La femme avait un poids stable, grâce à une alimentation équilibrée et une activité physique qui brûlait ce qu’il faut de calories. Rassurée quant à sa nature de « mince », elle décida de s'octroyer 1 biscuit au chocolat par jour, qui lui apportait à peu près 40Kcal supplémentaires, une paille[1]. Sauf que cela fait 14 600 Kcal au bout d’un an, soit 1,6kg de graisse. (1 gramme de graisse= 9 Kcal) Prendre 1,6kg en un an, c’est quasi invisible. Mais au bout de dix ans, la dame avait pris 16 kilos sans comprendre comment! Le nutritionniste qui m’a raconté cette histoire concluait : "Mieux vaut quelques orgies ponctuelles de sucres et de graisses que l'ingestion quotidienne d'un petit gâteau..." Mieux vaut un choc psychologique ponctuel que des petites agressions quotidiennes qui détruisent la santé, mais nous admettons ces dernières parce qu’elles semblent au départ indolores.
Il y a plus de trente ans que les écologistes dénoncent les abus d’engrais et pesticides dans l’agriculture. Au début, ces produits étaient utiles. Mais bientôt, la publicité et les modes d’emploi qui les garantissaient « sans risques » ont poussé les paysans à augmenter les doses, sans davantage d’efficacité, au contraire. Ces produits ont pollué les sols et les eaux de substances toxiques. Il y a des années que les Bretons boivent de l’eau en bouteilles, parce que leur eau du robinet est régulièrement impropre à la consommation, comme dans les pays pauvres.
Il y a des années que les algues vertes prolifèrent sur les côtes bretonnes à cause des excès de l’agriculture intensive, mais cela restait indolore. Pas très esthétique, parfois un peu nauséabond, mais quand on est habitué à l’odeur de lisier des porcheries, on supporte tout. Sauf qu’après tant d’années où certains tiraient en vain la sonnette d’alarme, voici que les algues se révèlent toxiques, voire mortelles en raison de l’hydrogène sulfureux qu’elles dégagent en se décomposant.
Réaction du gouvernement : il va prendre en charge le nettoyage des plages ! C’est-à-dire les dégâts causés par un mode de production agricole dont on sait depuis des années qu’il faut en changer. Mais remonter à la racine du mal et l’éradiquer, pas question, ce serait remettre en cause tant de convictions productivistes et tant d’intérêts financiers !
Ce n‘est pas une surprise : quand la crise financière a éclaté, les gouvernements ont financé le « nettoyage » des pertes bancaires les plus voyantes, mais pas question de toucher au système qui a mené à cette gabegie.
Il y a des coupables directs, que tout le monde identifie. Et des responsables indirects : nous tous qui acceptons peu à peu des altérations inacceptables de notre qualité de vie, que ce soit au niveau sanitaire, social ou humain.
Entendu cette belle citation- dont je ne connais pas l’auteur, si quelqu’un sait ?- : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux, bien plus nombreux, qui regardent faire le mal sans réagir. »
[1] A ce propos, une étude citée par la Canard Enchaîné dit que Actimel fait grossir à cause des probiotiques qu’il contient, qui seraient des facteurs de croissance. Peut-être, mais il y a aussi le fait que ce produit est très sucré, et que certains, croyant se faire du bien, en avalent un par jour !