Mon cher et tendre et moi sommes des fans du "Concombre Masqué", BD potagère et hilarante. Depuis des années, ça le tenaillait, l'envie de créer un potager. Avec la crise, il se fit péremptoire: "Si tu cultives tes légumes et élèves trois poules, ta survie est assurée, quel que soit le krach boursier, et au moins tu manges sain". Argument libertaire et écolo qui ne pouvait que me toucher.
On a commencé l'an dernier avec quelques tomates cerises et des concombres, plus, évidemment les herbes aromatiques en tous genres et des plants de salade. A ce propos d'ailleurs, si les puristes distinguent les salades qui pomment qu'il faut cueillir rapidement pour pas qu'elles montent, et les salades "à couper" qu'on récolte feuille à feuille au fur et à mesure des besoins, nous nous sommes aperçus à l'expérience que la batavia, la romaine et la feuille de chêne deviennent des salades à couper et qui ne montent pas, pour peu qu'on en récolte régulièrement quelques feuilles. Pour aller plus loin, l'enjeu était de taille: jardin tout petit de pavillon de banlieue, avec un côté pelouse et fleurs et un autre graviers et coin à manger. Où caser un potager dans une si petite surface? En coupant en deux la pelouse, devenue triangulaire, et en installant des carrés sur le toit du garage et des pots sur le gravier. On a de la chance: la terre et bonne, quelques sacs de terreau en plus (et bientot le compost qu'on mijote depuis un an!) l'ont rendue toute guillerette, l'alternance pluie et soleil- beaucoup de pluie, effectivement- si désagréable pour le citadin mais si délicieuse pour les jeunes plants a fait le reste.
Après quinze jours d'absence en Grèce, je n'ai pas reconnu le mini-potager de début juin. Ca pousse, ça promet des tomates d'ici deux mois, bientôt des fèves, des pommes, des framboises, des aubergines... mais d'ores et déjà les salades sont en pleine forme et les courgettes aussi. La courgette, faut dire, ça abonde. En même temps que sur les marchés où elles ne sont pas chères du tout en pleine saison. Ce n'est donc pas une question d'argent, mais de plaisir.
En sortant du train de banlieue, cueillir dans son jardin une courgette ferme et qui a du goût et de la salade craquante qui n'a connu aucun engrais ni traitement (les coccinelles et les oeillets d'Inde étant censés nous débarrasser des pucerons) tout ça à dix minutes de Paris, est un plaisir ineffable, le sentiment d'échapper à la dépendance au Monop' d'à côté pour se nourrir, vu qu'on a aussi en réserve de la viande de petite vache bretonne élevée par ma belle-soeur, sans véto, sans antiobio, juste à l'herbe. Et en plus, c'est détendant de cueillir des choses qui se mangent...
Restent les poules... dont la cohabitation avec deux chattes et le destin en cas de départ en vacances prolongées nous fait encore hésiter...