Coucou, me revoilou ! Ca fait du bien d’être loin du vacarme et de retrouver des sensations simples : manger, dormir, bouger, écouter…
Devinette : dans quel pays voit-on affichée cette inscription dans les boutiques : « avant d’acheter un objet posez-vous trois questions : en ai-je vraiment besoin ? A-t-il été produit sans dommages pour l’environnement ? A-t-il été produit sans exploitation du travailleur qui l’a fabriqué ? Et dans quel pays la policière de service, lorsque vous vous arrêtez pour lui demander votre chemin répond-elle : « C’est simple mon cœur (mi corazon) tu continues tout droit, tu tournes… (etc) » et vous fait un signe gentil de la main lorsque vous repartez ?
C’est à Cuba. Cette île est un paradoxe : vue de l’extérieur, à travers ce qu’on lit dans la presse occidentale ou ce qu’en disent les exilés cubains, ce n’est qu’une épouvantable dictature. Vue de l’intérieur- une cousine y a vécu 6 mois, des amis québécois y vont chaque année depuis des lustres, le fils d’une amie y a vécu deux fois cinq mois et j’y suis allée en 1986, 2002, 2004 et juste maintenant- la réalité est beaucoup plus nuancée.
Oui, c’est un régime autoritaire avec un parti unique, un système qui ne s’intéresse qu’au bien-être collectif et ignore les aspirations individuelles (encore que ce soit en train de changer , il y a de plus en plus de petits commerces et d’arti sans à leur compte, autorisés par le régime.) Oui, les tracasseries administratives pour qui veut épouser un étranger ou quitter le pays sont innombrables et stupides : les cubains vivant chez eux aiment leur pays, sont fiers de leurs réussites et restent très attachés à Fidel même s’ils le critiquent aussi. Ce dernier aurait tout intérêt à les laisser devenir les meilleurs ambassadeurs de son système. Car c’est aussi un régime qui a mis à la portée du plus grand nombre l’éducation, la santé, la culture, l’art et un bien extrêmement précieux : la fierté d’être Cubain, quand tant de peuples métissés ont honte de leurs origines et ne se remettent pas de leurs antécédents d’esclaves.
« Tout de même, ai-je dit à une cubaine francophone, vous ne trouvez pas dommage que certains de vos médecins aillent travailler dans le tourisme parce qu’ils y gagnent plus qu’en restant à l’hôpital ? Quel gaspillage de les avoir formés bac + 7 (ou l’équivalent) et de gâcher cette formation dans un petit boulot. »
C’est alors que j’ai pensé à ma fille aînée, brillantissime étudiante bac + 7, qui vient de travailler 4 mois et demi à l’UNESCO pour… 0€ par mois : « notre éthique nous interdit de payer des stagiaires » lui a-t-on répondu pour toute explication. L’UNESCO pousse le souci de l’éthique jusqu’à lui avoir fait payer sa cantine : 3,90€ par jour ! Quand on pense aux masses d’argent que brasse cet organisme international, on croit rêver. Est-ce cela l’éthique ? Ne pas payer les gens qui travaillent… Une éthique en plein essor en France : des stages payés entre 0 et 300 € par mois, les jeunes diplômés en trouvent à la pelle. C’est quand ils souhaitent au minimum un SMIC que les portes se ferment. Il y a en France 12 millions de bénévoles, dont plusieurs milliers à temps plein pour animer les associations ou les clubs de sport : encore des gens qui bossent gratuitement. Et pas mal d’étudiants bac + 5 ou 7 bossent à Mac Do ou sont caissiers en supermarché, parce que là, on les paye plus qu’un stage.
Beau gosse, l'ex ministre de l'Intérieur à Cuba!
Curieux que dans un pays démocratique comme la France, la dictature de l’économie néolibérale arrive au même résultat- un navrant gaspillage de compétences et aussi d’argent puisque l’Etat a beaucoup investi pour la formation de ces jeunes- que Cuba, île pauvre des Caraïbes sous dictature communiste.
Cependant la France est à l’inverse de Cuba : de l’intérieur on ne cesse de la critiquer, notamment les gens de droite qui la voient finie, dépassée, en déclin, etc- tandis que de l’extérieur, que ce soit au Québec, en Angleterre, à Cuba ou aux Etats-Unis, notre système suscite envie et admiration. Un cadre américain travaillant en France a été soigné d’un cancer dans un hôpital français, avec prise en charge par l’assurance maladie et la mutuelle de son entreprise. De retour aux USA, il a montré son dossier médical aux médecins US, scotchés par la qualité des soins, qui lui ont demandé combien cela lui avait coûté : « Je n’ai rien déboursé ». Ils lui ont répondu : « Ici, cela vous aurait coûté 200 000 dollars, et sans paiement, pas de traitement. »
C’est sans doute pourquoi, pour la deuxième année consécutive, la France a été classée 1ère par L’International Living, organisme qui observe la qualité de la vie dans le monde, le dernier de la classe étant l’Irak.
Le classement par l’International Living des pays les plus attractifs s'adresse en priorité aux étrangers qui souhaitent s'expatrier pour s'installer dans de nouveaux pays. Il cherche donc à repérer meilleurs endroits pour "commencer une nouvelle vie, démarrer une affaire, investir, etc. Ce classement se base sur 9 critères principaux : le coût de la vie, l'offre culturelle et de loisirs, l'économie, l'environnement, les libertés, la santé, les infrastructures, la sécurité, le niveau de risque du pays et le climat. La corruption, en revanche, n'entre pas en ligne de compte, malgré le fait qu'elle peut, selon "International living", influer sur le confort de l'étranger dans un pays.