Depuis quelques mois, je reçois des sollicitations pour mettre de la pub sur ce blog. J’ai jusqu’ici refusé, tout en me disant que si le mécène tarde à se manifester, il faudra bien que je trouve une solution pour gagner plus de sous qu’avec mes petits travaux alimentaires si je veux poursuivre une carrière littéraire. Ouh ouh, mécène, quand vas-tu te décider à m’ouvrir ton cœur et ton compte en banque, car un riche qui devient mécène a forcément un cœur à la place du porte-monnaie, c’est pas l’argent qui est nocif, c’est le fait de le garder rien que pour soi…
Mais voilà-t-il pas qu’on m’a proposé des publi-reportages. J’en ai écrit pour les magazines dans lesquels je travaillais, en choisissant les annonceurs. Ainsi, mon assistante et moi avions refusé de faire un publi sur des lingettes pour bébés, car les lingettes, sauf en voyage où c’est parfois pratique, sont anti-écologiques et la lotion mise dessus peut provoquer des réactions allergiques. On avait dit à l’annonceur : « Ce n‘est pas un produit éthique, on ne prend pas. » Vu ses yeux ébahis, il doit être encore à interroger Littré, Larousse, Robert et Wikipédia pour savoir ce que veut dire « éthique ».
J’ai donc opté pour le principe des publis sous réserve de pouvoir accepter seulement les propositions que je trouverais utiles, culturelles, rigolotes ou d’un érotisme flamboyant J. Depuis, j’en ai refusé une dizaine. Mon cher et tendre se fout de mes scrupules en me parlant des volte-face des hommes politiques, des magouilles des financiers, des fraudeurs fiscaux et des écolos qui roulent en 4x4 et ont des piscines privées. Il a raison. Moi aussi. On verra bien la suite, peut-être que ce billet va décider des mécènes émus…
Post-scriptum qui n’a rien à voir. Rien que la semaine dernière, en lisant « la Montagne », quotidien régional d’Auvergne, la dernière page consacrée aux faits-divers recélait : un père qui a pendu ses deux filles avant de se suicider, un autre qui a tué toute sa famille parce que sa femme le quittait, un garçon de dix ans qui a poignardé son père alcoolique menaçant sa maman enceinte et un écolier japonais qui a pris en otage sous la menace d’un couteau les passagers d’un bus sous prétexte que ses parents l’avaient grondé.
Ca fait beaucoup de pétages de plombs, non ? S’y ajoutent les deux pères qui ont oublié leur enfant dans leur voiture au soleil, causant la mort des deux. L’un est pharmacien, l’autre cadre chez AREVA. Un tel oubli, qui nous semble inconcevable, révèle la fragilité du cerveau humain, même chez des gens instruits.
Alors quand AREVA, justement, prétend que la sécurité dans les centrales nucléaires fait l’objet de toutes les précautions- ce que les dizaines d’incidents par an, dont quatre tout récemment infirment- on ne peut pas y croire. Parce que ce sont des hommes, justement, qui en tiennent les commandes. Dont le cerveau peut brutalement déconnecter, surtout si on diminue les effectifs par mesure d’économie et qu’on met sous pression ceux qui restent. Surtout si on fait appel à des sous-traitants moins bien formés que les agents EDF, en sélectionnant non pas le plus compétent, mais le moins disant, le moins cher.
Journaliste à ELLE lors du démarrage de la centrale nucléaire de Fessenheim (quand ils ont fait diverger le réacteur, comme on dit), j’avais fait un reportage avec les écolos qui campaient sur les pylônes, puis, objectivité oblige, une visite de la centrale. On m’y avait offert le grand jeu : gants, combinaison, protocole de précautions pour mettre la tenue, puis l’enlever sans toucher le moindre centimètre carré de tissu contaminé, etc.
« Etes-vous pleinement rassurée sur l’excellence de la sécurité, madame ?
- Presque, monsieur, si ce n’est que vous avez oublié une chose… »
Silence angoissé des ingénieurs. « Vous avez juste oublié de me demander si je n’étais pas enceinte ». (Une femme enceinte ne doit pas risquer la moindre contamination radioactive, dangereuse pour le fœtus). Je les ai rassurés, je n’étais pas enceinte, mais ce tout petit oubli montrait simplement qu’ils ne pensaient pas à tout, contrairement à ce que la propagande pro nucléaire de l’époque prétendait.
Aujourd’hui où on veut faire passer l’énergie nucléaire pour une solution écologique sous prétexte qu’elle ne produit pas de CO2 (mais elle participe au réchauffement climatique via les vapeurs et les eaux de rejet) il n’est pas inutile de rappeler que l’humain n’est pas infaillible, surtout à une époque où les troubles psychiatriques sont devenus la première cause d’appel aux urgences et qu'un accident comme Tchernobyl, résultat d'une accumulation d'erreurs humaines, pèse encore sur la santé de milliers de personnes.
Les images, sans rapport avec le texte, sont juste destinées à faire joli dans ce billet un peu rude pour l'été :)