Week-end dans ma belle Auvergne, quel bien ça fait ! Sur le marché d’Aubière, dimanche, voir un vieux touiller consciencieusement un plat où mijotaient des andouillettes, plein d’oignons et du vin blanc, une sauce réduite, onctueuse et qui sentait tellement bon que séance tenante je me suis dit que j’allais faire la même de retour chez moi. Ce soir, j’ai jeté pêle-mêle dans une poêle une brassée d’oignons frais achetés sur ledit marché, bien émincés, du bon vin blanc, sel, poivre, un poil de 5 parfums, des herbes de Provence et, à la place des andouillettes, des cubes de jambon blanc qui, nature, auraient eu un air tristounet. Je ne vous dis pas le régal Sur le marché, il y avait écrit à côté de la marmite de truffade « cuit à l’ancienne dans la graisse ». Z’ont pas l’obsession du péché diététique, au moins… Des minots de deux ou trois ans jouaient dans la rue
La veille à Paris, j’avais eu un échange avec un vieux pote, pervers désabusé. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est lui. Pervers, parce qu’il explore le sexe depuis des années
Le pervers, expliquait un jour une psy, est toujours désabusé parce qu’en fait, il n’aime pas le sexe, il n’aime pas sa ou ses partenaires. Il n’aime rien, même pas lui. C’est à peine s’il jouit, il ressent juste l’excitation du moment, excitation si vite retombée qu’il lui en faut un peu plus la fois suivante, pour la même déception ensuite. Trip, flash, descente. Un scénario de toxico. La différence entre pervers désabusé et érotomane joyeux ? Le second s’amuse, jouit de la découverte de l’autre, trouve rigolo d’être galopin et s’intéresse finalement peu à la technique et davantage aux personnes. C’est de la gourmandise, pas de la dépendance. La différence est dans la convivialité. Tant que ça reste festif, pas de danger.
Mais quand on sent seul même en partouze, seul même si on est dix à boire ou à fumer, seul quand on fait du bruit autant qu’il est possible… quand le lendemain est une éternelle gueule de bois, le plaisir devient pervers, et le pervers désabusé.
Photo du bar "Pierrick Bourgault" in "Bars du Monde"