http://www.youtube.com/watch?v=OZIvrvl8gRo
Les vacances sont vite oubliées. Dès hier, enregistrement d’une émission pour France-Inter « Un homme, une femme, un café, l’addition » présentée par Laurence Garcia (diffusion prévue le dimanche 9 août de 1Oh à 11h, sauf avis contraire). Invités : Patric Jean, cinéaste belge qui se qualifie de « proféministe » considérant que seules les femmes ont le droit d’être féministes, les hommes pouvant juste les accompagner sur ce chemin. Ce distingo m’a étonnée, d’autant plus que Patric n’a eu de cesse d’affirmer que homme et femme, c’est pareil, qu’il n’y a aucune différence biologique et que seuls les conditionnements sociaux et politiques ont abouti à « la domination masculine » titre de son documentaire qui sera diffusé en France et en Belgique en novembre 2009.
Nous étions d’accord sur nombre de points : oui, malgré les progrès obtenus, les femmes restent minoritaires dans toutes les instances dirigeantes et moins payées à poste et qualification égaux (voyez : on doit dire égaux à côté de qualification –féminin- juste parce qu’il y a poste –masculin- et qu’en grammaire comme ailleurs le masculin l’emporte sur le féminin, c’est une monde et c’est immonde tout de même !) Oui, les tâches ménagères restent majoritairement effectuées par les femmes et oui, les femmes battues ou verbalement et sexuellement agressées sont une réalité.
Par contre, où je me démarque de Patric Jean, c’est dans sa culpabilisation permanente d’être un « mec » qui l’a fait s’excuser lorsqu’il m’a tenu la porte en sortant du café : « Voyez, a-t-il dit d’un air piteux, encore un réflexe de mec ». J’appelle ça un réflexe de politesse, et même si c’est par galanterie, je ne suis aucunement choquée par la galanterie, bien préférable à la goujaterie !
L’astuce terrible des hommes, c’est d’avoir persuadé nombre de femmes qu’elles trouveront le bonheur dans l’AAAAmûûûrrr, et que cet amour justifie tous les sacrifices, tous les renoncements, toutes les aberrations. Les machos brutaux ou grossiers ne méritent qu’une réaction : la fuite ! Or un nombre non négligeable de femmes affirment préférer les « vrais hommes » qu’elles décrivent comme des êtres dominants, protecteurs, gagnant plus qu’elles et possessifs ! Pire : voir dans le documentaire une femme expliquer qu’elle est battue est injuriée par son compagnon depuis 25 ans fait froid dans le dos ! Ce n’est pas à la seconde gifle qu’il faut s’enfuir et porter plainte, c’est à la première. Et même pas à la première gifle : à la première marque d’irrespect. Car l’irrespect d’un homme pour une femme, c’est comme tuer à la guerre : c’est difficile la première fois, ensuite il s’y fait très bien ( comme me l’ont raconté un certain nombre de combattants qui ajoutaient « c’est pourquoi il ne faut jamais commencer). « Ah oui, répondent certaines femmes, mais ce n’est pas facile quand on est amoureuse. »
Bien sûr que ce n’est pas facile, bien sûr qu’on peut se tordre de chagrin parce qu’on quitte un homme, bien sûr qu’on peut être angoissée de se retrouver seule… mais avec un homme méprisant ou brutal, la rupture sera inévitable tôt ou tard, et si elle arrive tard, se fera dans la haine, les larmes et parfois même les coups et la mort. Mieux vaut que ce soit tôt, lorsqu’on n’est pas trop abîmée, pas trop dépréciée, quand on a encore un peu confiance en soi. Or la seule façon d’avoir confiance en soi, c’est de s’estimer assez pour mettre très vite des limites à ce que peuvent se permettre les autres avec ou plutôt contre soi. Pas seulement les hommes amoureux, mais aussi les employeurs, les copains, et même certaines femmes encore plus machos que leurs compagnons. La passion qui écrase et détruit n’est pas de l’amour, c’est du mythe romanesque, une façon de combler un vide par un trop-plein hormonal.
Les hormones, Patric Jean ne voulait pas en entendre parler, estimant que virilité et féminité ne sont que des constructions sociales. Pourtant, c’est fascinant, ces molécules chimiques : un tout petit peu trop d’hormone thyroïdienne surexcite, un tout petit moins vous fait raplapla. Dans la revue « PREF », un transsexuel qui se pensait 100% homme dans un corps de femme s’est fait opérer pour ressembler physiquement à un homme. Il a dit dans son interview : « C’est quand j’ai eu les injections de testostérone que j’ai senti dans ma tête ce qu’est vraiment un homme. » Cette hormone donnait aux hommes préhistoriques l’agressivité nécessaire pour survivre dans un monde hostile. Elle devait servir à faire face aux prédateurs, pas à être brutal avec les femmes. Tout comme le cortisol et l’adrénaline permettent de réagir à un stress, mais doivent ensuite se calmer sous peine de provoquer des infarctus à ceux qui vivent constamment sous pression de ces hormones. Le problème n’est donc pas l’hormone, mais l’usage qu’on en fait…
De toutes façons, hommes et femmes sont biologiquement différents. L’un a un chromosome XY, l’autre est XX. Un chromosome de différence, c’est beaucoup de gènes dissemblables, au point que les généticiens disent qu’il y a plus de différences génétiques entre un homme et une femme qu’entre un homme et un singe. Ce n’est pas gênant, quand la différence biologique ne sert pas à établir une inégalité des droits. Je déteste les stéréotypes féminins et masculins véhiculés par les medias pour des raisons économiques et politiques. Cependant, à l’inverse de Patric Jean qui ne voit dans les hommes que des oppresseurs et dans les femmes des victimes, je crois, pour les explorer depuis des années, que les hommes sont profondément fragiles et que leur sexe et les attributs de force, de domination et de réussite qu’on y attache et qu’on leur impose peuvent aussi être pesants, même si les machos- à fuir, je le répète- y tiennent.
Bref, je suis persuadée que les hommes ont tout à gagner à une égalité économique, sociale et sexuelle entre hommes et femmes. Egalité ne signifiant pas identité. Je sais que le plus subversif dans « le lutinage » n’est pas d’affirmer qu’il est possible et sain d’aimer au pluriel- de plus en plus de gens le vivent- mais d’établir une égalité totale entre homme et femme sur ce plan aussi. D’ailleurs, combien de fois m’a-t-on traitée de « mec » à cause de mes idées… Et si depuis des années les journalistes m’interrogent inlassablement sur ma liberté amoureuse, ce n’est pas parce que je suis libre, c’est parce que je suis libre ET femme. Et j’y tiens, c’est stimulant…
Pour illustrer ceci, une petite chanson « Les z’hommes » de Henri Tachan en haut… et une chouette vidéo de Lauranne Simpère en bas, « Education féminine avec Barbie »
http://vids.myspace.com/index.cfm?fuseaction=vids.individual&videoid=55144082