Les copains, j’ai plein d’idées, comme Gotlib dans la rubrique-à-brac que les moins de 20 ans devraient tous lire, c’est une encyclopédie, une Bible et une source de fous-rires inextinguibles. Plein d’idées de billets, donc, nées au fil des conversations entendues ça et là dans mes périples vacanciers. C’est pour cela que j’aime les bistrots de campagne, les apéros en famille élargie, les discussions au clair de lune… Ca sent bon le foin coupé, le vin robuste, la viande grillée au feu de bois et l’air tiède des soirées d’été si rares où on peut se passer de petite laine jusqu’à plus de minuit.
Les gens se saluent paisiblement et échangent des recettes, des idées de promenades, des kilos de fruits cueillis dans leur jardin On touche la vie au lieu des touches d’ordinateur. Les échos de vacances sont unanimes : le bonheur et les bonheurs simples font tant de bien qu’on se demande pourquoi on vit si mal le reste de l’année. Question importante car pour changer le monde, vivre mieux et préserver un peu plus longtemps les ressources de la planète, il est salutaire de réaliser que moins consommer et ralentir son rythme de vie loin des compétitions imbéciles et de la course à une croissance illusoire ne signifie pas vivre moins, au contraire.
A propos de compétitions imbéciles, la façon dont les journalistes et même son entraîneur traitent Yannick Agnel « d’intello » parce que ce garçon a eu mention Bien au bac, cite Montesquieu et apprend le russe avec plaisir est particulièrement imbécile. Il paraîtrait même que son entraîneur considère que cette image de marque pourrait lui nuire. Un sportif de haut niveau devrait-il être systématiquement décérébré ? Si oui, on comprend mieux les salaires démesurés des footeux, mais j’avoue préférer l’élégance des nageurs. C’est fluide, c’est puissant, c’est esthétique…
Comme d’habitude en été, le moindre bourg ou village foisonne d’activités culturelles qui montrent ô combien le patrimoine et l’histoire de France sont une richesse. Histoire que de doctes professeurs se demandent comment enseigner aux jeunes qui, comme chacun sait, sont ignares et totalement désintéressés par le passé de leur pays. Qu’ils aillent faire un tour dans les châteaux qui organisent des expositions et des spectacles, ils verront des gamins passionnés par le Moyen-Age demander des précisions sur les chevaliers et les guerres de religion, des jeunes s’inscrire à des chantiers où l’on rénove les lieux historiques selon des techniques traditionnelles pour lesquelles ils se passionnent. Voir de près ce patrimoine, toucher des outils traditionnels, entendre des musiques du 17ème siècle jouées avec les instruments d’époque, goûter des recettes d’autrefois, se costumer… familiarise avec l’histoire mieux que n’importe quel manuel ou DVD.
A Paris, je suis passée pendant 28 ans à côté d’un paradis sans le voir, honte sur moi. « Le Paradis », c’est un petit restaurant fondé par Georges- aujourd’hui disparu- puis repris par le fils avec toujours la maman aux fourneaux. Accueil chaleureux, sangria de bienvenue, cuisine familiale tout à fait correcte, menu du jour à 8 € avec entrée, plat et dessert, sans oublier le couscous quotidien qui commence à 7 € (couscous légumes) pour aller jusqu’au royal à 12 €, sourire inclus. Des prix qu’on n’imaginait plus possible à deux pas de Montparnasse. Résultat : une foule d’habitués et un établissement qui fonctionne malgré la crise, ouvert 7 jours sur 7.
Pour ne pas troubler la quiétude estivale qui ne durera que jusqu’au 16 août, je garde donc mes billets caustiques pour la rentrée, il y en aura. Car bien que le départ du malfaisant dont tout le monde a oublié le nom m’ait à la fois grandement soulagée et privée de sujets d’indignation, le monde est loin d’être devenu idyllique pour autant. Mais pour l’instant, je me tiens une flemme, une flemme… bienfaisante.
Toutes les photos, sauf celle du paradis, ont été prises à Verneuil en Bourbonnais, (proche de St Pourçain sur Sioule). Dans ce village médiéval, l’Association des amis du vieux Verneuil a réalisé une exposition consacrée au gemmail, art du verre feuilleté et du vitrail sans plomb ouverte jusqu’à fin août chaque après-midi. Egalement à Verneuil une collection d’épouvantails qui ponctuent la promenade.