Le dimanche 9 septembre 1973 à la Fête de l'Humanité à Paris, alors que couraient des rumeurs inquiétantes sur la situation au Chili, Georges Marchais affirma que tout allait bien là-bas, et que Salvador Allende gardait le contrôle. Deux jours plus tard, le 11 septembre au matin, des chars blindés attaquait le Palais présidentiel de la Moneda, la junte militaire armée jusqu'aux dents l'envahissait et le président Allende, démocratiquement élu trois ans plus tôt, adressa plusieurs messages au peuple chilien puis se suicida plutôt que de fuir à l'étranger comme cela lui était proposé ou de tomber aux mains du général Augusto Pinochet qu'il avait nommé commandant en chef de l'armée chilienne et qui le trahissait sans la moindre hésitation.
S’ensuivit une dictature sanglante qui fit officiellement 3000 morts et sans doute bien plus, sans compter les disparus, les torturés marqués à vie et plus de 200 000 exilés. A cette époque, je m'en souviens, on accueillit en France beaucoup de réfugiés Chiliens ainsi que des Argentins, Boliviens, Uruguayens, Brésiliens, les dictatures latino-américaines, mises en place et/ou soutenues par les Etats-Unis faisant de ce continent un territoire dangereux pour toute personne soupçonné de sympathie à gauche.
Sous la dictature Pinochet qui dura jusqu'en 1990, les Chicago's boys dépêchés par les États-Unis firent du Chili un laboratoire de l'ultra libéralisme, avec les résultats que l'on sait: une croissance économique importante profitant à une poignée de riches tandis que se creusèrent les inégalités et qu'augmentait la grande pauvreté.
Comment se fait-il que malgré le courage du peuple Chilien et l’héroïsme des militants du MIR (extrême-gauche) qui soutenaient Allende, celui-ci fut aussi facilement renversé? Le documentaire d'Armand Mattelart "la spirale" réalisé en 1976 montre le plan ourdi dès l'élection d'Allende pour le renverser: fuite des capitaux et de riches Chiliens, élimination de militants du MIR, organisation de grèves et de boycott, manifestations de "ménagères" et enfin coup d'Etat du 11 septembre. Le tout avec le soutien d'ITT, compagnie américaine de télécommunications, et en raison de la faiblesse de la gauche Chilienne, divisée dès l'élection d'Allende. Terrible habitude des gauches plurielles de préférer se diviser plutôt que de s'unir pour gagner.
LA SPIRALE FILM D'ARMAND MATTELART