcer. Inutile d'expliquer qu'un homme et une femme peuvent sortir séparément sans être brouillés pour autant, inutile de rappeler que le choix du pluriamour est bien antérieur à la quarantaine agitée, inutile de souligner que tout couple de longue durée, monogame ou poly, traverse des périodes houleuses qu'il peut surmonter, ils ne l’entendent pas. Pour eux, le polyamour est le  cache-misère de couples en rupture ou un compromis pour sauver le conjugo. Un couple en crise, ça divorce! S'il ne le fait pas, c'est qu'il manque de courage et se ment à lui-même.  Etrange d'ailleurs comme les divorcés, autrefois stigmatisés, sont aujourd'hui regardés plus favorablement que les pluriamoureux...

ecran3.jpgLes frustrés voient ces derniers comme des épicuriens, des jouisseurs effrénés qui mènent une vie amoureuse débridée et insouciante. Inutile de leur dire que, de même que toute mère se demande parfois devant un nourrisson braillard ou un ado renfrogné pourquoi diable elle a pondu des mouflets (tout en les adorant) toute personne mono ou poly, se demande parfois ce qu'elle fait avec son ou ses partenaires débiles. L'avantage du Lutin est de pouvoir fuir le ronchonchon du moment et se refaire une santé avec un amoureux mieux disposé, qui contribue à lui rendre la sérénité nécessaire pour ne pas trucider le ronchonchon. L’inconvénient du polyamour est que  plusieurs amoureux signifient aussi plusieurs risques de crise. Si chacun fait la sienne l'un après l'autre, c'est comme avoir deux filles espacées de six ans : douze ans d'adolescence à affronter, il faut une santé de fer !  L'avantage du pluriamour, c'est que le goût de l'indépendance autorise à claquer la porte en disant « Vous me fatiguez, je me retire dans mon tipee et reviendrai quand tout sera calmé ». L'inconvénient du pluriamour est que l'habitude d’être attentif à chaque relation amène immanquablement à se demander si on est responsable ou non de cette épidémie de ronchonchonnerie. Bref, c'est une vie passionnante mais ni 100% épicurienne, ni 100% facile. Cependant, inutile de l'expliquer aux frustrés, ils ne retiennent qu'une chose : vous avez une multitude de jolis souvenirs amoureux alors qu'ils se demandent encore s'ils vont oser aborder la collègue de bureau qu'ils croisent chaque jour dans le RER.

mouette.jpgLes lubriques considèrent le polyamour comme l'autorisation de « s'envoyer en l'air » sans risque de révolvérisation par un(e) conjoin(e) jaloux(se). Combien de lettres de lecteurs sur le thème « j'ai eu la révélation avec vos livres, c'est comme ça que je veux vivre, dites-moi comment convaincre ma femme d'être Lutine, elle est  très possessive. » Inutile d'expliquer qu'on ne rend pas une personne moins possessive en lui brandissant sous le nez « le Guide des amours plurielles » comme une méthode A Mimile de l'adultère heureux, mais plutôt en la rassurant sur ce qu'elle représente et sur l'amour qu'on lui porte, bref en allant sur son terrain et en l'aidant à dissiper ses craintes et son manque de confiance. Trop compliqué pour un simple alibi au désir d'adultère, que le lubrique exprime en faisant passer l' opposante au polyamour pour une fieffée rétrograde. ( par parenthèse, les pluriamoureux ne condamnent pas la monogamie, ils font juste un autre choix)

joueraumonde COUV4bisBref, ce qui semble évident à certains est Martien pour d'autres, pas plus bêtes qu'eux. Question de logique de pensée différente. A un Lutin qui me demandait comment faire pour ne pas gêner ses trois amoureuses – dont chacune connaît l'existence des deux autres sans pour autant les fréquenter-  si elles se trouvaient invitées à la même soirée que lui, j'ai répondu qu'il n'était nullement obligé de les câliner en public ensemble, et même pas l'une après l'autre. « La vie amoureuse s'appelle vie privée, ce n'est pas pour rien. » (ça c'est dans « Jouer au monde ») Alors même si l'on est très heureux d'être un Lutin, même si on jubile d'avoir acquis une liberté amoureuse dont on ne se croyait pas capable, même si on découvre avec délices la variété et la multiplicité de ses désirs,  ce sont des jardins privés qu’on n’est pas obligé d'ouvrir à tout le monde, sous peine d’être incompris « vu de l'extérieur » .

 

jerry-perch-e.jpg

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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 15:04

mari_5.jpg« J’emprunte les hommes mariés et je les rends en bon état ». C’était le titre d’un papier écrit pour  Cosmo il y a longtemps. De fait, jamais je n’ai eu la moindre idée de « voler » un mari.  Pas par vertu, mais parce que leur façon d'être ne me donne pas souvent envie. J’aime les artistes, les sensibles, les indépendants, les joueurs, les hommes libres, les déjantés, mais pas ceux qui pointent à la daube tout en se plaignant de leur épouse et en rêvant d'ailleurs dans leur costard/cravate,  c'est fou ce qu'il en existe. Or autant j'adore les vieux couples pleins de tendresse l'un pour l'autre, autant l'hypocrisie de certains maris me glace la libido.

fran_oise_1007_aquarelle.jpgD’ailleurs, je corrigerai aujourd’hui le titre de mon article. Je n’emprunte pas les hommes mariés, ce sont eux qui me contactent, à propos de mes livres, bien sûr.  Avec le naturel que vous me connaissez, si un homme souhaite me rencontrer, j’accepte généralement, parce que j’adore découvrir des gens nouveaux, et je propose un dîner parce que les déjeuners coupent trop la journée de travail. Immédiatement, gêne du monsieur : « C’est-à-dire… un dîner… ça ne va pas être possible… ma femme est très jalouse… - Où est le problème ? Dites-lui que vous dînez avec moi, il vous arrive parfois,  j’imagine, de dîner avec une copine ? »  Alors là, surprise !  Outre la réponse « Non, cela ne m’est pas arrivé depuis notre mariage » qui me scotche littéralement à l’idée que le conjugo soit un tel enfermement, certains répondent « Oui, mais si je dis votre nom, elle ira vous « googleliser », et en voyant ce que vous écrivez, sûr qu’elle refusera. »

cartable.jpg Bien sûr, où avais-je la tête ? Une femme qui écrit « Aimer plusieurs hommes » et des romans érotiques ne peut être qu’une saute-au paf  de nature à éveiller la jalousie de toutes les épouses convenables ! Sauf, mesdames, que la jalousie ne vous préserve en rien de l'adultère. Elle est d'autant plus inutile que ces maris effrayés- mais aussi, disons-le, flattés par la jalousie de leur épouse- sont les plus prompts à chercher l’aventure sans aucune réflexion.  A proposer la botte sans ambages à l’hôtel ou dans leur bureau, avant ou après déjeuner, comme une pulsion irrésistible qui en dit long sur leurs frustrations. Les hôtels du 8ème arrondissement- celui des bureaux- sont nombreux à louer leurs chambres entre 12 et 15h à des maris qui payent en liquide  pour ne pas être trahis par un ticket de carte bleue indiscret. Bonne affaire pour l'hôtelier, autant qui échappe aux impôts… (sauf lorsqu'un inspecteur des Impôts comme j'en ai connu un, pense à comparer les notes de blanchisserie et le nombre de serviettes théoriquement utilisées par les clients déclarés, et trouve un écart qui prouve la location des chambres au noir.)

pinbio2.jpgInterdire le dîner par jalousie est donc aussi inutile que de dire à sa fille « rentre avant minuit », comme si minuit sonnait l'heure où le carrosse devient souris et la pucelle femme déniaisée. Il n'y a pas d'heure pour faire l'amour. Les sites de rencontre regorgent d’hommes mariés se prétendant tous cadres supérieurs ou PDG gagnant + ou – 100 000 € par an, à croire qu’ils imaginent toutes les femmes vénales. Moi, c’est le genre d’arguments qui me ferait courir d’emblée à l’autre bout de la planète auprès d’un type sans le sou mais plein d’autres atouts ô combien plus convaincants. Ces traders du sexe, donc, proposent un verre en fin d'après-midi dans un bar d'hôtel et plus si affinités. Ils rentrent chez eux à 19h30, 20h, harassés par « cette réunion de brainstorming qui n'en finissait pas... »  Ceux-là croient prendre toutes les précautions pour que jamais l’épouse ne les soupçonne mais sont d’une imprudence incroyable. Une copine qui s’était inscrite à un site sous un pseudo, avec une adresse mail et un numéro de mobile réservés à ce petit jeu, eut la surprise de recevoir une demande de rencontre discrète de la part de son propre époux, qui avait certes pris un pseudo mais carrément publié des photos de lui sur sa fiche ! Par jeu, elle lui demanda son mail et son téléphone, et le bougre lui donna ses vraies coordonnées, au risque, comme elle le lui expliqua, de se trouver en butte au harcèlement s'il tombait sur une maîtresse possessive. (Pour la petite histoire, tous ces échanges se passèrent à distance et jamais, jamais le mari ne sut qu'il avait dragué sa propre femme).

u14353277.jpgQuand la testostérone les travaille, ils perdent tout bon sens. Comme cet homme qui ouvrit de grands yeux alors que je lui rappelais l’obligation du préservatif : « Tu peux  avoir confiance en moi, je suis un homme fidèle », à quoi je répondis qu’il se trouvait présentement tout nu et en bonne disposition face à une femme- moi- qui n’était pas son épouse, ce qui me semblait en contradiction avec la notion classique de fidélité.  Il soutint sans rire que j'étais la première depuis son mariage, mais je restai inflexible et nous nous contentâmes d’un thé, durant lequel je lui expliquai qu’au cas improbable où j’aurais réellement été sa seule tentation, lui n’était pas la seule mienne et qu’il se devait donc de prendre des précautions pour protéger son épouse.  Incroyable qu’il faille leur rappeler ces élémentaires choses, mais c’est ainsi. J’ai dû faire davantage pour la promotion de la capote que moult campagnes de prévention télévisées.

fou4.jpgParlons aussi des maris surexcités d'être « célibataires » pendant que madame est en vacances de neige avec les enfants, et qui emmènent leur conquête chez eux, sans imaginer qu’une maîtresse malicieuse peut abandonner négligemment sa petite culotte sous le lit, juste pour le fun.  Ou parce qu'elle est jalouse de l'épouse, cela arrive aussi.  Un des épisodes les plus hilarants fût cette soirée de ma coloc avec son amant, énarque et polytechnicien mais dépourvu de tout sens pratique, qui, voulant lui préparer un café  afin de célébrer leur premier dîner en tête-à-tête chez lui, oublia de mettre le couvercle sur le moulin. (Véridique ! Quand on pense que le pays est dirigé par des types de ce genre, ça fait peur...) Les deux amants passèrent la soirée à nettoyer la cuisine constellée de café moulu, l'époux étant pétrifié à l'idée que sa femme puisse découvrir son infidélité.

Je me souviens d’un  copain qui me racontait à longueur de déjeuner- « dîner ? Impensable, ma femme n’accepterait pas » - ses aventures galantes qui le poussaient souvent, c’était un sentimental, à envisager de quitter femme et enfants pour une exotique donzelle. Je passais mon temps à lui répéter qu’il était dans une phase hormonale  irréaliste ne justifiant aucunement de mettre en péril son foyer, d’autant que l’exotique donzelle, 9 fois sur 10, aurait été bien embêtée de le voir débarquer chez elle, ses valises à la main. C’était hilarant d’entendre ensuite son épouse se gausser de telle ou telle amie « cocue »  et affirmer « mon Nestor, lui, est un homme fidèle, je suis tombée sur le bon numéro. » (Il ne s’appelait pas Nestor, évidemment.) Ce fût moins drôle lorsque, m’ayant entendue à la télévision, l’épouse décida que j’étais infréquentable, même à midi, et interdit à son époux de me revoir… ce qu’il accepta. Je m’en consolai en me disant que je ne perdais pas un ami, puisqu’il avait été incapable de révéler à sa femme que sans moi, il l’aurait sans doute quittée dix fois et que sa jalousie était donc fort mal placée.

L’amant fringant a parfois peu de rapport avec le mari, c’est ainsi qu’une romancière dont j’ai oublié le nom éloigna de son compagnon une jeune maîtresse. Elle avait emprunté le téléphone de ce dernier et envoyé un message à la demoiselle: « Ma copine est absente, viens chez moi ce soir ». Joie de l’amoureuse, qui se précipita et fut accueillie fort gentiment par la légitime qui l’amena face au monsieur avachi en survêt’ sur le canapé, le nez rouge et gonflé et la peau luisante, pour cause de gros rhume : « Tu reconnais ton Prince charmant ? Tu le veux ? » Ben non, elle n’en voulut pas et s’enfuit à jamais.

Que cette anecdote console toute  maîtresse « back street » qui se lamente à l'idée que son merveilleux amour va être indisponible jusqu'au 2 janvier, pour cause d’obligations familiales. Qu'elle l'imagine quittant en catimini la table du réveillon pour lui envoyer un texto « Joyeux Noël, ma chérie », qu'elle imagine son air coupable quand sa femme le cherchera « Nestor ! Où es-tu ? Viens découper le chapon ! », qu'elle visualise sa hâte à enfouir son mobile dans sa poche et sa crainte que quelqu'un lise malencontreusement son message alors qu'elle-même peut lui en envoyer un très torride sans aucun risque, qu'elle imagine la grasse matinée qu'elle va faire le 26 décembre après un réveillon d'enfer entre potes, tandis que l'époux/amant, terrassé par la gueule de bois et la dinde aux marrons trop sèche, sera réveillé à l'aube par les hurlements de ses enfants ouvrant leurs cadeaux de Noël...  Qu'elle imagine... Tiens, ça va mieux, là, non ?


P1000856.jpg

 

ASCENSEURSi vous avez l'excellente idée d'offrir des livres "Autres Mondes" pour les fêtes, sachez que les dernières commandes servies seront celles arrivées au plus tard le 23 décembre à 14h, et que les livraisons seront interrompues jusq'au 30 décembre, oui, on s'offre une petite trêve. Dépêchez-vous de commander!

 

 

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 17:38

auberginebio2.jpgA travers ses paupières mi-closes, Guy Kaddict observe cette drôle de fille qui, après les rillettes, lui a proposé  une sieste chez elle vu que « sur un banc face à la Seine, ça a beau être superbe, on se les caille quand même ! ». Réveusement elle caresse sa verge mi-molle, que l'optimiste ancré de la belle lui fait qualifier de mi-ferme. Elle a l’air de s’en trouver bien et de n’attendre aucune prestation virile particulière.

« Comment tu t’appelles ? » demande t-il pour dire quelque chose.

-Clochette.

-Clochette, c’est pas un nom !

lutin1.jpg-Ben si, c’est le mien. Je t’explique : mes parents s’appellent  René et Denise Lafait, pour eux, tout va bien. Ca les a amusés, l’idée de l’appel en classe : « Lafait Clochette » La fée Clochette, tu vois. Autant dire qu'avec cette facétie, j’ai dû cultiver très tôt mon sens de l’humour. Heureusement, mon meilleur pote  s’appelait Yves Remords.

- A propos de pote, tu as un petit ami ?

Elle ouvre de grands yeux, sans cesser de s’activer de la main droite.

« Pas un petit ! Plusieurs grands…

-Alors pourquoi tu m’as amené chez toi ?

-Parce qu’il fait froid et qu’on est mieux ici, c’est plus intime. »

Intime, aïe, aïe, aïe… Guy Kaddict sent venir le piège, elle va essayer de lui mettre le grappin dessus, comme les autres. Il esquive tel l'escrimeur en finale de JO :

« Tu sais, je ne veux pas m’engager, faut pas que tu t’attaches à moi.

-Dis donc, Guy, depuis quand tu décides pour moi ? Tu ne veux pas t’engager, c’est ton affaire, mais si j’ai envie de m’attacher à toi, c’est la mienne.

-Ca va te rendre malheureuse, c’est bête.

-Pas du tout ! J’adore penser à quelqu’un, sentir mon cœur battre en l’évoquant, surtout si je ne le vois pas trop souvent. M’attacher, c’est me sentir libre, du moment qu’il ne cherche pas à m’attacher, lui.

-Tu es une drôle de fille.

-Et toi ? Tu as une amie? Ou plusieurs ?"

douche.jpgGuy Kaddict lui raconte en quelques mots ses déconvenues sur  Fesse-Bouc et autres sites. Puis il lui parle de Lucille, son amour d'il y a cinq ans : « On s’était rencontré dans la vraie vie, comme tu dis,  un stand de vide-grenier. On a sympathisé, on est tombé amoureux, c’était une fille, une fille… »

A cette évocation, il bande et Clochette éclate de rire :

« Cherche pas, ton corps parle pour toi. Et pourquoi vous êtes-vous quittés, si elle te faisait autant d’effet ?

-Une connerie, je ne sais même plus quoi. On s’est  fritté et  ça a été fini.

-Juste pour une dispute ? Tu ne l’as jamais rappelée ?

-Ah non ! Fini, c’est fini."

Clochette caresse du bout de l’index le sexe de Guy, quasi Roccosiffredesque.

-Ca ne m’a pas l’air tout à fait fini, vois-tu. C’est peut-être à cause d’elle que tu n’as jamais trouvé ton bonheur sur les sites.

- Oui, peut-être… C’est comme ça.

-Cornegidouille et caisse à outils, je déteste qu’on dise « c’est comme ça ». C’est comme on le fait, comme on veut, c’est tout.

Elle lui tend son téléphone : « Appelle-la ! 

-T'es folle! 5 ans après…

-Justement, après 5 ans, soit elle t’a zappée, soit elle sera super contente de t’entendre, et pour le savoir, il faut l’appeler. Qu'est-ce que tu risques? Un râteau à 50%. C'est pas mortel. Si tu ne le fais pas, c’est râteau à 100%. »

f-e-tro-chou.jpgVaincu par la diatribe Clochettienne, Guy Kaddict compose lentement le numéro. Il murmure, surpris :

« J’ai le cœur qui bat fort, j’ai la trouille.

-C’est un bon début, elle te fait battre le cœur.

-Allo ? Lucille ? C’est Guy, Guy Kaddict, je ne sais pas si vous vous souvenez de moi… »

Au bout du fil, il y a de la stupéfaction, une exclamation  joyeuse, un rire frais comme une giboulée de printemps et au final une invite :

« Je suis libre ce soir, on prend un verre ? » 

Il hésite, consulte Clochette du regard. Avec un sourire malicieux, elle lui montre du doigt l’obélisque dressée. Il accepte, raccroche. Heureux.

«  C’est marrant, elle a pensé à moi il y a quelques jours et avait  très envie de me revoir, sans oser m’appeler.

-C’est le cas de beaucoup de gens. Avoir envie et ne pas oser. 

- Merci de m’avoir forcé. Tout seul je ne l’aurais jamais fait.

Clochette s’installe à califourchon au-dessus de Guy Kaddict :

« Je t’en prie, tout le plaisir va être pour moi. »

img_0109.jpg

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 23:17

 

autres_d_sirs.jpgLors d’une séance de dédicaces, une dame d’environ 80 ans voulut m’acheter « Autres désirs, autres hommes. » Compte-tenu de son âge, je lui précisai qu’il s’agissait de textes érotiques dont elle n’avait peut-être pas l’habitude. Elle chuchota à mon oreille : « Justement ! Je n’ai connu qu’un homme, mon mari, et je ne veux pas mourir idiote. » Je n’insistai pas. Après tout, la dame était largement majeure. Quelques semaines plus tard,  elle m’interpella à l’entrée d’un cinéma : « Bonsoir petite coquine ! », m’agrippa par le bras et se tourna vers baiser_rodin.jpgun ami : « Je te présente madame Simpère, elle écrit des horreurs pornographiques. –Il faudra me les faire lire », répliqua le monsieur. La  dame se récria, arguant qu’il risquait d’en faire une attaque.  Bizarre, bizarre… D’ordinaire, on trouve mes textes érotiques, certes, sans tabous sans doute, mais joyeux, pas vulgaires, et je me demandais ce que la dame appelait  « horreurs pornographiques ».  Elle me souffla alors à l’oreille une description de fellation effectivement assez  trash… si ce n’est que jamais je n’en ai écrit de telle dans mes livres !. 

COUV Franoise SimpreMême mésaventure avec un lecteur qui m’attribuait des pages scatologiques fort peu ragoûtantes… mais tout aussi imaginaires.  Tous deux, dont le point nue-couple-courant-neige-_-is900-206.jpgcommun était  leur  expérience sexuelle réduite, avaient fantasmé des scènes sordides et culpabilisantes, comme si, pour  s’absoudre du péché de lecture érotique, il leur fallait se salir et éprouver honte et dégoût. D’ailleurs, les textes écrits sur le Net par des amateurs décrivent souvent des maris ravis de faire prendre leur femme par une horde de mâles affamés, jusqu’à ce que la malheureuse, copieusement traitée de « grosse salope » tandis que les hommes se répandent sur elle, s’écroule de fatigue sans avoir eu son mot à dire, avec une capacité à enchaîner des orgasmes d’autant plus puissants, semble-t-il, qu’on la traite comme une serpillière. Relents de machisme, relents de pouvoir…

diableQue dans un monde soi-disant libéré, le sexe demeure sulfureux et plus ou moins cradingue, ou qu’on l’exonère de tout mystère, de tout affectif, en payant pour une relation sexuelle réduite à une prestation de service, n’est pas un hasard. Le désir est un des plus puissants leviers de la liberté ou de l’aliénation selon qu’il est libre ou contraint. C’est sans doute pourquoi tous les gouvernants et toutes les religions limitent la liberté amoureuse des citoyens en édictant des interdits (variables d’une religion à l’autre, d’un Etat à l’autre)  tout en laissant se développer le sexe marchand. Ils savent que la frustration engendre l’aliénation, tandis que des êtres libres dans leurs têtes et leurs corps deviendraient rapidement ingouvernables.

nus.jpg 

 

 

 

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