VENDREDI dernier, découverte de « la petite Alsace » à Paris. Ces maisons ont été construites en 1912 par M. Walter, architecte de Montbéliard, pour en faire des logements sociaux. Elles forment un rectangle avec une cour centrale. Paisible. Presque 100 ans plus tard, les façades sont toujours pimpantes, les jardins entretenus par la Ville- il s’agit toujours de logements sociaux- et par les habitants dont certains habitent là depuis trois générations : « Ma grand-mère y est venue en 1917 et ma mère y est née, tout comme moi, nous dit une charmante dame de 73 ans. – Alors vous êtes allés à l’école avec vos voisins ? – Tout à fait, j’ai même sauté à la corde avec certaines voisines, quand nous étions gamines. » C’est un lieu modeste au goût de paradis, à 300m de la bruyante place d’Italie. Il y a des vélos devant presque chaque perron, attachés avec un antivol qu’on ouvrirait en éternuant. C’est dire si les habitants se font confiance. Preuve que lorsqu’on met des personnes dans un endroit agréable qu’elles peuvent s’approprier, elles le préservent et y vivent heureuses. Sans violence ni dégradations. « La beauté apaise, m’a dit un jour Jean-Marie Pelt, c’est pourquoi je ne comprends pas pourquoi on s’obstine à construire des cités HLM d’une laideur extrême, qui inspirent l’agressivité. »
SAMEDI, vide-grenier associatif. C’est l’occasion de retrouver des visages perdus de vue. L’occasion, aussi, d’évaluer tout ce qui traîne dans les maisons. Cette année, foultitude de jeux, jouets et vêtements. J’achète un pull à 2€, « porté une seule fois ». --Pourquoi l’avoir acheté ? -Il m’a plu, mais en rentrant chez moi j’ai trouvé que la couleur ne m’allait pas. Une femme brade 6 couverts (fourchettes, couteaux, petites cuillères) pour… 1 € ! Un barbecue pour 15 €, une imprimante TBE pour 10 €. A voir la masse d’objets utilisables et vendus pour presque rien, je me dis qu’en s’équipant et s’habillant uniquement dans les vide-greniers, on pourrait ne travailler qu’une ou deux heures par jour et économiser beaucoup d’énergie (à tous les sens du terme) et de métaux : dans un téléphone mobile, il y a la quantité d’or (et d’autres métaux rares) extraite dans 41 tonnes de terre par un mineur. Garder longtemps son mobile réduirait l’esclavage, le pillage des sous-sols et la pollution des nappes phréatiques par les produits chimiques nécessaires à l’extraction. Si vous avez manqué : « Zambie, à qui profite le cuivre », excellent documentaire diffusé mardi 31 sur France 5, il y a une session de rattrapage le 6 juin à 0h11, ou sur www.pluzz.fr/zambie--a-qui-profite-le-cuivre--.html (et vous y ferez connaissance d’Anne-Sophie Simpère, fille de…)
DIMANCHE, passé plusieurs heures à Bastille, avec les indignés de « Réelle démocratie ». Un couac, quand un jeune homme prend le micro « j’ai milité au parti communiste révolutionnaire », et se fait huer « Ouh ! Ouh ! Apolitique, apolitique ! » et ne peux pas placer un mot de plus. Je fais remarquer à mon voisin que se rassembler pour élaborer ensemble un cahier de propositions en réaction au capitalisme sauvage qui confisque la démocratie est un geste éminemment POLITIQUE, et que d’ailleurs, politique n’est pas un gros mot. Enfin, la démocratie exige qu’on écoute tout le monde, même si on n’est pas d’accord. La réaction de cette foule majoritairement jeune, c’est le résultat de 20 ans de propagande sur les thèmes « Tous pourris ! » « Les idéologies sont mortes » « l’abstention est le premier parti de France » « seul le libéralisme fonctionne »…. Plus l’a-culture qui empêche de voir que ce qui est dénoncé- pauvreté, précarité, oligarchie, argent fou …- relève de la logique d’un système et que sans s’attaquer à cette logique, on ne changera ni le monde ni la vie. Cela étant, qu’est-ce que ça fait plaisir de voir ces indignés redécouvrir les vertus de l’action collective et se fabriquer un espoir après des décennies de dérision « no future » et « moi d’abord ». A eux de transformer l’essai…
LUNDI : relecture d’épreuves. Réunis en un seul volume, « Le jeune homme au téléphone » Les latitudes amoureuses » et « Ce qui trouble Lola » seront en librairie dès la première quinzaine de juillet. En les redécouvrant je m’aperçois ô combien l’érotisme a une dimension politique, libertaire et pour tout dire anarchiste… Ce qui ne l’empêche pas d’être aussi bien troublant J Pour me reposer de la traque aux coquilles, je visionne le portrait de Jean-Luc Melenchon qui a été diffusé sur LCP et que j’ai loupé.
http://www.lcp.fr/recherche/la%20mecanique%20melenchon
Cet homme est infiniment plus intéressant que ce qu’en montrent les « grands medias ». Il a une dimension humaine et une vraie culture historique, avec le sens de la formule :
« Une société où un petit nombre se gave sur le dos d’un grand nombre signifie que le plus grand nombre est d’accord ou résiste mollement. Qu’on lui fait croire que cet « ordre » est naturel »…Autrefois c’était par le biais de la religion, aujourd’hui par le fun (« pas de prise de tête ») et par la publicité qui véhicule des messages politiques via des valeurs capitalistes de consommation.
« La seule limite à l’exploitation, c’est la résistance à l’exploitation ». (Celle-là, je l’aime bien !)
PS: A la question le buzz existe-t-il? La réponse est "NON"! En tout cas pas pour ce blog où j'ai eu moins de visites que d'ordinaire :( . Un internaute m'a dit qu'il ne ferait pas fonctionner le buzz car il est contre la pub, et m'a fait remarquer que la majorité des lecteurs de ce blog étant dans cette mouvance, je risquais d'être déçue... ) D'autres m'ont dit que le buzz nécessite des outils pour être efficace (Lesquels? Mystère). Ou alors, comme je le subodorais, le buzz est un appât: on fait croire au "buzz" pour susciter la curiosité et attirer le chaland. Ce que disait Andiamo en commentaire...
Cela étant, si vous souhaitez commander des livres sur autresmondesdiffusion.fr dépêchez vous de le faire avant vendredi, car le site sera ensuite en travaux, et connaissant l'enthousiasme du maçon webmaster, ça risque de s'éterniser.