Petit déjeuner sur fond de musique grecque, perchée sur un tabouret de bar dans un hôtel qui ne s’appelle ni Eros, ni Aphrodite, mais Scandinavia… à Bruxelles. A l’arrivée du Thalys, ils étaient là tous les trois : Syolann, Longues Jambes et Vincent. Le club des « Simpériens », comme dit Vincent, car tous trois sont des amoureux pluriels, qui ont pris contact avec moi après avoir lu certains de mes livres et notamment « Aimer plusieurs hommes ». Ca me fait rire et me touche, cette espèce de secte du bonheur dont nous nous sommes sentis membres au fur et à mesure de nos échanges virtuels ou plumitifs. J’ai rencontré Vincent, sa femme Christine et leur petite Zoé il y a environ 18 mois, commandé un livre
à Syolann qui m’a déjà servi de guide à Bruxelles et a rencontré Martine, la réalisatrice de « la grande amoureuse » ( détail qui tue : ce documentaire n’a pas été retenu par le Festival de films de femmes de Créteil où il aurait pourtant bien illustré les 30 ans du festival et les 40 ans de mai 68, mais a été sélectionné par un festival de films de femmes… en Turquie. Bah, comme m’a fait remarquer une copine « du temps d’Atatürk, les femmes turques votaient alors que Marie Curie ne le pouvait pas en France !) Longues jambes m’a découverte par blog interposés, et nous avons rapidement constaté notre gémellité énergétique.
On a ri, on a beaucoup parlé, on s’est promené dans la nature et dans de belles expositions, on a dîné, déjeuné… comme si l’on se connaissait depuis des lustres, comme si l’on se reconnaissait. Cependant, je n’ai pas envie de parler en détail de ce week-end, pas plus que je n’aime parler en détail de mes amours. Même des gens proches ignorent l’intensité des liens que j’ai avec tel ou tel, y compris avec l’homme qui partage ma vie. Biens trop précieux pour être divulgués.
J’ai pourtant envie de parler de notre connivence immédiate alors que nous ne nous connaissions pour ainsi dire pas. De notre manière commune d’aimer : totalement. Les oreilles de nos amours, de nos enfants et de certains amis ont dû vibrer tant nous avons parlé d’eux, d’elles avec jubilation. Parlé aussi de notre envie commune d’un monde plus solidaire, moins pollué, plus artistique. L’érotisme, l’écologie et l’art procèdent de la même logique : Etre plutôt qu’Avoir. Même Vincent, qui avoue en riant sa passion pour les belles voitures, a choisi d’habiter dans une maison qui permet à sa femme et à son fils d’aller à l’école à pied, et lui-même marche chaque fois qu’il le peut dans sa ville.
Nous avons parlé aussi de la confiance, celle qu’on a dans les autres, celle qu’on a en soi, la seconde devant nécessairement précéder la première. Il faut avoir confiance en soi pour admettre de n’être pas l’Unique de quelqu’un et penser néanmoins qu’on vit avec tous ceux et celles qu’on aime une rencontre unique. Il faut avoir confiance, avoir vaincu bien des démons pour ne plus craindre l’abandon. S… l’amour central actuel de Longues Jambes nous a rejoints le lendemain. Tous deux sont très amoureux. Je lui ai dit : « Tu sais combien elle t’aime ? » Il a souri : « Oui, je sais. » Il sait, et sait aussi qu’il n’est pas ou ne sera pas le seul. Confiance.
Longues jambes nous a quitté un peu plus tôt pour une réunion de parents d’élèves, Syolann pour retrouver sa fille qui avait passé le week-end avec son papa. Vincent m’a emmené chez lui, en famille où nous avons bu du café et mangé de la tarte en visionnant « La grande amoureuse ». Vie sans exclusive, qui nous permet d’être parents, amoureux, mariés, célibataires, adultes, gamins, sérieux et galopins dans la même existence.
Oui, s’il y a un mot qui résume pour moi ce week-end, c’est celui de jubilation.