Le scandale du double salaire de Henri Proglio a mis le feu aux poudres et le buzz sur Internet si bien que le susdit a dû renoncer à ce double salaire tout en gardant sa fonction de PDG de Veolia. Ce qui équivalait à travailler gratos chez Veolia ? Que nenni, car il a négocié un salaire de président d’EDF 45% supérieur à celui de son prédécesseur, lequel ne pointait déjà pas aux Restos du cœur. Mais au-delà de ces questions d’argent toujours irritantes, ce que dessinait l’idée de mêler les destinées d’EDF et Veolia, c’est une privatisation progressive EDF via un PDG très libéral et proche du pouvoir. Dans cet im-Proglio politico-économique est en œuvre la même logique, qui a déjà livré une partie de GDF et abandonné les autoroutes au privé. Or un Etat qui se défait de ses moyens de communications et ne contrôle plus l’eau et l’énergie devient infiniment vulnérable. En temps de paix, mais encore plus en cas de guerre…
Le statut d’auto entrepreneur a suscité la création de milliers d’entreprises individuelles « en un clic sur le Net ». Sauf qu’une majorité de ces entreprises ont une durée de vie éphémère et laissent l’auto entrepreneur au chômage sans aucune indemnisation, puisqu’il était travailleur « indépendant ». Sauf que de plus en plus d’entreprises détournent le statut d’auto entrepreneur pour ne plus payer de charges sociales et laisser celles-ci entièrement à la charge de travailleurs qui devraient être payés en salaires, même pour un contrat ponctuel. Lu dans une annonce de recrutement de journalistes pigistes : « le paiement de votre travail est subordonné à la condition que vous ayez un statut d’auto entrepreneur. » C’est illégal : depuis la loi Cressard de 1974, les journalistes pigistes sont des « salariés à employeurs multiples » devant bénéficier des mêmes droits que les autres salariés. Progressivement, comme les murs rongés par la pourriture, le Droit du travail disparaît…
L'Organisation mondiale de la Santé sera sur la sellette au Conseil de l'Europe lors d'une audition sur sa gestion de la "pandémie" de grippe H1N1 et sa transparence. Epidémiologiste très critique à l'égard du traitement contre le virus H1N1, faussement qualifié, selon lui, de pandémie "sous la pression de laboratoires", le Dr Wogard, un socialiste allemand, veut savoir sur quelles bases scientifiques l'OMS a décrété qu'il s'agissait d'une pandémie. En France, une Commission d’enquête sur la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1) devrait prochainement voir le jour. Sauf qu’il a fallu attendre des mois et des millions d’euros ou de dollars gaspillés au détriment d’autres dépenses de santé, pour se poser officiellement ces questions, alors que tant de médecins de terrain et de citoyens lambda le faisaient depuis des mois. Tout comme pour l’amiante. Tout comme on le fera peut-être un jour pour les ondes électromagnétiques.
Des immigrés clandestins débarqués en Corse sont remis en liberté parce que la procédure n’a pas été respectée. On rigole de cette bévue manifeste… Sauf que Eric Besson veut « revoir la loi pour les cas d’urgence » selon le mécanisme bien connu « la loi ne me plaît pas, je la change ». Certains immigrés ont un statut kafkaïen : « non expulsable (pour des raisons d’asile politique, guerre, etc) /non régularisable (pour des raisons d’objectifs du ministère de l’immigration : plus de 25 000 reconduites à la frontière par an, Riquet, faut les trouver !) Ces gens là sont condamnés à vivre dans la clandestinité et la peur, rejetés par les bonnes gens persuadés que l’étranger vient pour piquer leur boulot, baiser leur femme et profiter des allocations familiales. Sauf qu’aucun individu ne quitte son pays de gaieté de cœur, dans ces conditions souvent épouvantables. S’ils le font, c’est qu’ils n’ont rien à perdre. S’ils avaient un peu à perdre, ne serait-ce que des conditions de vie décentes et une possibilité de vivre en paix avec leurs proches, ils resteraient chez eux. C’est tout l’enjeu du développement et du commerce équitable- pas marginal, généralisé- qui ne devraient pas dépendre de la générosité des individus et associations, mais des gouvernants désireux de réduire les conflits et la violence. Sauf que la guerre est une activité économique prodigieuse, et la violence, l’insécurité, un argument électoral.
Photo de Lars Stephan qui n'a rien à voir avec le sujet, mais après un billet pareil, j'avais envie d'un petit plaisir.