"Quand j'entends les nouvelles et que je vois la misère qui défile dans mon bureau, me disait un élu de droite tendance humaniste, ça me donne envie d'une balle dans la tête ou d'une bonne bouteille. Jusqu'ici, j'ai choisi la bouteille..."
De fait, rien qu'en une semaine, entre le retour des fafs et de leur violence criminelle, la fermeture de la TV grecque (mesure qu'avait préconisé Aube dorée, parti néo-nazi grec), les escrocs en bande organisée qui ont le pouvoir politique ou économique, la fraude fiscale omniprésente, une usine de 850 personnes qui ferme encore ses portes, la Turquie qui s'embrase tandis que la Syrie va toujours si mal, Big brother qui nous épie- Salut Barak, salut la NSA, bonjour la DGSE! - il y a de quoi avoir le moral dans les chaussettes.
Dans le même temps, je suis allée voir un ami hospitalisé, nous avons bu un verre dans le jardin de l'hôpital, il faisait beau, il allait mieux... Dans ma boîte, une lettre adorable de lectrice qui justifie à elle seule que j'écrive. J'en ai accueilli une autre (lectrice) deux heures chez moi, pour qu'on se connaisse autrement que par mail. Retrouvé le soir des polyamoureux que je vois non pas tellement pour parler de ce sujet, mais parce que ce sont des personnes bienveillantes, réfléchies, joyeuses et à l'écoute et que ça fait un bien fou. Dans la forêt de Meudon, les oiseaux s'en donnent à coeur voix, la terre mouillée embaume. Lorsque je ferme les yeux en plein bois, le bruit atténué de la circulation sur la N118 ressemblerait presque au bruit de la mer au fond d'un coquillage. J'ai déposé des coccinelles sur mes pommiers puceronnés et regardé sur le gravier un parterre de pétales de roses emportés par le vent, roses qui sentent... la rose ancienne, parfum délicieux et délicat.
Mon fournisseur de matériel de bureau s'est mis en quatre pour imprimer rapidement mon manuscrit, j'ai pu l'envoyer avant le week-end à un éditeur éventuel. Au marché, le marchand de légumes n'avait plus de persil à offrir, à la place, il m'a donné deux beaux citrons. Le Parlement Européen vient enfin de voter pour la transparence des entreprises extractrices. Si cette loi est correctement appliquée, les multinationales qui exploitent les minerais, pétrole, pierres précieuses.... des sous-sols de pays pauvres, ne pourront plus prétendre n'avoir rien gagné et devront reverser à ces pays une part du profit réalisé. L'économie sociale et solidaire qui faisait figure d'aimable utopie il y a encore quelques années, représente aujourd'hui 10% du PIB et près de 2,5 millions d'emplois dans lesquels les salariés sont motivés, correctement payés et associés aux décisions, avec un plus: ces entreprises vont bien! Quant à la baisse de la croissance, il est bon de savoir qu'elle est en partie due à la baisse du nombre d'accidents de la route. Un responsable de la prévention routière me l'avait dit avec un certain cynisme: "Les accidents sont une activité économique importante (frais d'hôpital, carrossiers, industrie automobile, prothèses médicales, obsèques, assurfances...) En dessous de 4000 morts par an, cela pèsera sur notre taux de croissance." On y est, et c'est une "décroissance" plutôt réjouissante. Tout comme je me réjouirais ô combien quand la prévention permettra qu'il y ait de 30 à 40% de cancers en moins, même si cela nous vaut de perdre un ou deux points de croissance et fait pleurer les laboratoires qui commercialisent les traitements anticancéreux.
Nombre de gens disent actuellement "dans ma vie, ça va à peu près, mais quand je regarde le monde autour, je déprime". Mais ce monde que nous regardons est celui que transmettent les medias classiques ou nouveaux, dont la vocation a toujours été de parler davantage des trains qui déraillent que de ceux qui arrivent à l'heure, des exactions des hooligans plutôt que du sourire gentil de Nadal félicitant son adversaire malheureux et remerciant tout le monde de l'avoir aidé à gagner.
Le cumul des mauvaises nouvelles- sans les bonnes pour équilibrer- a de quoi conduire les peuples à la déprime.L'ami hospitalisé me disait: "comme je n'ai pas grand chose à faire, je regarde la TV, ce que je fais rarement chez moi, et je suis frappé par la violence qui y règne. Violence dans les infos, de surcroit en boucle avec les chaînes d'infos continues (sur nos écrans, les Twin Towers sont tombées au moins 450 fois depuis le 11 septembre 2001) violence dans les fictions où dominent les séries policières, les téléfilms angoissants, violence des émissions du genre "Faut-il avoir peur de..." la liste des choses effrayantes étant quasi illimitée, et du terrorisme sécuritaire qui s'apesantit lourdement sur les dangers courus dès qu'on sort de chez soi, mais omet le fait que la majorité des gens ne meurent pas dehors et que la majorité des enfants maltraités le sont chez eux!
La violence à jet continu rend effrayé, résigné, voire dépressif. C'est pain béni pour les maniaques du contrôle social. Quand la vie est présentée comme un danger permanent, les peuples ne se révoltent plus, ils veulent un sauveur et des lois pour tout baliser. C'est pourquoi je ne peux m'empêcher de penser que ce matraquage incessant de nouvelles démoralisantes (ça ne veut pas dire qu'elles sont fausses, ça veut dire qu'elles occultent les faits positifs qui pourraient donner de l'espoir et dynamiser les gens) ce matraquage, donc, n'a rien d'innocent ni de fortuit.
"Qui préfère la sécurité à la liberté ne mérite ni l'une ni l'autre et aura tôt fait de perdre les deux," disait pourtant en substance Benjamin Franklin.
Pourquoi un chat ici? Parce qu'il est le seul animal totalement libre, qui refuse de travailler et se fait servir par ses prétendus maître ou maîtresse.