Mon oncle Michel a 83 ans. Il a connu la guerre de 39/45 et son père- mon grand-père- était dans les tranchées de Rocroy en 1914. Il y a 4 ans, Michel, en visite à Rocroy, a rencontré un allemand qui tournait dans un film sur la guerre de 14/18. Cet homme lui a raconté que son propre père minait les tranchées en 14, mais essayait toujours de prévenir les français que ça allait sauter, parce qu’il n’avait pas envie de tuer des types qui ne lui avaient rien fait. C’est drôle, car mon grand père nous a souvent raconté la même chose : chaque fois qu’il posait une mine, il essayait de prévenir les allemands pour qu’ils se mettent à l’abri.
Bref, ce 2 janvier, on bavardait et je ne sais comment, on en est venu à évoquer la pendaison de Saddam Hussein. Alors mon oncle, tout calmement, m’a dit :
« Tu vois, les dictateurs, il faut les punir, quoique les pendre ne sert pas à grand chose, ça ne ressuscite pas les victimes et ça ne dissuade pas les autres dictateurs. Mais si on pend un Saddam, on devrait pendre aussi les gouvernants qui décident les guerres. Car chaque fois qu’un chef d’Etat décide une guerre, il sait qu’il va tuer des milliers de gens brusquement qualifiés d’ennemis, et aussi envoyer au casse pipe des milliers de ses concitoyens. Ca n’est pas criminel, ça ? Envoyer se faire tuer des milliers de jeunes, rester au chaud puis se pavaner dans les défilés à la fin de la guerre ? »
Quelle connerie, la guerre, Jacques Prévert l’a déjà fort bien dit. L’intéressant dans la réflexion de mon oncle, c’est qu’elle vient d’un homme pas politisé pour deux sous, mais qui a vu son père partir (et revenir après 4 ans de souffrance, les seules années de sa vie qu’il aurait voulu effacer, pour le reste il était content de tout, heureux de vivre), que lui-même a connu les allemands- habitant Vichy, il les voyait de près ! - et qu’il considère à 83 ans que ces conflits qui font de deux peuples des ennemis qui s’embrasseront devant des monuments aux morts cinquante ans plus tard, que ces conflits donc sont des crimes et ceux qui les décident des criminels.
La vraie question reste cependant : pourquoi l’acceptons-nous ?
Pourquoi les peuples élisent-ils des despotes, voire des criminels ?
Pourquoi plus de 3000 américains ont-ils accepté de se faire tuer en Irak pour chercher des armes de destruction massives imaginaires ?
Comment les américains ont-ils pu réélire un président qui leur a menti ? Pourquoi les guerres sont-elles décidées par des gens qui ne la font pas, et faites par des gens qui ne les décident pas ?
Pourquoi espérons-nous qu’une élection peut «
D’où vient la soumission à l’autorité ?
Pour finir, un post que j’ai trouvé sur Cyberpresse :
Cette année, ma résolution pour 2007 est à la fois personnelle et politique : je vais désormais voter selon mes valeurs profondes, en suivant mon esprit ET mon cœur. Fini le temps où je votais en me pinçant le nez, me résignant à choisir le «moins pire» des candidats !
On se croirait en France, mais cela vient d’un canadien qui conclut :
Cette année, c’est clair, je voterai avec passion pour Québec solidaire. Et vous ?