Y-a-t-il une cohérence dans certains choix de vie, un fil directeur ? On dit parfois qu’un écrivain écrit toute sa vie le même livre, même s’il en publie 50 : celui de ses obsessions. Les miennes sont doubles : confiance et juste distance. Confiance en moi, confiance en les autres. Avec toutes les combinaisons à apprécier dans leurs conséquences.
Pas confiance en moi, pas confiance dans les autres : ça donne froid dans le dos. Impossibilité de communiquer, inhibition sociale, refus du risque de la rencontre. Au pire, ça peut virer à la parano : ne pas parler à un inconnu de peur qu’il vous veuille du mal. En oubliant que n’importe quel ami, la première fois qu’on lui a parlé, était un inconnu.
Confiance en moi, pas confiance dans les autres : au mieux c’est de l’individualisme, au pire de l’arrogance. Ou une prise de pouvoir. Qui vire vite à l’addiction, le pouvoir rend toxicomane. Et on finit par avoir besoin des autres pour exister. Et à déprimer quand on perd le pouvoir ou la célébrité.
Pas confiance en moi, confiance dans les autres : naïveté, et risque de dépendance parfois insidieuse. Comme ces amoureux (ses) qui disent à l’autre : « Tu DOIS m’aimer, puisque je t’aime. Risque de chantage affectif. Déception cruelle de découvrir que la solitude est le seul bien vraiment à soi.
Confiance en moi, confiance dans les autres : a priori un bon équilibre. Je peux aimer l’autre en confiance parce que, ayant confiance en moi, je n’en serai pas dépendant, je ne chercherai pas l’autre par peur de la solitude mais par goût de le (la) découvrir. Mais il faut trouver le bon équilibre entre les deux confiances.
D’où la deuxième obsession : la juste distance, applicable dans toute relation humaine. Entre l’addiction, qui rend le chômeur désemparé quand il a misé sa vie sur son travail (genre cadre des années 80 amoureux de son entreprise) et le (la) divorcé(e) persuadé(e) qu’il ou elle n’existe plus faute d’être « en couple », donc entre cette dépendance excessive et l’indifférence qui rend étrangers des gens qui se côtoient quotidiennement (disparition du lien social, de l’affectivité) il doit bien y avoir non pas un juste milieu, mais une distance capable de se préserver
Ces deux obsessions ramènent à l’écologie ( J ) Cette science de l’équilibre du milieu, n’est-ce pas justement l’étude des interdépendances et des individualités, qui permettent aux espèces de cohabiter en harmonie pour maintenir la vie,
Faut que j’aille boire quelque chose, là, sinon je vais fatiguer…
A propos d'obsession, un ami m'a envoyé des photos de plantes bio qui montrent que la nature quand on lui fout la paix est assez coquine ...