L’anxiété provoquée par un flot continu d’informations négatives contre lesquelles on a le sentiment d’être impuissant constitue ce que le Pr Henri Laborit appelait « inhibition de l’action ». Elle est à l’origine de troubles mentaux, maladies cardiovasculaires et cancers. En effet, le stress qui en résulte perturbe l’équilibre psychique, augmente le taux de cortisol et d’adrénaline (hypertension, arythmie cardiaque) et altère les défenses immunitaires, rendant l’organisme incapable d’éliminer les cellules cancéreuses qu’il fabrique.
On me dira qu’il faut 15 ans pour développer un cancer et que leur augmentation n’a donc rien à voir avec la crise économique. Certes, on verra ces cancers d’ici 15 ans. Mais ils augmentent depuis plus de 20 ans, malgré les campagnes anti-tabac, anti-alcool, anti-tout… Dans le film « Mon oncle d’Amérique », Laborit montre qu’un rat soumis à un stress meurt rapidement s’il se sent impuissant, alors qu’il survit s’il a une possibilité de réagir. Retrouver la maîtrise de sa vie, c’est bon pour la santé.
Trois réactions sont possibles :
Lutter de front : s’indigner, prendre la Bastille, casser la gueule à son patron, incendier des usines, manifester, faire la révolution, la guerre, couper la tête au roi. Efficace mais brutal et de portée limitée. Voir comme certains peuples éliminent un tyran pour se doter trois mois plus tard de dirigeants plus rétrogrades que le précédent.
Retourner l’agression contre soi : dépression, suicides, repli sur soi, drogue, alcoolisme, pétages de plomb. Fréquent- il suffit de lire les fait-divers- mais inefficace pour aller mieux, et décevant. Pourquoi se détruire par peur d’être détruit?
La fuite, prônée par Henri Laborit dans son livre « Eloge de la fuite ». Fuir, ce n’est pas forcément partir à l’autre bout du monde. Ce peut être tout simplement faire un pas de côté par rapport à la société. Rejeter les conditionnements des medias et de la publicité, se libérer de la consommation/ consommation, s’exprimer dans l’art, la culture, les rapports humains, s’offrir des plaisirs gratuits, considérer l’argent comme un outil d’échange et non un objectif, cesser d’avoir peur de l’Autre, des autres… C’est jouissif, ça déstabilise un système fondé sur la frustration et la compétitivité et c’est bon pour la santé.
TRES FACILE ET GRATUIT:
Renvoyer les courriers publicitaires dans les enveloppes T histoire de faire payer le port aux harceleurs. Mettre un « Stop-Pub » sur sa boîte à lettres.
Enlever ses sous des banques douteuses et les déposer dans une banque plus éthique (Nef, Crédit coopératif). Participer à des monnaies solidaires.
Echanger ses compétences (une heure de cours de yoga contre une heure d'aide juridique) via les réseaux d’échanges genre SEL ou spontanément : on n’a pas forcément besoin d’une structure pour changer.
Masser ses ami(e)s et se faire masser par eux (elles).
Héberger et se faire héberger gratuitement (« couchsurfing », échange de logements)
Refuser les crédits à la consommation, qui emprisonnent et appauvrissent.
Garder son téléphone mobile, son ordinateur, sa machine à laver... tant qu'ils fonctionnent.
Faire du troc et des dons d’objets: il y a assez de biens dans ce pays pour équiper des millions de foyers sans bourse délier.
Se réserver des jours sans infos. Passer moins de temps sur les « réseaux sociaux », plus avec ses amis.
Parler à des inconnus sans crainte : la majorité des violences, viols et par définition incestes sont le fait de proches.
Refuser d'être joignable en permanence.
Comme au Québec, saluer le conducteur de bus et les passagers.
Sourire, chanter, respirer à fond, marcher aussi souvent que possible.
FACILE ET PEU COÛTEUX
Au lieu de passer au large ou de jeter une pièce sans rien dire, saluer le mendiant, parler un instant avec lui, lui offrir une boisson chaude en hiver.
Lire des livres en papier, écouter de la musique en live, peindre ou colorier avec des pinceaux et des crayons, modeler avec de la terre, bref, oublier de temps en temps le « clic » souris au profit des cinq sens.
Répondre n’importe quoi aux instituts de sondage, pour rendre leurs études inexploitables.
Inviter des copains chez soi au moins une fois par semaine, façon auberge espagnole où chacun participe.
Cultiver quelques légumes dans son jardin ou sur son balcon
Soutenir les artistes et associations qui s’autoproduisent, les petits labels, les éditions indépendantes, les vrais libraires, les AMAP, bref tout ce qui fait un pas de côté par rapport à l’économie dominante.
CHANGER LE TRAVAIL
Inspecteur des impôts : vérifier en priorité les gros contribuables (hélas, pour les très gros, il faut l’autorisation de la hiérarchie)
Inspecteur du Trésor : accorder des délais de paiement en cas de rappel.
Agents de fournisseurs d’eau, électricité, gaz : éviter de couper les compteurs des familles en difficulté.
Travailleurs sous pression : ralentir la cadence, refuser la gestion par le stress, ne pas répondre à un ordre aboyé, organiser une pause repos générale en cas de fatigue (on peut licencier un travailleur qui se couche par terre, mais pas les licencier tous !)
Pour tout le monde, et en particulier les policiers : refuser tout texte discriminatoire, raciste ou sexiste, ils sont illégaux.
Attaquer les entreprises qui arnaquent, refuser de travailler pour rien ou presque, saisir les Prud’hommes, devenir au besoin procédurier.
Ce ne sont que quelques pistes, la liste ne demande qu’à être complétée.
Quiétude en plein Paris...
Jouez avec Autres Mondes: jusqu'au 10 janvier, un quizz peut vous permettre de savoir ce que sont devenus Harro Baz et Marie Sirtaki, de lire un conte inédit de Micheline Maurel et de gagner un exemplaire de "Autres désirs, autres hommes." (cf colonne de droite)