Il y a 25 ans, Caulerpa Taxifolia, algue dite « invasive » parce qu’elle n’en était pas native s’est implantée en Méditerranée et s’y est développée. Ceux qui savaient lire à l’époque se souviennent sûrement des articles de presse dramatiques et de la polémique qui opposa les responsables de l’Aquarium de Monaco, mis en cause dans cette affaire, et le Pr Alexandre Meinesz, spécialiste des caulerpes et chercheur/plongeur.
J’étais plongeuse à l’époque- c'est moi sur la photo- et j'ai pu me rendre compte de visu du caractère envahissant de cette algue, connue aussi pour contenir un cocktail de toxines. Serait-elle dangereuse pour l’équilibre écologique, les poissons, voire l’homme ? En tout cas, elle mettait en émoi les élus locaux, les écologistes, les pêcheurs et les plongeurs. Des centaines de tracts avaient été parachutés sur les plages « Vous avez aimé la vache folle ? Vous allez adorer la Caulerpe ! »
Lorsque me fût rapportée la réflexion d’un promoteur immobilier grommelant, après s’être vu refuser un permis de construire pour cause de protection du littoral : « Y aurait eu de la Caulerpe à cet endroit, je l’aurais eu, mon permis ! » j’eus l’idée d’écrire un thriller écologique, « l’Algue fatale » opposant des mafieux de l’immobilier à une écologiste au grand cœur. Le tout sur fond d’histoire (avec le général de Gaulle dans les premières pages) et d’amour (entre la belle écologiste et l’un des héros). Plusieurs personnages étaient inspirés par des protagonistes réels, d’autres totalement imaginaires. De même, j’avais fait des repérages sur les lieux pour être scientifiquement et géographiquement juste, l’idée étant de mêler la fiction au réel pour troubler le lecteur se demandant : « Et si c’était vrai ? »
Parallèlement, en tant que militante écologiste et plongeuse, j’avais ameuté l’association des députés plongeurs fondée par Pierre Lellouche. C’est ainsi qu’en 1999, nous organisâmes un colloque à l’Assemblée Nationale sur la prolifération de Caulerpa Taxifolia, et je participai à la rédaction d’un projet de loi sur les « espèces invasives » en compagnie de Pierre Lellouche (RPR à l’époque), Michèle Rivasi (apparentée PS) et André Aschieri (Vert) sous l’œil amusé de… Jean-Louis Debré, qui adore les polars puisqu’il en écrit lui-même.
Enfin, « L’Algue fatale » a été adaptée pour la télévision sous forme d’une mini-série en deux épisodes régulièrement rediffusée depuis 2004 sous le titre « Eaux troubles », avec, entre autres Julie Debazac, Jean-Pierre Lorit, Geneviève Casile et Michel Duchaussoy. Adaptation très libre et assez éloignée du livre- la partie politique étant gommée au profit d’une intrigue plus romanesque- à laquelle je participai pour la partie scientifique et la caractérisation des personnages.
2010 étant l’année de la biodiversité, j’ai eu l’idée de contacter les protagonistes de l’époque pour savoir quelles leçons ils tiraient de la façon dont a été traitée cette affaire de caulerpe, et ce que leur inspirait la prise en charge actuelle des questions écologiques.
Intéressant, car il est rare qu'on ait 25 ans de recul sur un problème et la possibilité d'en reparler avec les protagonistes. Alexandre Meinesz et Michèle Rivasi m’ont déjà répondu. Et leur avis montre qu'il n'est pas de manichéisme possible avec la complexité des écosystèmes: pas de bons et de méchants, pas de certitudes ni de conclusions hâtives, mais, toujours, l'importance de donner l'alerte et de rester vigilant.
Vous en saurez plus en allant sur le site www.autresmondesdiffusion.fr où vous trouverez aussi l’Algue fatale. Trente exemplaires seulement, dédicacés. Une occasion de découvrir que l’érotisme n’est pas ma seule inspiration, quoique pages 206 et 207…