J'avais parlé, ici, de trois jeunes diplômés de retour d'un voyage d'un an en Amérique Latine. Ils y avaient étudié les expériences d'économie solidaire- notamment les monnaies alternatives et sociales- puis avaient créé en France l'association TAOA « there are others alternatives ». pour promouvoir d'autres formes d'échanges économiques que le capitalisme. Un an plus tard, le voyage n'est pas oublié, ni relégué au rang de super souvenir. Deux des trois protagonistes, Anne-Cécile et Matthieu, continuent de porter la « bonne parole » auprès des collectivités locales pour monter des projets financés par des monnaies alternatives, auprès des citoyens pour les inciter à agir sur leur économie quotidienne (par exemple dans un Jardin urbain) et dans les écoles pour apprendre aux gamins les bienfaits du troc et de l'échange plutôt que des jouets achetés et jetés aussi compulsivement. Ils travaillent en réseau avec les SEL, SOL et autres associations qui promeuvent un peu partout un modèle de société plus sobre et plus solidaire, où il fait bon vivre.
Si vous êtes enseignant, parent ou éducateur intéressés par cette démarche, n'hésitez pas à contacter Matthieu ou Anne-Cécile.
Ailleurs dans le monde se passent, discrètement mais efficacement, des milliers de « révolutions tranquilles » : des citoyens refusent les multinationales de l'eau et reviennent aux régies municipales nettement moins chères, en Inde et en Afrique, des femmes apprennent à d'autres femmes à fabriquer, réparer et entretenir des fours, des lampes et des chauffages solaires, ce qui leur permet à la fois d'être énergiquement indépendantes et de créer leur propre boulot, aux Etats-Unis la ville de Detroit, sinistrée de l'automobile, revit, avec des jardins potagers, des librairies, des restaurants, des cinémas... créés et gérés par les habitants. Plus radicaux, des citoyens américains quittent
discrètement la société qui les a endettés et enlisés. Quand je dis « quittent », c'est à fond ! Ils disparaissent des fichiers administratifs, des comptes clients bancaires, de tout... et se débrouillent pour vivre comme des robinsons. Moins radicaux, des millions de gens changent doucement de façon de vivre, mettent en commun leurs savoirs, créent des centres de soins, montent des sociétés coopératives de production (SCOP) qui marchent d'enfer, tandis que certaines entreprises en difficulté sont sauvées par leurs salariés en devenant des SCOP. Des paysans adoptent la permaculture et autres techniques permettant d'avoir d'excellents rendements sans OGM ni intrants chimiques. Même la FAO (Food and Drug Administration) reconnaît que cette agriculture là a plus de chances que l'agriculture intensive de nourrir les milliards de terriens - sans les empoisonner ni leur fourguer des cancers.
Acheter et cuisiner bon, bio et local- c'est aussi le pari du « Plan B » qui vient d'ouvrir une cantine de ce type à prix étudiant et qui, sachant que la nourriture intellectuelle est également primordiale pour être heureux, organise des spectacles et des animations plusieurs fois par semaine. Si vous passez à Poitiers, allez les voir, ils sont super sympas !
Et le plus surprenant, c'est que tout ceci se passe quasiment au nez et à la barbe des politiciens, des décideurs économiques et des journalistes... tout ce très petit monde continuant à raisonner et disserter pompeusement avec des schémas d'une autre époque, dépassés... tandis que « les vrais gens » comme ils disent, ont déjà inventé d'Autres Mondes plus souriants. (devise des éditions Autres Mondes:)