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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 14:32


Des mémoires posthumes de sœur Emmanuelle,  qui a fait tant de choses importantes au cours de sa longue vie, les medias ont surtout retenu, si j’en crois les revues de presse sur Internet,  que la religieuse se livrait au plaisir solitaire découvert dès l’école primaire et qu’elle avait éprouvé toute sa vie « l’aiguillon du désir », concluant sereinement « de tous les péchés, je pense que le péché de chair est le moins grave aux yeux de Dieu. » Benoît XVI qui a récemment réaffirmé que la masturbation est un acte intrinsèquement et gravement désordonné doit en être tout retourné. Déjà que l’abbé Pierre avait lui aussi relaté ses amours…


Le philosophe Frédéric Lenoir, auteur d’un « Petit traité d’histoire des religions » (Plon)  rappelle fort a propos que l’obsession sexuelle (ou antisexuelle) de l’Eglise catholique n’a pas grand-chose à voir avec la parole divine. D’ailleurs la Bible, livre fondateur de la chrétienté, regorge d’histoires sensuelles et d’amours flamboyantes, parfois discutables puisqu’on n’y hésite pas à vivre des passions criminelles où le rival est assassiné. Le sexe  (et la femme) à l’origine de tous les maux du monde est une théorie de St Augustin et de St Paul reprise par le clergé catholique, les protestants et orthodoxes étant quant eux bien plus cool à l’égard de la sexualité, qu’ils connaissent puisque pasteurs et prêtres orthodoxes ne sont pas tenus au célibat.

Or qui était St Augustin ? Un méditerranéen fieffé coureur de jupons et macho en diable J, qui ne supportait pas la violence de ses désirs et, pour s’en protéger, jeta l’anathème sur les femmes : on lui doit de mémorables sentences d’une misogynie si excessive qu’elle en devient plus que stupide, ridicule.. Qui était Paul ? Un homme ni très beau ni en très bonne santé qui avait une haine profonde pour son corps, source de tous ses maux, opposé à l’esprit, qui le valorisait.  Il décréta donc que la chair était à l’origine de tous les péchés et s’acharna contre la sexualité avec une trouble obstination.

En somme, depuis vingt siècles, les catholiques et d’une façon générale la société dite judéo-chrétienne traînent une culpabilité vis-à-vis du sexe à cause de deux hommes frustrés et mal dans leur corps. Frustration et malaise que l’Eglise s’est attachée à  perpétuer en exigeant des religieux une abstinence qu’à l’évidence ils ne peuvent tenir.



« L’homme s’est fixé des objectifs d’abstinence et de fidélité que très peu sont capables de vivre, a dit un jour un pasteur sur Arte, et à cause de cela il souffre chaque jour de ne pas être à la hauteur d’objectifs impossibles. »


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20 octobre 2008 1 20 /10 /octobre /2008 21:40

Josiane Balasko a écrit le scénario de son film « Cliente » il y a plusieurs années.Tous les producteurs l’ont refusé. Un film sur une femme de 50 ans qui s’offre les services d’escort boys de trente ans, sulfureux, ça, tabou !  Elle a donc transformé son scénario en un roman, qui a remporté un vif succès, preuve que quelque part, cette histoire parlait aux gens. Quatre ans après le livre, Balasko sort enfin le film dont elle a eu du mal à boucler le budget, la réticence des producteurs demeurant…
Bien ficelé et pas simpliste, « Cliente » peut donner lieu à des interprétations diverses selon l’œil avec lequel on le regarde : un sujet, c’est la rencontre entre une histoire, un auteur et les autres. Qui transforment l’histoire à l’aune de leurs propres fantasmes. Donc « Cliente », ce peut être :
-une fable moralisatrice sur la solitude des bourgeoises friquées qui se sont trop consacrées à leur boulot et pas assez à l’amour.
-un sujet sociétal sur le manque de fric qui pousse des hommes jeunes et mignons à monnayer leurs charmes pour payer leurs traites de fins de mois, sans penser pour autant qu’ils se prostituent. Un peu comme récupérer des choses « tombées du camion » ou pirater un compte sur Internet : de la débrouille.
-une comédie sur notre pauv’ monde où tout s’achète, y compris l’illusion de plaire et un peu de plaisir, du moment qu’on a les moyens.
-une histoire de complicité et d’amour fraternel entre Judith la bourgeoise (Nathalie Baye) et sa sœur Irène (Josiane Balasko)
-une bluette sentimentale où la bourgeoise tombe amoureuse de son escort boy tandis que sa sœur, qui a toujours cru à l’amour, le trouve en la personne d’un Apache costaud et jovial ( joué par Georges Aguilar, mari de Balasko à la ville).
-une comédie sur la pesante promiscuité familiale qui fait fuir le héros- Marco l’escort boy, joué par Eric Caravaca- avec ces mots à Fanny, sa jolie épouse (Isabelle Carré) : « Ce n’est pas toi, c’est cette vie que je n’aime plus. »
-un film décontracté et drôle sur le sexe, la télé, la modernité des mœurs, etc.

C’est aussi pour moi- forcément- un film sur l’intimité. Car de façon moins poignante mais plus drôle que Patrice Chéreau dans « Intimité » (dont j’ai déjà parlé http://fsimpere.over-blog.com/article-7006466.html ) ce film montre un homme et une femme qui se retrouvent en principe juste pour le sexe et qui, lorsque cela se répète, et surtout lorsque l’échange cesse d’être marchand (Marco refuse un jour d’être payé) se découvrent intimes.
« Je suis bien avec toi », murmure Marco.  Sa cliente qui n’en est plus une lui caresse les cheveux. Instant magique d’après le plaisir, où il n’y a plus d’enjeux puisque la séduction, l’orgasme, la performance, tout ce qui peut rendre le sexe anxiogène est passé. Ne reste que ce temps  suspendu, hors monde, où les amants se sourient ou se caressent la joue, rêveurs, loin des rapports de force et des enjeux de la vraie vie. 
« Mais tu l’aimes », répond Judith à Marco en parlant de Fanny. Oui, il l’aime. Il ne l’a pas quittée par désamour, mais à cause du manque d’intimité, justement, parce que la cohabitation avec une belle mère et une belle-sœur envahissantes l’ont fait fuir. Le temps d’une parenthèse intime avec une femme de vingt ans son aînée.

Cette intimité des amants, aussi mystérieuse que le désir et bien plus que l’orgasme ou les prouesses sexuelles, si raffinées soient-elles, cette intimité qui n’est pas de l’amour mais fonde cependant des attachements durables au-delà du sexe, cette intimité vitale après laquelle courent sans doute tant d'hommes et de femmes depuis que le monde existe, voilà ce sur quoi j’aimerais écrire. Le titre serait simple : Journal intime.

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17 octobre 2008 5 17 /10 /octobre /2008 10:44

Chaque été depuis 2003, année où « Des désirs et des hommes » ont caracolé huit mois 2ème des meilleurs ventes poche en Relay,[1] je scrute les classements de l’été, et depuis 2003, immanquablement, il y a un érotique parmi les succès : Eloge des femmes mûres, Femmes amoureuses, etc… Sauf en 2008.  Pas le plus petit récit coquin, pas le moindre guide sexuel… "La libido nationale est en berne,  les bourses sont déprimées, me dis-je."

J’avais raison.

Plus sérieusement, j’avais raison. Car à vous, lecteurs de ce blog qui avez de la culture et du sentiment, je n’apprendrai rien en rappelant que la libido ne concerne pas seulement le sexe, mais l’énergie du désir  au sens large du terme : désir de faire, élan, confiance, créativité…  Le premier symptôme de la dépression, c’est la perte de la libido : plus rien ne fait envie, ni l’amour, ni le travail, ni la curiosité. Nous sommes un peuple de déprimés, de frileux,  et les medias enfoncent le clou en parlant sans cesse de dépression… économique.
Rappelons pourtant que le bonheur ne se résume pas à un taux de croissance, et que le taux de croissance n’est qu’un instrument de mesure ô combien imparfaite de l’économie, tout comme les bonds et rebonds des bourses ne reflètent aucunement l’état des richesses produites dans le monde mais les émois de financiers bien fragiles psychologiquement puisqu’un rien les effraie et un rien les rassure.
Rappelons qu’un mec qui gaspille de l’essence dans un embouteillage, avale trois tranquillisants pour se calmer et finit par percuter un mur fait grimper le taux de croissance : l’essence, les médicaments, le mur à réparer, la voiture à racheter, les frais d’hôpital, les béquilles… tout ça participe bel et bien à l’activité économique.  Tandis qu’un type qui prend son vélo pour aller travailler, revient tout tranquillou le soir et va faire l’amour dans la forêt avec sa douce pour se détendre est un mauvais citoyen, toutes ces activités ne rapportant rien ou pas grand chose à l’économie.

Pour en revenir aux bourses triomphantes : le kangourou est un grand gaillard sympathique, tendre (surtout grillé, miam)  très agréable à caresser et qui  garde son équilibre avec sa queue : la définition même du  compagnon idéal. Qui plus est, pourvu d’une paire de roubignoles exceptionnelles, voir ci-dessus. Eh bien, vlatipa que sans aucun respect pour les couilles dudit, on en fait des souvenirs pour les touristes : scrotum de kangourou  encore plein de poils, surmonté d’un décapsuleur ou d’un tire-bouchon. J’ai tâté, ça m’a fait une drôle d’impression : les couilles sans l’individu qui va avec, ça n’a plus guère d’intérêt, mais il est vrai que je suis une érotomane intellectuelle et affectueuse.
Ce n’est pas tout : sous prétexte que le Kangourou est un fieffé sauteur, on ne trouve rien de mieux pour réguler l’espèce que de lui enlever son scrotum- dans le respect des règles écologiques est-il précisé sur la notice- pour en faire un cuir fin et souple dans lequel on taille… des bourses ( en anglais: pouch, de quoi faire un putsh) !
Mais celles-ci, paraît-il sont porte-bonheur et assurent à leur heureux possesseur richesse santé et beaux enfants.

Notez le regard du kangourou vers la femelle alanguie, gracieuse comme une biche...

[1] Je regrette que « Autres désirs, autres hommes » n’ait pas eu le même succès alors que je le trouve mieux écrit, plus varié et plus imaginatif. « Oui, mais moins directement bandant » m’a dit l’éditeur.  Eh zut, moi qui croyais avoir des lecteurs et lectrices cérébraux … 

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18 septembre 2008 4 18 /09 /septembre /2008 10:30

J’avais 27 ans, un rédac chef m’avait demandé un papier sur « l’amour après 60 ans ». Autant dire que je n’en avais aucune idée. ! J’allai donc interroger une psy d’environ 40 ans, très belle, qui m’asséna : « L’amour et les sentiments existent à tout âge, en revanche passé la soixantaine, le sexe est sublimé. » Sublimé ? « Oui, dans la musique, la littérature, l’art… La libido devient plus spirituelle que sexuelle, forcément. » « Forcément, admis-je, en me disant que ça allait être coton de sortir huit feuillets avec cette seule info.

C’est alors que mon rédac chef me suggéra d’enquêter auprès des lecteurs/trices ayant envoyé une petite annonce à la rubrique « rencontres » du magazine. Je consultai ladite rubrique et découvrit la sublimation : « Cherche compagnon pour aller au concert et voyager ». « Cherche compagne pour visiter expos et savourer ensemble les beautés de la vie. » Je les imaginais chacun dans leur fauteuil, éventuellement main dans la main, écoutant religieusement quelque cantatrice dont le soprano pouvait encore procurer un frisson spirituel, ou rêvant aux paradis perdus devant un nu de Picasso. Je pris donc rendez-vous avec deux femmes de 66 et 74 ans et dénichai un couple de 82 et 85 ans, grands-parents d’un copain, sans me douter que j’allais m’aventurer dans des terres plus que chaudes : torrides.
La première dame, rousse bouclée  vêtue d’un pantalon chamarré et d’un chemisier en soie sauvage, m’expliqua qu’elle donnait toujours rendez-vous à ses correspondants dans le bar en bas de chez elle : « On boit un thé, on discute, et je vérifie s’ils sont bien élevés car à mon âge on n’a que faire de grossiers personnages. S’ils me plaisent, je leur propose un second rendez-vous chez moi. »  J’étais chez elle, justement, assise sur le rebord de son canapé rouge que la dame me désigna d’un doigt malicieux : « Je fais mettre mon visiteur exactement où vous êtes, et s’il me plaît vraiment, au lieu de m’asseoir en face de lui, je m’assois à côté et clic-clac !
-         Clic-clac ?
-         Oui, clic-clac. Ce canapé est un clic-clac, je n’ai qu’à tirer sur cette manette et il se transforme en lit. » Elle éclata de rire : « Si mes enfants m’entendaient !!! Mais voyez-vous, j’ai déjà eu le malheur d’être veuve à 64 ans, je ne vais pas y ajouter la solitude ! »

La dame de 74 ans avait été courtisée par téléphone : « Un monsieur très convenable, un ancien militaire. Nous avons échangé quelques mots et brusquement il m’a dit « je mesure 22cm ». J’ai d’abord cru que c’était un nain, puis j’ai compris de quoi il s’agissait ! Tout de même, mademoiselle, vous ne croyez pas que les hommes sont bizarres de se présenter ainsi ? » Elle eut un clin d’œil coquin : « Je n’ai rien contre, remarquez, mais je demande à voir d’abord le reste. »

Les grands-parents du copain m’invitèrent à l’apéritif. On aurait dit des amoureux de Peynet. Ils se caressaient la main et se cessaient d’échanger des regards enamourés en me racontant leur vie commune entamée 63 ans plus tôt. Je concluais : « Après tant d’années, vous devez ressentir une immense tendresse l’un pour l’autre.  – Certes oui, dit la dame. Mais il y a aussi le plaisir. Nous aimons beaucoup faire l’amour. »  Le mari intervint : « Je reconnais que je ne suis pas aussi performant qu’à vingt ans, mais disons que je remplace la vigueur par le savoir-faire. Et tu ne t’en plains pas, n’est-ce pas, ma chérie. –Oh que non, sourit la dame, l’œil brillant. Sans doute que si quelqu’un nous regardait, il ne trouverait pas ça très beau, mais je peux vous garantir que c’est bon ! »

Je suis partie toute guillerette à l’idée des années de délices que je pourrai encore vivre, pas vraiment sublimés, mais sublimes, forcément sublimes…

 

 

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5 septembre 2008 5 05 /09 /septembre /2008 08:20

Quelques mots avant de quitter ce blog d’ici quelques heures… pour un certain temps, pour un rêve devenu projet, puis réalité, que certain(e)s d’entre vous connaissent. 

Il y aura donc très peu de billets ce mois-ci, mais vu la vigueur du dernier débat, ça reposera tout le monde J

Avant de partir, je veux surtout remercier les lutins et lutines qui ont répondu à mon appel en m’envoyant questions, témoignages et photos, ou en prenant le temps d’un verre ou d’un repas pour échanger.  Il y a dans tout cela une richesse inouïe, je m’en doutais, mais plus encore, une complexité et une générosité rares. Loin d'imposer un quelconque modèle, ces échanges ne dégagent aucune certitude péremptoire, pas plus qu'une angoisse paralysante, mais une vitalité qui stimule l’intellect et fait jubiler le coeur.


Rien à voir avec le libertinage com
mercial, la dragouille consommatrice ou les ricanements salaces: amoureux et surtout amoureuses plurielles, réinventent non pas une, mais mille façons d’aimer, avec une délicatesse et une attention à l’autre, à tous les autres (enfants, famille, amis, amants, entourage) qu’on rencontre de façon rarissime dans la vie formatée.

En vous lisant et en regardant les photos que quelques-unes m’ont envoyé, je songeais que ces femmes lumineuses, heureuses de vivre, tendres, ardentes et si lucides devraient faire rêver tous les hommes, et que ces hommes qui se posent mille questions et trouvent dix mille réponses sans croire que l’amour « doit » être comme ci ou comme ça, sans se corseter dans des modèles tout en balisant leur route de repères, donnent sens à la vie.

Plus que du sexe, plus que du couple, les lutins et lutines témoignent d'un appétit de vie formidable, avec une capacité d’émerveillement qui fait vraiment du bien dans la morosité ambiante, une façon de reconnaître ses fragilités et sa force sans vanité ni modestie inutiles, et un ressort étonnant face aux difficultés qui ne nous épargnent pas plus que les autres.  Salut à tous et toutes.

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27 août 2008 3 27 /08 /août /2008 10:34

Sur la plage ensoleillée, partie de volley par-dessus un filet de fortune : deux piquets et une ficelle, deux équipes pas forcément égales en nombre, l’essentiel est de rigoler.
Mais se touchant le crâne, en criant " J'ai trouvé "
La bande au professeur Nimbus est arrivée
Qui s'est mise à frapper les cieux d'alignement,
Chasser les Dieux du Firmament.[1]

En l’occurrence, les Nimbusmen  décrètent le beach volley discipline olympique. Avec règles strictes, dimensions officielles et obligatoires du terrain et combat de chefs entre linguistes pour savoir comment appeler le nouveau sport. « Beach Volley » soutiennent les anglophones, « Volley sur sable » recommande la Commission générale de terminologie et de néologie dans le Journal Officiel du 28 mars 2008. Exit le jeu, place à la compétition avec enjeux de médailles et sanglots des perdants.

Le monde libertaire n° 35[2] fait une analyse réjouissante de cet événement, dont voici un extrait : « Dans l’exemple des jeux de plage, on note tout d’abord qu’en supprimant l’enjeu (vaincre, éliminer, hiérarchiser), on revient à l’organisation d’une activité collective qui n’a d’autre objet que le plaisir du faire ensemble. L’absence d’enjeu est la garantie du jeu. Dès lors que le but est le « faire ensemble » et que les règles choisies en sont le cadre, il n’est plus besoin d’arbitre extérieur qui sanctionnera des « fautes ». Les joueurs eux-mêmes s’auto arbitrent naturellement. On peut même imaginer que face à une situation de jeu inattendue, la règle leur apparaisse frustrante, et qu’elle soit modifiée d’un commun accord en cours de jeu pour garantir encore plus de plaisir. Il y a dans cette construction de la règle pour les besoins du moment et pour soi-même et dans cette autogestion naturelle de la règle, un apprentissage essentiel contre le Tyran… » Et l’article conclut : « Be a son ....          of a beach » J
Remplaçons jeu de plage par amour :
« Dans l’exemple de l’amour, on note tout d’abord qu’en supprimant l’enjeu (vaincre, éliminer le rival), on revient à l’organisation d’une activité qui n’a d’autre objet que le plaisir du faire ensemble. L’absence d’enjeu est la garantie du jeu[3][4]. Dès lors que le but est le « faire ensemble » et que les règles choisies en sont le cadre, il n’est plus besoin de juge ou de religion qui sanctionnera des « fautes ». Les amoureux eux-mêmes s’auto arbitrent naturellement. On peut même imaginer que face à une situation inattendue, la règle leur apparaisse frustrante, et qu’elle soit modifiée d’un commun accord en cours de vie pour garantir encore plus de plaisir. Il y a dans cette construction de la règle pour les besoins du moment et pour soi-même et dans cette autogestion naturelle de la vie amoureuse, un apprentissage essentiel contre le Tyran… »

Et face au monde normé supposé « normal », à ses absurdités cruelles génératrices de fureur, de haine et de guerre, lutins et lutines fredonneront la fin de la chanson :

Un beau jour on va voir le Christ
Descendre du calvaire en disant dans sa lippe
" Merde je ne joue plus pour tous ces pauvres types.
J'ai bien peur que la fin du monde soit bien triste. "


Of a bitch?

               Of a biche?



[1] Le grand Pan, Georges Brassens

[2] hebdomadaire de la Fédération anarchiste

[3]  « Débarrassé de ses enjeux, le plaisir devient ce qu’il ne devrait jamais cesser d’être, un pur diamant que chacun porte en soi, source de liberté, de confiance et d’amour (« Ce qui trouble Lola »)

[4] Ce n’est pas pour rien que ce blog s’appelle « Jouer au monde »…

 

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22 août 2008 5 22 /08 /août /2008 12:52

Dans l’émission de Brigitte Lahaie (Lahaie, l’amour et vous, RMC de 14h à 16h, redif. à 23h) il y a ce qu’elle appelle la « question croisée » : l’animatrice et l’invité se posent mutuellement une question très personnelle. La dernière fois, j’ai demandé à Brigitte, magnifique quinquagénaire, comment elle envisageait la vieillesse.

« C’est étrange que vous me posiez cette question, a-t-elle répondu, car j’y ai justement pensé ce week-end en rendant visite à une proche âgée. Ce qui m’a frappée, c’est son manque de contact physique. Personne ne touche les vieux pour leur faire plaisir : on les masse, on leur donne des soins, on fait leur toilette, mais ce ne sont que des contacts fonctionnels, et quand leur famille les embrasse, c’est souvent très vite, « dans le vide », sans les toucher vraiment.  Mon passé d’actrice du X et ma vie amoureuse comblée font que  je n’angoisse pas du tout à l’idée de ne plus faire l’amour un jour. J’ai eu ce qu’il faut en matière de sexualité. Par contre, je pense que je serai malheureuse si je n’ai plus de caresses, de baisers, de gestes tendres. Oui, ça me manquera terriblement, et je pense que beaucoup de personnes âgées perdent le contact avec la réalité parce qu’on ne les touche pas assez. »

Benoîte Groult, alerte femme de 87 ans qui fait du vélo à Paris et de la pêche à pied sur les rivages d’Irlande tout en écrivant des livres pleins d’humour et de culture m’a dit la même chose : « A 40 ans, quand je prenais le train, dix mains masculines se levaient pour m’aider à hisser ma valise dans le filet à bagages, alors que je n’en avais nul besoin. Aujourd’hui où ça m’aiderait bien, aucune main ne se lève. Vieillir, pour une femme, c’est devenir transparente, et aux yeux des hommes on est transparente parce qu’on n’est plus baisable. »

Baisable ! Une femme n’existe-t-elle pour un homme que par sa capacité à être désirée et baisée ? Le commentaire anonyme d’un bloggueur sur le billet,PUIS-JE VOUS OFFRIR UN CAFE?  me traitant en substance de « vieille peau dragueuse », semble le confirmer. Il ne lui est pas venu à l’idée qu’entre la transparence et le sexuel existe mille façons de se connaître, de toucher et d’être touché à tous les sens du terme et que c’est essentiel pour être heureux.

S’il y a parmi les internautes des « vieux » de 60 ans et plus,  qu’ils nous disent si eux aussi se sentent devenir transparents et en souffrent. Même si la légende prétend qu’un homme vieillit mieux qu’une femme- ce que la réalité dans la rue ne confirme pas- on sait que derrière les couples de vieux et de jeunettes, bien souvent c’est l’odeur du compte en banque qui atténue celle de la peau parcheminée et des tissus relâchés… Mais les autres ? Rêvent-il aussi de caresses et de tendresse?

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10 août 2008 7 10 /08 /août /2008 12:57

Une amie- mais en était-ce vraiment une ?- m’ayant asséné un jour : « Les hommes profitent de toi, tu es une bonne poire », je me demandais si j’étais bonne poire, pauvre pomme ou, plus vraisemblablement « cerise sur le gâteau » de leur existence. Je m’en ouvris à un homme : pas n’importe lequel, puisqu’il m’a inspiré le personnage de Matteo[1] dans « Ce qui trouble Lola ». Et cet homme, d’une phrase tendre et simple, m’a pour l’éternité rassurée. Ce texte de 1995 qu’il n’a jamais lu s'en souvient.

Je suis la cerise sur le gâteau, la confidente des jours de peine, la complice des jours heureux. J’ai la peau lisse du fruit d’été que l’on croque sans compter, je suis le noyau que l’on jette et l’arbre qui en pousse, branches refuges vingt ans après, écorce qui jamais ne craquelle. Je suis la cerise sur le gâteau, la femme des jeux et des plaisirs, l’amante folle, l’amie, la mère. Mes mains ont la douceur de ma chair faite pour vos caresses, mes mains ont la douceur des caresses qui apaisent vos chagrins.

Je suis la cerise sur le gâteau, la femme d’une seule saison, la femme de tous les printemps. Le temps des cerises est si court qu’on s’en voudrait qu’il tourne court, qu’on le dévore à toutes dents et qu’on l’oublie au grand beau temps. J’ai la saveur du fruit volé qu’on dissimule sous sa chemise. A la place de votre cœur, je laisse une tache écarlate qu’une autre femme effacera : je n’ai pas l’âme lavandière.

L’homme aux yeux si bleus a souri, a pris mon visage dans ses mains et d’un doigt posé sur mes lèvres, il a fait taire ma chanson : « Ecoute-moi, a-t-il dit. Sais-tu ce qu’est une Forêt Noire ? C’est un gâteau au chocolat sur lequel il y a des cerises. Si tu enlèves les cerises, il n’y a plus de Forêt noire, plus de dessert, plus de fête. Rien qu’un gâteau au chocolat, bien ordinaire. Bien ordinaire. »



[1] A propos de Matteo, j’avais choisi ce prénom après avoir vu le film de Marco Tullio Giordana « Nos meilleures années » (Prix « Un certain regard » au festival de Cannes 2003) dans lequel le personnage de Matteo ( Alessio Boni) a un regard et une intensité bouleversants. Ce film de 6 heures va être diffusé sur FR3 en quatre épisodes d’une heure trente à partir du 20 août 2008. Malheureusement à 23h35, quelle hérésie de reléguer si tardivement ce chef d’œuvre. A regarder- je l’ai vu 4 fois !- et à enregistrer,  c’est beau, c’est poignant, c’est apaisant, c’est TROP !

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27 juillet 2008 7 27 /07 /juillet /2008 10:52

J’ai passé samedi à poncer un meuble pour le lasurer ensuite, et à trier des vieux papiers histoire d’aérer mon bureau de 7m2, tout en pensant aux lettres reçues de femmes, surtout autour de la trentaine, pour lesquelles l’ Amour est une attente, une angoisse, une déception, un espoir… Je dis bien l’Amour et non pas l’Homme. Elles sont souvent plus amoureuses d’une idée de l’amour que désireuses d’aimer réellement un ou plusieurs hommes. Et voilà qu’en sortant de vieilles chemises cartonnées d’un casier, je tombe sur des textes écrits entre 1995 et 2000, dont cette ode au genre masculin.

« Il y a des collectionneurs de papillons, des fondus d’art Etrusque, des gens capables de se passionner leur vie durant pour la salive d’un moustique tropical ou les moeurs d’un ver plat, des fous d’œnologie et même des supporters de foot, capables du pire comme du meilleur. Moi, c’est l’Homme. Pas l’être humain, mais le mâle, créature étrange qui ne réagit jamais comme l’attendent les femmes. D’où de sérieux malentendus entre elles et eux, misogynie d’une part, ressentiment de l’autre, combats de petites phrases, de défis et de regrets où s’étiolent le plaisir et les sentiments.
Peut-être parce que je n’attends guère des hommes plus qu’ils ne sont capables de donner, ils me donnent- et je leur prends- beaucoup. Je glane en leur compagnie du plaisir, certes, mais aussi des troubles infinis, des souvenirs capables d’érotiser pour moi la planète entière : un couloir de métro, un balcon banal, un évier de faïence, une voiture garée sous un réverbère nocturne, une tarte aux fraises géante, l’odeur du néoprène, Ostende « ni gris, ni vert », des hôtels impersonnels et d’autres dits « de charme », un vieux gréement légendaire, une odeur de pommes dans un escalier ciré (mais pas un seul raton laveur) éveillent en moi un sourire intérieur.

Ils m’inspirent aussi des élans mystiques, l’émerveillement devant leur corps, l’envie de le célébrer avec une gourmandise joyeuse et une émotion sacrée. Je ne connais pas la tristesse post coïtum, mais la gravité sûrement. L’impression d’atteindre dans le plaisir une vérité inaccessible par d’autres voies, l’essence même de ce que je suis et de ce qu’est l’Autre.

J’aimerais leur écrire un « Cantique des cantiques », un chant lyrique et sensuel pour les remercier des instants qu’ils m’ont offert, et pour les instants d’après, quand les sensations s’estompent sur la peau, prêtes à revenir au galop à la simple évocation d’un timbre de voix, d’une odeur, du cheminement de leur lèvres sur mon corps… J’aimerais inventer des mots d’amour qu’ils n’auraient jamais lus ailleurs, des mots si forts qu’en les prononçant, en les voyant simplement écrits, le cœur de l’Homme redécouvre la nature divine du désir. J’aimerais que chaque Homme puisse croire que ces mots lui sont personnellement destinés et que chaque Femme en les lisant puisse se dire « C’est mon histoire, c’est l’histoire que je veux vivre ». Afin que les mots, ensuite, cèdent la place aux gestes. »

D’autres textes retrouvés suivront...

 

 

 

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13 juillet 2008 7 13 /07 /juillet /2008 13:13

Rencontre en Grèce avec Christa, autrichienne,  genre 40 ans, qui se définit comme une femme « libre » sans que je lui ai rien demandé.  Elle bronze nue sur la plage, je lui offre une carapace d’oursin verte et comme elle parle français nous papotons en séchant au soleil.  Notamment des faits-divers autrichiens qui ont défrayé la chronique, Natacha Kampuch, puis le père qui a séquestré sa fille durant des années en lui faisant sept enfants. Curieusement, Christa ne semble pas choquée par ces affaires : « Ca arrive, chez nous les pères violent souvent leur quatrième fille ». Je ne connaissais pas cette coutume, je le lui dis, puis nous parlons d’amour, d’érotisme, de désir et elle me lance, quasi dédaigneuse : « En t’écoutant parler, j’ai l’impression de voir un film français, tu es très française. –Que veux-tu dire ? – Tu es cérébrale, tu parles de désir, tu as besoin de mots pour le sexe. Comme dans les films français. – C'est vrai, sans désir le sexe ne me semble pas très intéressant. Les gestes se ressemblent, quel que soit l’amant. Par contre, si le désir intervient, comme dit un de mes amis, un simple « missionnaire » peut te combler, alors que les 400 pages du kamasoutra dispensées par un homme que tu ne désires pas seront ennuyeuses. S’il s’agit juste d’orgasme, je me fais très bien cela toute seule ! »
Christa s’enflamme, pour elle l’amour, c’est l’Orgasme, qu’elle veut
sans mots, sans préliminaires, sans connaître l’homme qui le lui prodigue, mais total : « Je veux me liquéfier, ne plus penser, ne plus savoir qui je suis, ne pas savoir qui est l’autre, je veux me perdre ! » Je lui dis qu’effectivement, la perception de la sexualité est très culturelle. Elle me trouve typiquement française avec mes désirs cérébraux, je la trouve « tragique germanique » avec son envie de se perdre entre Eros et Thanatos.  Moyennant quoi, elle court après ce mythe, croit l’atteindre, est déçue,  finit par éructer sur l’incapacité des hommes occidentaux à la faire jouir, et rêve de l’habileté des asiatiques surdoués en sexe tantrique, ce qui là encore me semble un mythe …

Retour en France, je bavarde avec une amie qui me dit plaisamment : « Je ne t’ai pas envoyé de questions sur les amours plurielles, car avant d’en être là, j’aimerais bien réussir un amour singulier ! »  Dans sa famille comme chez ses ami(e)s, pas une histoire ne dépasse les 5 à 7 ans. C’est alors qu’elle me parle d’un homme avec qui elle adore faire plein de choses, a des relations amicales, et aime aussi faire l’amour. « Que veux-tu de plus ? Tu l’aimes !  - Tu crois que amitié+ désir= amour ?  - Complètement. C’est même celui qui a le plus de chance de durer. » Elle convient avec moi que la passion, trop narcissique, n’est pas de l’amour et consume trop pour durer, mais persiste à chercher ce qu’est l’amour dont elle rêve. »  

Je lui raconte l’histoire d’une auditrice qui avait appelé lors d’une émission de Brigitte Lahaie à laquelle je participais. Elle se plaignait de ne pas connaître L’Orgasme, décrivant le plaisir qu’elle ressentait avec son mari en concluant « C’est bien, mais ce n’est pas l’Orgasme ». Je lui avais demandé si elle avait essayé avec un autre homme. Oui, elle avait pris un amant, dans l'unique but de connaître enfin l’Orgasme, mais le malheureux lui avait donné juste du plaisir, qu’elle nous raconta en détail. Brigitte et moi nous écriâmes en chœur : « Vous êtes en train de nous décrire un orgasme ! » -Ah bon, c’est ça ? » fit-elle d’un air déçu.  J’ai dû lui expliquer que l’orgasme n’est pas forcément le ciel qui croule sur la tête entraînant une pluie d’étoiles qui vous enflamme du petit orteil à la pointe des cheveux et vous déchire les entrailles.

« Tu es avec l’Amour comme cette femme avec l’Orgasme » dis-je à ma copine. Dans une recherche de mythe, parce que les contes de fées racontent que l’Amour fait exister, comble une femme, est la plus merveilleuse des choses, etc… tout comme les magazines te serinent aujourd’hui qu’hors l’orgasme, point de salut.  Résultat : tu as sans doute l’amour tout près de toi et tu ne le reconnais pas. – Et pour toi, qu’est-ce que c’est ? – C’est différent avec chaque homme, mais il y a des points communs : je sais que j’aime un homme si penser à lui quand il est absent me donne envie de sourire au lieu de me mettre en état de manque. Quand je ne sens en confiance avec lui et que j’accepte de n’avoir plus un œil vers la sortie et le doigt sur la gâchette[1]. C’est assez rare, finalement. Enfin,  il me faut du temps, et j’adore ce moment où je ne me pose plus la question de l’Amour, tant il devient une évidence.  A ce niveau, je n’en aime que cinq ou six. (et c’est là que certains vont se demander s’ils en font partie, niark, niark, niark J)

 

 



[1] cf Lola dans « Ce qui trouble Lola »

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